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Covid-19, fermeture des frontières, clientèle limitée - Tourisme : sous la chape de l’incertitude

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À terre en 2020, le tourisme remontera-t-il la pente en 2021 ? Le manque de visibilité sur la réouverture des frontières ainsi que la situation qui s’aggrave en Europe, avec une nouvelle souche plus contagieuse découverte au Royaume-Uni, viennent assombrir les perspectives. L’inquiétude gagne les grands comme les petits opérateurs, mais l’espoir de voir enfin la lumière au bout du tunnel demeure. +

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C’est le nombre total de touristes que le pays accueillera en 2020, selon les prévisions de Statistics Mauritius. Ce qui représente une baisse de l’ordre de 67,4 % en termes d’arrivées touristiques comparativement à 2019. 

Beachcomber Resorts & Hotels : craintes de faillite et d’une hausse de l’endettement dans l’industrie

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Karine Perrier Curé, Chief Communication & CSR Officer chez Beachcomber Resorts & Hotels.

Comment devrait évoluer l’industrie touristique en 2021 ? Pour Karine Perrier Curé, Chief Communication & CSR Officer chez Beachcomber Resorts & Hotels, il est extrêmement compliqué de répondre à cette question tant l’incertitude est encore grande.

« L’année 2020 a effectivement été désastreuse pour l’industrie touristique. Depuis neuf mois, nous n’avons aucun touriste et le secteur ne génère aucune recette en devises. Le pire, c’est que nous naviguons toujours à vue et l’avenir est incertain. Il ne faut pas se faire d’illusions, 2021 sera une année très difficile pour notre secteur », fait-elle ressortir. Certes, poursuit-elle, l’annonce d’un vaccin représente une lueur d’espoir pour l’industrie. « Toutefois, nous ne sommes malheureusement pas sortis du tunnel. Il est évident qu’une reprise de l’industrie touristique mauricienne dépendra de plusieurs autres facteurs notamment la réouverture des frontières, les conditions de quarantaine, l’accès aérien et le comportement des voyageurs », explique Karine Perrier Curé. 

À ce jour, soutient-elle, la principale crainte est que de nombreux opérateurs, surtout les petites et moyennes entreprises, ne se retrouvent en situation de faillite en raison d’une baisse brutale des fonds propres et d’une hausse significative de l’endettement. « Nous espérons de tout cœur avoir touché le fond en 2020 et que le premier trimestre de l’année 2021 nous amènera quelques bonnes nouvelles », espère-t-elle, toutefois.

Pour Karine Perrier Curé, la réouverture des frontières est une condition sine qua non pour la survie de l’industrie et le secteur est en attente de l’annonce par les autorités d’une date d’ouverture. « Les clients étrangers représentent 95 % de notre clientèle. Aucun secteur économique ne peut survivre sans une part aussi considérable de son marché. Tenant compte de la réussite de la phase deux de la réouverture du ciel mauricien et de la disponibilité à venir de vaccins, nous espérons que la phase trois interviendra dans un avenir proche », souhaite-t-elle. 

D’autres mesures doivent aussi être introduites pour donner un nouveau souffle au secteur. Il faut, recommande-t-elle, à tout prix positionner Maurice comme une île verte, une référence mondiale en matière de gestion de l’environnement.  « Il y va de la qualité de vie pour tous, surtout pour nous, les habitants de cette petite île. Ce positionnement fort aura aussi une résonnance positive auprès de la communauté internationale et de nos clients. Nous avons beaucoup à faire dans ce domaine : création de Marine Protected Areas, montée en puissance au niveau des énergies renouvelables, élimination du plastique à usage unique, reboisement de nombreuses zones, recyclage des déchets, meilleure planification urbaine etc. », ajoute-t-elle. Toutes les forces du pays, poursuit-elle, devraient se positionner derrière un projet commun, qui serait porté conjointement par le secteur public, le secteur privé et les forces vives. « L’écologie sera plus que jamais au cœur des considérations de nos clients à venir », conclut Karine Perrier Curé.

La clientèle locale, une alternative certes, mais peu rentable 

La clientèle locale a permis à l’industrie touristique de souffler quelque peu. Les groupes hôteliers comptent-ils jouer davantage cette carte l’an prochain ? « Cela fait plusieurs années déjà que les hôtels mauriciens essaient d’attirer la clientèle locale. Le contexte actuel a simplement boosté l’offre et la demande, mais les niveaux ne sont pas les mêmes et le pouvoir d’achat des Mauriciens s’essouffle face à cette offre pléthorique », avance Ludovic Lagesse. Et d’ajouter : « Rodrigues reste pour le moment la seule alternative pour le voyage et les remplissages vont tenir, mais à Maurice, 2021 va être une année plus compliquée. » 

Du côté de Beachcomber Resorts & Hotels, on soutient que la clientèle mauricienne est un marché important pour le groupe et ce, depuis longtemps. « Nous remercions d’ailleurs nos clients mauriciens qui nous sont fidèles. Nous avons toujours eu à cœur de proposer aux clients locaux des offres dans nos hôtels. Il est évident que nous continuerons à consolider ce segment. Cela dit, les Mauriciens représentent 5 % de la clientèle de nos hôtels et de ce fait ne peuvent compenser les pertes occasionnées par l’absence de touristes internationaux », fait ressortir Karine Perrier Curé.

