Pour créer une entreprise, il faut du financement. Or, selon un sondage effectué par Empretec Mauritius, 50 % des petits et moyens entrepreneurs ont puisé de leurs propres économies pour réaliser leur rêve. Alors que 19 % se sont fait aider par des proches. Ils ne seraient que 18 % à avoir eu recours à un emprunt bancaire.
Publicité
Les économies personnelles : Source de financement pour 50 % des PME
Nous sommes dans les années 60. Aboobakar Khan Taher est «banyan» de profession. Ainsi, tous les matins, à 4 heures, il enfourche sa bicyclette. Et de Rose-Hill, il roule jusqu’à Rivière-Noire. Sur place, il achète des poissons auprès des pêcheurs. Des poissons qu’il revend par la suite à Rose-Hill. « Les profits que mon grand-père Aboobakar faisaient sur la vente de poissons étaient réinvestis le lendemain pour l’achat de plus de poissons. Et ainsi de suite », explique Bahim Khan Taher, Executive Director de Hassen Taher Seafoods. Dans les années 70, c’est Hassen Khan Taher, le fils d’Aboobakar, qui prend le flambeau. Ce dernier sera rejoint par la suite par ses deux fils, Bahim et Feroz.
Les économies amassées au fil des années permettent aux Taher de créer leur entreprise. Aujourd’hui, avec un effectif de 500 employés, Hassen Taher Seafoods s’est fait une réputation dans le paysage des affaires. « Nous ne sommes pas nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. C’est au prix d’un dur labeur et de nombreux sacrifices que mon grand-père et mon père ont pu bâtir l’entreprise spécialisée de nos jours dans la pêche, la transformation et l’exportation des produits de mer, », souligne Bahim Khan Taher. Si les Taher ont pu former leur compagnie grâce à leurs propres fonds – c’est le cas de 50 % des PME interrogées dans le cadre d’un sondage d’Empretec Mauritius – ils ont pu, toutefois, compter par la suite sur des prêts bancaires pour agrandir et développer leur entreprise.
L’aide de proches : Source de financement pour 19% des PME
Ils seraient au nombre de 19 % des entrepreneurs à avoir été soutenus financièrement par leurs familles ou leurs amis dans la création de leur compagnie. C’est le cas notamment de Satyatrakash Sewnath. Ce jeune homme de 24 ans a créé Creative Goodwork en 2015. L’entreprise est spécialisée dans la fabrication des meubles en mélanine. Qu’est-ce qui a poussé Satyatrakash Sewnath à se tourner vers l’entrepreneuriat ? « Les salaires que les entreprises offrent aux jeunes ne sont pas suffisants pour joindre les deux bouts.
Au lieu d’aider ses parents une fois qu’on intègre le marché de l’emploi, on se retrouve toujours soutenu financièrement par ces derniers parce que le salaire qu’on perçoit est loin d’être satisfaisant », dira Satyatrakash Sewnath. D’où l’idée d’être son propre patron. Un projet qu’ont soutenu ses parents. « Ils m’ont aidé moralement et financièrement ces deux dernières années », fait part Satyatrakash Sewnath. En effet, sur un investissement initial de l’ordre de Rs 500 000, Satyatrakash Sewnath a contribué Rs 250 000, alors que ses parents l’ont pourvu de la différence. « En 2016, j’avais besoin de Rs 200 000 pour investir dans l’infrastructure et dans la création du site Web de la compagnie. Mes parents m’ont accordé une facilité de crédit sur une partie de cette somme », explique-t-il.
Aujourd’hui, les efforts consentis commencent à porter leurs fruits. « Mon entreprise a trouvé son rythme de croisière. Je suis éternellement reconnaissant à mes parents car sans leur aide, j’allais être contraint de fermer mon entreprise au bout de seulement trois semaines après son ouverture », fait-il ressortir.
Pour Maya Sewnath, la mère de Satyatrakash, c’est « une fierté de voir » son enfant poursuivre sur la même voie qu’elle a choisie. « J’ai toujours voulu que mes enfants deviennent des entrepreneurs comme moi car les avantages sont nombreux », conclut-elle.
Prêts bancaires : Source de financement pour 18% des PME
Rudy Tannoo a toujours voulu devenir entrepreneur. Un rêve qu’il va concrétiser dans les années 90. Et cela grâce à un plan destiné aux micro-entreprises mis en place à l’époque par la MCB. « J’ai donc contracté un emprunt de Rs 100 000 à un taux préférentiel de 3 %. Sans cet emprunt, je n’aurais pu créer mon entreprise (Ndlr : la compagnie de Rudy Tannoo est spécialisée dans la confection et la vente d’objets décoratifs et des souvenirs typiquement mauriciens pour des touristes) », explique Rudy Tannoo.
Ce dernier a, d’ailleurs, tout remboursé en un an. « C’est dommage que ce type de prêt n’existe plus car il aurait permis à plusieurs entrepreneurs de se lancer », soutient-il. Rudy Tannoo a, par la suite, contracté un emprunt de la Banque de Développement pour agrandir son business. Il a aussi pris des emprunts de sa banque pour avoir des découverts et des facilités de leasing et acquérir des machines. « Il aurait fallu diminuer les taux pour les ‘overdrafts’ en fonction de la taille de l’entreprise », recommande Rudy Tannoo, dont la plus grande fierté aujourd’hui est d’avoir pu aider certains de ses employés à devenir entrepreneurs à leur tour.
En Chiffres
35 % des entrepreneurs sondés disent avoir eu des difficultés à obtenir des fonds pour monter leur entreprise. Les 65 % restants n’ont pas eu cette contrainte.
40 % des PME auraient eu des difficultés à lever des fonds additionnels pour faire étendre leur business. 34 % disent n’avoir pas cherché du financement additionnel, alors que 26 % n’ont pas eu de difficulté à obtenir des fonds supplémentaires.
Principales raisons pourquoi les PME ont besoin de fonds additionnels
Ces autres sources de financement
|
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !