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Discrimination raciale : les faits derrière les craintes des Nations unies

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies a critiqué, fin août, l’absence de statistiques à Maurice sur la représentation des différents groupes ethniques dans différentes sphères, exprimant son inquiétude quant à la possible discrimination d’un groupe ethnique particulier. Un exercice de compilation de données publiquement disponibles peut aider à éclairer la situation…

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Les dernières remarques du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale des Nations unies sur Maurice, publiées à la fin du mois d’août dernier, se sont attaquées à un des tabous du pays : le recensement ethnique. Selon ce comité, l’absence de statistiques sur la représentation de différents groupes ethniques dans les sphères d’influence et de pouvoir rend difficile l’évaluation de la situation des différents groupes en termes d’égalité. Il faudrait avoir accès à de telles données « in order to provide it with an empirical basis to evaluate the equal enjoyment of rights under the Convention ».

Le comité recommande au gouvernement de lui fournir des statistiques sur la représentation ethnique et des genres au sein du judiciaire, des forces de l’ordre, de la fonction publique, de l’emploi en général et du Parlement. Le ministre de la Justice, Maneesh Gobin, a déjà dit son opposition à cette requête. La question se pose toutefois : les Nations unies ont-elles raison de supposer qu’un groupe ethnique en particulier est mal loti ?

Si les données détaillées n’existent pas dans la plupart des cas, il est possible de faire un travail de compilation, notamment dans trois secteurs : la fonction publique, le judiciaire et les forces de l’ordre. La liste des employés de tous les ministères, des Senior Chief Executives et Permanent Secretaries au Office Management Executive, est disponible sur le site du ministère de la Fonction publique. Il ne s’agit, certes, pas de la totalité des 56 181 fonctionnaires, mais les 3 169 listés représentent un échantillon assez important pour que le résultat final reflète l’ensemble.

Pour la force policière, ce sont 580 noms qui sont disponibles, commençant par le commissaire de police, allant jusqu’aux inspecteurs, en passant par le département des finances et de procurement. Dans le judiciaire, on compte 636 noms sur le site de la Cour suprême, incluant juges, magistrats et employés de diverses instances, de la Cour suprême elle-même jusqu’aux cours de district. Il faut rajouter à cela les 198 employés de diverses instances, comme le bureau de la présidence de la République, l’Assemblée nationale et la PSC. Au total, nous avons traité 4 583 patronymes pour arriver aux résultats que vous découvrez. L’objectif est de donner une image objective de la représentation des différents groupes ethniques dans ces institutions, ni plus, ni moins. L’exercice est d’autant plus pertinent quand on connaît la fascination qu’exerce la fonction publique sur la population : la Public Service Commission (PSC) reçoit immanquablement des milliers de demandes d’emploi pour le plus petit poste vacant dans la fonction publique.

Pour cet exercice statistique, nous avons toutefois choisi de nous défaire de la classification telle que définie dans la Constitution avec son General Population générique et avons également éliminé l’option de la religion, difficile à déterminer par le simple patronyme. Il ne restait guère plus que l’option du continent d’origine et nous avons ainsi opté pour les appellations suivantes : d’origine africaine, européenne, d’Asie du Sud et d’Asie de l’Est. L’idée est de s’en tenir aux terres d’origine de la grosse majorité des Mauriciens. La dénomination Asie de l’Est vise les sino-mauriciens, alors que Asie du Sud englobe la majorité indo-mauricienne, indistinctement de la religion.

La méthode n’est certes pas infaillible (elle n’en a pas la prétention), avec notamment des patronymes qui peuvent parfois induire en erreur quant à leur origine, mais l’importance de l’échantillon, une fois encore, sert de police d’assurance.

Nous précisons également que ces données ne comprennent pas les employés des corps para-étatiques, qui sont parfois de gros employeurs, comme le Central Electricity Board ou la Central Water Authority.

FONCTION PUBLIQUE

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LE JUDICIAIRE

 

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