Pour Sydney Pierre, personne n’aurait parié que le marché local aurait pu générer un tel flux. « Nous avons donc des leçons à tirer. Nous devons, pour commencer, structurer le marché local qui doit dorénavant faire partie de notre stratégie, d’autant plus qu’il n’est pas qu’un marché d’opportunité. Maurice et Rodrigues ont beaucoup à offrir et la Covid-19 est venue nous le rappeler », soutient-il. Ceci dit, poursuit Sydney Pierre, notre industrie ne pourra pas dépendre indéfiniment sur un seul marché. « Et nous savons tous que janvier sonnera le retour à la réalité », conclut-il. 

The Lux Collective : une longue route avant que l’industrie redémarre

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Sydney Pierre, Senior Vice-President - Commercial de The Lux Collective.

Sydney Pierre, Senior Vice-President - Commercial de The Lux Collective, est catégorique. La reprise dans l’industrie n’est pas pour demain. « La crise que connaît notre industrie est sans précédent et changera le visage du secteur aussi bien au niveau local qu’international. Le mot qui est sur toutes les lèvres est sans nul doute ‘survie’. Même si le vaccin contre le coronavirus semble être la solution, nous avons encore une longue route avant que notre industrie redémarre », fait-il ressortir. 

En réalité, poursuit-il, nous ne savons pas si nous pourrons reprendre nos vies comme avant, et si notre industrie va repartir. « Beaucoup pensent avoir la solution au problème et tous les pays adoptent les protocoles qui leur semblent les plus appropriés pour l’heure. Toutefois, nous avons vu que ces mêmes pays reviennent souvent sur leurs propres décisions », fait-il ressortir.

Pour Sydney Pierre, une chose est sûre : notre industrie doit redémarrer et le plus rapidement possible sinon l’impact économique risque d’être très grave. « Nous disposons de plusieurs exemples de pays qui ont essayé de redémarrer leur industrie touristique. Nous remarquons qu’il n’existe pas de modèle parfait, étant donné que chaque pays a ses spécificités. Je crois que c’est la responsabilité de tous de contribuer pour que nous puissions rapidement repartir », recommande-t-il. 

Et de conclure : « Bien que nous ne puissions pas aller trop vite en raison de la crise sanitaire qui est loin d’être terminée, nous devons néanmoins prendre les décisions nécessaires pour avancer. Ensemble avec les autorités, il nous faut commencer à travailler pour éliminer les obstacles au tourisme, tels que l’isolement en chambre. Nous avons de solides compétences en matière de marketing et nous travaillons d’ailleurs déjà avec les autorités pour que tout soit prêt pour la réouverture. »


Trimetys Hotels : pas d’arrivées touristiques significatives avant le troisième trimestre 

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 Ludovic Lagesse, le CEO de Trimetys Hotels.

« Nous n’avons pas beaucoup de visibilité sur 2021. L’arrivée du vaccin et le début de la campagne de vaccination en Europe est une bonne nouvelle, mais nous ne pensons pas avoir d’arrivées touristiques significatives avant le troisième trimestre de 2021. » Tel est l’avis de Ludovic Lagesse, le Chief Executive Officer (CEO) de Trimetys Hotels. 

Pour le CEO de Trimetys Hotels, il est évident que la réouverture des frontières est capitale pour la survie de l’industrie touristique, mais pas uniquement pour le tourisme. « De nombreux secteurs souffrent en ce moment et sont au bord de la rupture. Il va falloir choisir le moindre mal et cela passe probablement par une réouverture des frontières dans un futur plus ou moins proche. Je laisserai aux experts le soin de définir ce protocole de réouverture », avance-t-il. Et d’ajouter que 2021 reste l’année où les voyages pourront recommencer. « Et ce nouveau souffle ne peut venir que d’une reprise la plus rapide possible grâce à des actions commerciales agressives et coordonnées entre la Mauritius Tourism Promotion Authority et les opérateurs. Sur les marchés, les acteurs de l’industrie ainsi que les attentes des voyageurs ont changé et il va falloir s’adapter rapidement », recommande Ludovic Lagesse.

