Débat

Démographie : le taux d’infertilité inquiète

Un couple sur six dans le monde est en quête d’informations sur l’infertilité. Maurice n’est pas en reste avec un taux de fertilité de 1,3 alors que pour le remplacement adéquat de la population le pourcentage aurait dû être de 2,1. Cette situation est inquiétante selon le Dr Himla Bhoma, gynécologue-obstétricienne à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo.

Publicité

Invitée de l’émission Explik ou K santé de Radio Plus, elle a étayé les différentes causes de d’infertilité. Parmi, une vie sexuelle précoce et débridée mais aussi des problèmes d’ordre médical. Ce phénomène ne concerne pas uniquement la femme mais l’homme. Selon le Dr Himla Bhoma, un couple sur six est touché par le problème d’infertilité à Maurice et dans le monde. Elle soutient qu’il serait bon de revoir à la fois notre mode de vie ainsi que notre hygiène de vie.

Notre interlocutrice est d’avis qu’il ne suffit pas d’avoir une alimentation saine et équilibrée et pratiquer une activité physique régulière. Il faut aussi avoir une vie sexuelle saine. « À chaque nouveau partenaire, il y a un anticorps qui se forme dans le vagin. Quand la femme trouve son partenaire idéal, ses anticorps vont tuer les spermatozoïdes qu’elle va recevoir de sorte qu’ils ne vont pas arriver jusqu’à l’utérus. Ce qui diminuera ses chances de pouvoir procréer », explique-t-elle.

Mais les causes de l’infertilité peuvent être d’ordre médical (voir hors texte) touchant autant la femme que l’homme souligne le Dr Bhoma.

Causes non médicales

L’infertilité des femmes s’explique de nos jours par le fait qu’elles sont axées sur leur carrière professionnelle et préfèrent avoir leur maison et tout leur confort, et un bon salaire avant de songer d’avoir des enfants.  Elles souhaitent ainsi pouvoir tout donner à ces derniers. Mais en attendant, leur fertilité baisse graduellement.  Tout cela résulte au fait qu’elles ne puissent pas concevoir au moment où elles le voudront.

Dans 30 % des cas, le problème vient de la femme, dans 30 % le problème est du côté de l’homme et dans 30 % il y a une combinaison de problèmes des deux côtés des conjoints. Et dans les 10% de cas restants, les causes ne peuvent être déterminées, explique-t-elle.

Une femme deviendra naturellement moins fertile a aussi fait ressortir le Dr Ziyad Jumka embryologue à l’hôpital Wellkin. « À partir de 35 ans, la réserve d’ovules commence à diminuer jusqu’à 40 ans période où la femme entre dans la ménopause.  Mais dans certains cas, cela peut diminuer dès l’âge de 30 ans », explique-t-il. 

Selon le gynécologue et l’embryologue, l’infertilité ne devrait pas être un sujet tabou. C’est un problème médical comme un autre. Il ne faudrait pas, par conséquent, avoir honte pour en parler mais chercher de l’aide et un soutien dès que le problème est constaté. Selon le Dr Bhoma, dans certains cas les femmes, pour préserver leur conjoint, disent qu’elles ne souhaitent pas avoir d’enfant au lieu de dire qu’elles ont des problèmes pour procréer. « La femme va tout prendre sur ses épaules pour essayer de justifier le fait qu’ils n’ont pas d’enfants. Elles ne vont pas dire que leur conjoint a un problème », soutient la gynécologue.

S’il est « facile » de déterminer si un homme est infertile ou pas à travers une analyse de ses spermatozoïdes, c’est plus complexe chez la femme. Il y a toute une investigation à effectuer, notamment déterminer si le cycle menstruel est régulier ou pas,  si elle arrive à avoir des relations sexuelles correctement avec son conjoint et si tout se passe bien au moment de l’éjaculation. Le Dr Bhoma note que dans certains cas, les femmes prendront une douche vaginale après leurs rapports sexuels.  Ce qui diminue grandement leurs chances de pouvoir procréer. « À travers les questions que nous posons, nous essayons de cerner s’il n’y a pas d’autres problèmes plus graves qu’il nous faut déceler », dit-elle. 


Causes de l’infertilité

Chez les femmes, les causes de l’infertilité sont multiples. Parmi, il y a le problème de variation de l’ovulation, d’implantation où des fois le sperme, ne peut aller jusqu’à l’utérus et éventuellement passer par la trompe de Fallope pour pouvoir rencontrer l’ovule afin qu’il y ait fertilisation.

Ces divers problèmes ont des causes différentes : stress, obésité, mauvaise hygiène de vie et mauvaise alimentation. Une sexualité précoce qui souvent engendre une grossesse non-désirée peut être cause d’infertilité également. Le corps d’une jeune fille n’est encore prêt pour résister à d’éventuelles infections. C’est une des raisons qui engendre un problème du virus du papillome humain qui peut se propager dans le col de l’utérus et éventuellement devenir un cancer. 

Dans d’autres cas, il peut s’agir d’un avortement qui a engendré des infections pouvant endommager le col ou l’utérus ou encore le tube de Fallope.

Chez les hommes, la qualité du sperme peut être altérée que ce soit à cause de l’alcool, du tabagisme ou encore du fait de rester assis trop longtemps. Cela provoque un échauffement des testicules et altère la qualité des spermes.

Dans certains cas, avec le stress il y a l’éjaculation précoce pendant la relation ou des problèmes de dysfonctionnement érectile. Ce sont là des problèmes anatomiques mais parfois ces problèmes peuvent être psychologiques. Ainsi, avant même d’avoir pénétration, il peut y avoir éjaculation ou la perte de l’érection. Avec ces problèmes, la fécondation devient difficile.

Constat

Le taux de fertilité à Maurice est de 1,3 alors qu’il aurait dû être de 2,1. C’est ce qui explique le faible taux de naissance. Selon le Dr Jumka, il n’y a aucune étude qui a été effectuée pour déterminer les raisons de la baisse du taux de fertilité et celui des naissances. Selon lui, la baisse des naissances peut aussi être attribuée à un choix personnel. Il n’y a donc pas de pourcentage réel du nombre de la population touché par le problème et si c’est d’ordre médical ou un choix de certains couples à ne pas avoir des enfants, dit-il.

Traitements possibles

Dans le service public, les traitements pour lutter contre l’infertilité sont assez limités mais les couples ont l’encadrement nécessaire afin qu’ils puissent procréer. Pour l’heure, l’insémination intra-utérine et la fécondation in vitro sont disponibles que dans le service privé. Dans le premier cas, le taux de réussite est de 15 à 20% et dans le deuxième cas de 40 à 50 % respectivement chez les bons candidats, selon le Dr Jumka.

En ce qu’il s’agit de l’insémination intra-utérine, un prélèvement du sperme de l’homme est préparé pour le placer dans l’utérus de la femme après qu’on ait préparé ses ovules.

Pour la fécondation in vitro (FIV), le prélèvement des ovules est effectué en laboratoire pour être transféré dans les spermatozoïdes.

Embryologie

Un embryologue exerce dans le laboratoire d’un centre de fertilité. Parmi ses différentes tâches, ce sont les analyses des spermatozoïdes pour déceler d’éventuels problèmes comme le manque de concentration ou de malformation, entre autres.  Il prépare aussi le sperme qui sera utilisé pour une insémination artificielle ainsi que dans le domaine de la fécondation in vitro. L’embryologue s’occupe également du suivi du développement de l’embryon qui est effectué. Il fait aussi la congélation des spermatozoïdes des embryons et mêmes des ovules.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !