Avni Dussooa, Co-Head de Local Conference of Youth Mauritius : «Les jeunes doivent peser dans les décisions climatiques»

À 18 ans, Avni Dussooa, Co-Head de Local Conference of Youth Mauritius (LCOY), ancienne secrétaire nationale et conseillère du président du NAFCO, partage son engagement pour la cause climatique. Elle revient sur les actions menées par le forum et la conférence LCOY Mauritius 2025, visant à donner aux jeunes Mauriciens une voix forte dans la lutte contre le changement climatique.

NAFCO ! Que signifie cet acronyme ?
L’acronyme signifie simplement « National Forum For Colleges ». Il s’agit d’un forum regroupant des étudiants du secondaire à travers l’île, ayant soutenu des milliers d’entre eux. Bien plus qu’un simple club ou qu’une organisation, NAFCO unit les jeunes et défend leurs droits. Comme un syndicat, il fait entendre depuis 2019 la voix des étudiants, souvent oubliés.

Qui peut faire partie du NAFCO, et qui sont ses membres ?
Pendant ces cinq années de présence de NAFCO dans plusieurs collèges, qu’ils soient privés ou publics, les délégations étaient constituées de sept membres de Grade 12. Récemment, nous avons décidé d’inclure des élèves de Grade 10 afin de leur présenter dès leur jeune âge la mission du NAFCO. Cela leur permet d’avoir une idée précise de ce qu’on attend d’eux une fois en Grade 12. Chaque délégation comprend un président, un vice-président, un secrétaire, un trésorier, un Public Relations Officer (PRO) et deux autres membres. Le forum comporte également sept membres exécutifs, désignés par les autres membres au début de chaque mandat, chargés de représenter le NAFCO lors des échanges avec les ministres, ambassades et associations, etc.

Quel est l’objectif principal de NAFCO, notamment en organisant des événements comme la Local Conference of Youth Mauritius (LCOY) 2025 ?
Notre objectif principal est d’unir les jeunes et de leur permettre de se faire entendre. Depuis plusieurs années, le NAFCO milite pour un système éducatif plus juste et pour l’inclusion des jeunes dans les prises de décision, y compris sur les questions climatiques. C’est pourquoi nous avons organisé la LCOY Mauritius 2025 : offrir aux 16‑25 ans un espace pour discuter des enjeux environnementaux à Maurice, partager leurs idées et proposer des solutions concrètes. L’objectif est de donner à leur voix une portée locale et internationale.

L’objectif est de donner à leur voix une portée locale et internationale»

Comment le NAFCO encourage-t-il les jeunes à s’impliquer dans la lutte contre le changement climatique en général ?
Chaque année, nous organisons un conseil sur le thème du climat et mettons en place des ateliers ou événements en collaboration avec le ministère, des ambassades et des ONG, destinés non seulement aux membres du NAFCO, mais aussi à de nombreux collégiens, pour les sensibiliser aux enjeux environnementaux à Maurice.

De quoi parlait l’événement LCOY Mauritius 2025, et pourquoi a-t-il eu lieu les 9 et 10 août ?
Les Local Conferences of Youth (LCOY) offrent un espace pour stimuler l’engagement climatique des jeunes au niveau national et contribuer aux conférences internationales. Elles constituent la version nationale de la Conférence internationale de la jeunesse (COY), qui précède la Conférence des Parties (COP), l’événement annuel des Nations Unies sur le climat. Cette année, le NAFCO a été approuvé par YOUNGO, l’organe officiel de la jeunesse auprès de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (UNFCCC), pour organiser la LCOY à Maurice. Ainsi, la voix des jeunes Mauriciens sera portée à la 30e COP (COP30), prévue au Brésil en novembre 2025. Le choix du week-end des 9 et 10 août s’est fait pour coïncider avec la Journée internationale de la jeunesse, le 12 août.

Quels types d’activités ont été organisées durant LCOY Mauritius 2025 ?
Dans le cadre de la préparation de la LCOY 2025 à Maurice, le NAFCO a organisé une pré-LCOY au GMD Atchia State College le vendredi 18 juillet, où les étudiants ont été sensibilisés aux impacts locaux du changement climatique et, surtout, à la préservation de la biodiversité. Cet événement a été coordonné par Eco-Sud, une ONG reconnue comme institution caritative, dont la mission est de considérer la nature comme un acteur clé des activités humaines.

Le deuxième événement, intitulé « Un aperçu des négociations internationales sur le changement climatique : opportunités de leadership pour la jeunesse des SIDS », a eu lieu à la municipalité de Vacoas-Phœnix le samedi 26 juillet, avec la participation de Krishnee Appadoo, lecturer en droit à l’Université de Maurice, et du Conseil national de l’environnement des jeunes. Les participants comprenaient non seulement des élèves du secondaire, mais aussi des étudiants de l’UoM.

Parallèlement, NAFCO s’est associé à Sov Lanatir, une ONG de jeunes, pour sensibiliser à la protection des mangroves sur la plage de Trou-d’Eau-Douce, lors de l’événement « Lekol dan Lanatir ». Enfin, un atelier nommé « Trash to Fashion » a été organisé à la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, célébrant créativité, durabilité et innovation, tout en offrant aux jeunes une plateforme pour imaginer un avenir meilleur.

Comment le NAFCO s’assure-t-il que l’événement inclut des jeunes de divers horizons ?
Grâce à des partenariats avec d’autres ONG de jeunes comme Sov Lanatir et le National Youth Environmental Council, nous identifions des jeunes issus de milieux variés. Nous avons aussi partagé un Google Form que des jeunes du secondaire et du tertiaire ont pu remplir, avec des questions sur de nombreux sujets liés à l’environnement.

Quelles sont les sessions de renforcement des capacités, et quel rôle ont-elles joué avant la LCOY ?
Ces sessions ont permis de former les jeunes sur les bases de la politique climatique et des négociations internationales. Elles ont également aidé à acquérir des compétences en plaidoyer, prise de parole en public et rédaction de recommandations. Elles ont sensibilisé aux enjeux spécifiques de Maurice tels que l’érosion côtière, la dépendance énergétique et la perte de biodiversité. Ainsi, elles ont outillé les participants afin qu’ils puissent contribuer de manière informée et constructive à la Déclaration nationale de la Jeunesse.

Bien plus qu’un simple club ou qu’une organisation, NAFCO unit les jeunes et défend leurs droits»

Qu’est-ce que la Déclaration nationale de la Jeunesse, et pourquoi est-elle importante ?
La Déclaration nationale de la jeunesse pour la LCOY est un document officiel rédigé par les jeunes d’un pays pour exprimer leurs priorités, revendications et solutions collectives en matière de climat, avant les négociations internationales sur le climat comme la COY et la COP. C’est écrit par les jeunes, pour les jeunes, et reflète leurs préoccupations, aspirations et propositions face à la crise climatique dans leur pays. Elle est élaborée à partir de consultations, d’ateliers et d’enquêtes menés pendant la LCOY. C’est important car elle garantit que leurs voix ne soient pas symboliques, mais inscrites noir sur blanc dans un document officiel. Elle sert à faire pression sur le gouvernement pour renforcer l’action climatique, contribue à la Déclaration mondiale de la jeunesse présentée à la COY et à la COP, influençant ainsi les négociations internationales. C’est aussi un outil de redevabilité qui permet de suivre et d’évaluer les engagements pris par les décideurs, et un processus de renforcement des capacités qui forme et mobilise les jeunes autour de l’action et de la politique climatiques.

Comment la Déclaration nationale de la Jeunesse a-t-elle été élaborée ? Quels ont été les principaux processus de consultation avec les jeunes à travers Maurice ?
La Déclaration a été construite à travers un processus participatif et inclusif, en plusieurs étapes. Des enquêtes en ligne via un Google Form ont permis de toucher les jeunes qui ne pouvaient pas participer physiquement. Trois groupes de discussion ciblés ont rassemblé des jeunes leaders et des étudiants. Une équipe de jeunes volontaires et d’experts en politique climatique de l’UNDP a ensuite regroupé et analysé les contributions pour créer un texte clair et représentatif.

Quelles sont les principales recommandations ou engagements de la Déclaration, et comment le NAFCO compte-t-il suivre leur mise en œuvre auprès des décideurs ?
Parmi les recommandations figurent le renforcement de l’éducation climatique dans les écoles et universités avec des modules obligatoires, l’accélération de la transition énergétique vers les énergies renouvelables, notamment solaire et éolienne, la mise en place de mesures d’adaptation pour protéger les communautés côtières, la création de programmes de soutien aux jeunes entrepreneurs verts, l’accroissement de la participation des jeunes dans les comités décisionnels sur le climat, ainsi que l’obtention du soutien du gouvernement pour davantage de conférences ou d’événements sur la protection de l’environnement.

Comment NAFCO collabore-t-il avec d’autres organisations nationales ou internationales ?
Pour l’organisation de la LCOY, NAFCO a travaillé en partenariat avec des organisations nationales comme le National Youth Council. Pour les organisations internationales, nous avons reçu le soutien de l’Australian High Commission et de l’United Nations Resident Coordinator’s Office. Par le passé, le NAFCO a également collaboré avec plusieurs acteurs majeurs tels qu’UNICEF Madagascar, l’ambassade des États-Unis, ainsi que d’autres ambassades.

Quel impact le NAFCO espère-t-il que LCOY aura sur la jeunesse mauricienne, à court et à long termes ?
À court terme, le NAFCO espère voir une jeunesse mieux informée, connectée et engagée dans le débat climatique. À long terme, l’objectif est une intégration durable de la voix des jeunes dans les politiques publiques et la création d’une génération de leaders climatiques capables de transformer les secteurs clés de Maurice.

Propos recueillis par Sara Lutchman