« COVID-19 : pourquoi tant de décès ? » Tel était le thème de l’émission « Au cœur de l’info » de Radio Plus le vendredi 5 novembre 2021. Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul ont reçu sur le plateau le Dr Zouberr Joomaye, président du Vaccination Committee et Senior Advisor au bureau du Premier ministre.
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Comment expliquez-vous le nombre de morts cette année, malgré la vaccination contre la COVID-19 ?
La vie a repris son cours. Le pays fonctionne normalement. Seules les boîtes de nuit restent fermées. Ce qui reste aussi, ce sont les mesures sanitaires : port du masque, respect de la distanciation sociale et les rassemblements de moins de 100 personnes.
La situation est-elle devenue incontrôlable ?
À un moment donné, nous nous sommes focalisés sur la vaccination afin d’obtenir une immunité collective, permettant ainsi au pays de fonctionner normalement. Sans cela, il y aurait eu au moins 20 % à 30 % de la population infectée et entre 9 000 et 12 000 morts, d’après des projections. Cependant, les vaccins offrent un degré de protection mais ils n’empêchent pas l’infection. La COVID-19 ne fait de cadeau à personne. Pour assurer sa survie, le virus se déplace d’une personne à une autre.
Avec les chiffres fournis par le ministre Jagutpal le vendredi 5 novembre 2021, les autorités peuvent-elles maintenir le « business as usual » ?
Le dernier exercice de séquençage a révélé que sur 33 échantillons, il y avait 25 cas de Delta. Le variant est plus infectieux, provoquant plus de malades, nécessitant plus d’hospitalisations et engendrant plus de morts. Je demanderai à la population d’arrêter avec cette attitude de « business as usual ».
Ne pensez-vous pas qu’il y a un trop de relâchement au sein de la population ?
Je crois comprendre que vous demandez s’il n’est pas le moment d’instaurer un nouveau confinement. Nous avons connu différentes phases de prise en charge de la situation. Il y a eu le confinement total. Il y a ensuite eu la phase de vaccination, comme de nombreux autres pays. Et finalement, il y a eu la phase de réouverture, car nous ne pouvons laisser le pays fermé indéfiniment.
Est-ce que le masque et les vaccins sont efficaces contre le variant Delta ?
Il faut que les deux personnes portent chacune leur masque, mais le plus important est de maintenir la distanciation sociale. Selon des études validées, l’AstraZeneca, le Pfizer et le Janssen sont efficaces à 60 % contre le variant Delta. Pour les autres vaccins, il n’y a pas d’études, mais cela ne signifie pas qu’ils ne sont pas efficaces.
Quid du Sinopharm ? Il semblerait qu’il y ait pas mal d’interrogations sur ce vaccin. Est-ce un bon vaccin ?
Le Sinopharm et le Covaxin sont deux vaccins préparés de manière traditionnelle qui offrent une efficacité de 80 %. Pfizer et Moderna offrent, pour leur part, entre 94 % et 95 % d’efficacité. Pourquoi n’avons-nous pas administré ces deux vaccins dès le départ ? Tout simplement parce que nous n’en disposions pas lorsque nous avons débuté notre campagne. Il ne faut pas oublier que nous l’avons commencée grâce à une donation.
Nous avons eu cinq morts ne serait-ce qu’aujourd’hui…
Il y en a eu six. Nous étudions chaque dossier et dans la majorité des cas, il s’agit de personnes non vaccinées et pratiquement tout le monde avait une comorbidité.
Est-ce qu’une « booster dose » les aurait protégées ?
Trois doses c’est toujours mieux que deux. C’est pour cela que nous demandons à tous d’aller faire la booster dose. Mais vous voulez que je vous dise ? Il y aura une 4e dose et ainsi de suite. Nous maintiendrons l’exercice de vaccination de sorte à pouvoir contrôler l’épidémie.
La prise en charge à l’hôpital ENT est aujourd’hui pointée du doigt, l’établissement étant considéré comme un abattoir. Qu’en pensez-vous ?
C’est aussi ce que j’ai entendu dire. L’ENT (converti en ICU) s’occupe des cas graves de la COVID-19. Chaque ICU est associée à un taux de mortalité dont certains varient entre 50 % et 80 %. L’ENT a obtenu cette connotation négative car il accueille des cas graves de la COVID-19.
Sans une morgue ?
Provision n’avait pas été faite pour une morgue à l’ENT durant sa conception car la morgue se trouve à l’hôpital Victoria. Nous faisons cependant un effort pour apporter des améliorations.
Quel est le « worst-case scenario » et disposons-nous des moyens pour y faire face ?
Nous avons un plan de préparation basé sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé et d’autres instances internationales. Nous disposons de 600 lits dans les hôpitaux rien que pour la COVID-19, avec un taux d’occupation de 60 %. Nous avons donc une marge de manœuvre. Nous disposons aussi de 60 respirateurs et de 90 salles de réanimation.
L’efficacité de la Domiciliary Monitoring Unit (DMU) est mise en cause après des décès survenus durant le « home isolation ». Qu’en pensez-vous ?
La DMU est en place depuis deux mois. Elle est épaulée par d’autres équipes mais elle reste limitée à la « monitoring », s’occupant des patients dont l’état de santé n’est pas grave. Il y a actuellement 32 personnes. Quinze autres rejoindront l’équipe la semaine prochaine. C’est vrai qu’il y a eu des morts, mais cela aurait pu être causé par une embolie pulmonaire due à la COVID-19 provoquant la mort subite.
Mais pour les cas sévères, le Samu ne devrait-il pas intervenir ?
Dans un cas de décès à la maison, il est soupçonné qu’un médecin n’ait pas dépêché le Samu à temps. Une enquête est en cours. Le système est en place. Il faut que le personnel applique les protocoles déjà établis.
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