S’agissant du taux de remplissage dans les hôtels du groupe, le CEO de Trimetys Hotels soutient qu’il est très loin des années précédentes. « À Maurice, le début d’année est très faible. Comme depuis plusieurs mois maintenant, nos établissements à Rodrigues montrent des taux de remplissage plus encourageants, mais qui restent toujours en dessous des chiffres habituels », soutient-il.


Bruno Lebreux, président de l’Association of Inbound Operators of Mauritius : «Estimons-nous heureux que le pays soit Covid-free»

bruno« La situation est difficile et compliquée. Tout le monde, des autorités au secteur privé, essaie de  faire pour le mieux. Nous continuerons à subir les effets de la Covid-19 et de la situation internationale. Il nous faut rester positif malgré tout et essayer de trouver ensemble des solutions », souligne Bruno Lebreux. Pour le président de l’Association of Inbound Operators of Mauritius, la difficulté sera de pouvoir mettre en place un mécanisme de vaccination qui soit autorisé par l’Organisation mondiale de la Santé. 

« Pour l’instant, nous souffrons, mais nous ne pouvons pas occulter le fait que Maurice a réussi là où les grands pays industrialisés sont en train d’échouer. Le pays est « Covid-free ». Si nous pouvons faire les fêtes en toute sérénité, c’est grâce aux mesures adéquates qui ont été prises par les autorités », fait ressortir Bruno Lebreux. Et d’ajouter : « En tant que capitaine de l’industrie, j’aurais aimé que toutes les affaires reprennent, mais pas au prix de la souffrance de la population. »


Caroline Chen, directrice d’Atom Travel : «Nous ne devons pas baisser les bras» 

carolineIncertitude. C’est le mot qui vient à l’esprit de Caroline Chen, directrice d’Atom Travel, quand elle évoque 2021. « La situation au niveau du tourisme dépendra des résultats des vaccins, mais nous gardons confiance. Nous sommes tous en mode wait and see. Mais, nous devons positiver », recommande-t-elle. Les opérateurs, poursuit-elle, ne doivent pas baisser les bras. « Nous devons garder espoir que tout retournera à la normale. Faisons confiance à la science !  » ajoute-t-elle. S’agissant des voyages l’an prochain, Caroline Chen est d’avis que Rodrigues restera le « hot seller » en 2021. « Nous continuerons à proposer des offres intéressantes aux Mauriciens », soutient-elle tout en ayant conscience que les Mauriciens seront plus prudents en 2021 avant de dépenser. 


Ervin Mohoonee, directeur de Travelhub Services Ltd : «Restons optimistes !» 

ervinErvin Mohoonee, directeur de Travelhub Services Ltd et de Taxi Service Mauritius, observe un engouement de la part des Européens à venir à Maurice en 2021. « Il y a beaucoup de gens qui nous contactent et expriment leur souhait de venir à Maurice », indique-t-il. Est-ce qu’ils pourront venir ? La réponse demeure, toutefois, floue. « Il y a un manque de visibilité et les données changent continuellement. Aux dernières nouvelles, la situation s’aggrave en Europe. Espérons que 2021 sera mieux. Restons optimistes ! » recommande Ervin Mohoonee, qui espèrent que tous les opérateurs puissent réunir autour d’une table en vue de trouver ensemble des solutions pour aider l’industrie. 


Jean-Paul Rambert, General Manager - Operations chez Easterlies : «Pas de visibilité pour l’industrie»

Jean-Paul Rambert, General Manager - Operations chez Easterlies (Oceane Catamaran Cruises Mauritius), est catégorique. « Tant que les frontières resteront fermées, nous n’aurons pas de visibilité sur l’industrie », explique-t-il. Entre-temps, fait-il ressortir, le Wage Assistance Scheme couvre un tiers des dépenses. « Nous misons sur la clientèle locale, mais elle n’est disponible que deux jours sur sept, soit les week-ends. Et la concurrence est rude vu le nombre de catamarans que compte l’île », souligne Jean-Paul Rambert qui ne s’attend pas à une amélioration de la situation de sitôt.


Rudy Tannoo, entrepreneur dans le secteur touristique : «Il faudra se réinventer»

rudy2021 sera l’année de la transformation et de la réinvention pour les entrepreneurs et les artisans, estime Rudy Tannoo, entrepreneur dans le secteur touristique. « Nous devons nous adapter face à des perspectives très sombres. Il n’y aura pas de retour à la normale dans le tourisme de sitôt. D’autant plus que la situation s’est dégradée en Europe », craint notre interlocuteur. D’où son appel aux artisans de miser sur la clientèle mauricienne. « Les produits ne doivent plus être orientés comme des objets de souvenir, mais ils doivent devenir plus fonctionnels et utilitaires, car la clientèle mauricienne est bien différente des touristes. D’où l’importance de se réinventer », conclut Rudy Tannoo.

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