Live News

Coupures d’eau et manque de pluie - notre grenier est en panne sèche

Publicité

Maurice dépend fortement des régions des hautes Plaines-Wilhems et de Plaine Sophie 1 et 2, qui sont notre « grenier » pour leur rôle central dans la fourniture de légumes frais. Mais ces terres agricoles font face à une sécheresse alarmante. S’il ne pleut pas dans les prochaines semaines, une crise majeure se profile, aggravée par des prix déjà exorbitants.

Jean-Claude Dedans/Photos et video : Marjoreland Pothiah

Quand on parle de légumes frais, on pense tout de suite aux régions de La Marie, Plaine-Sophie 1 et 2. Tout est fait à plein champs, pas de serre sur les 83 arpents de terres cultivables par la cinquantaine de membres regroupés au sein de la Midlands Agricultural Credit & Marketing Cooperative Society. Ici, la pluie et l’arrosage sont vitaux. Or, la sécheresse actuelle freine la croissance des jeunes pousses, qui, sous un soleil de plomb, dépérissent avant même d’atteindre leur maturité.

Même Tunraz Rampall participe, récoltant des carottes et cueillant des choux sous un soleil écrasant.
Même Tunraz Rampall participe, récoltant des carottes et cueillant des choux sous un soleil écrasant.

Ces terres sont aussi le moyen de subsistance de 2 000 planteurs à plein temps. Ils font vivre leurs familles et financent l’éducation de leurs enfants. Si pour certains, la relève est assurée, pour beaucoup d’autres, l’avenir reste incertain.

Tunraz Rampall est un passionné de la terre, un héritage transmis de génération en génération. Secrétaire de la Midlands Agricultural Credit and Marketing Cooperative Society, il se bat avec ferveur pour défendre les droits légitimes des planteurs mauriciens. « Je suis le secrétaire de la coopérative et je me bats, non pas pour de l’argent, mais par amour pour la terre, un amour que nos parents ont transmis à mes frères, sœurs et moi », confie-t-il. « Nous aimons l’agriculture et nous voulons offrir des légumes frais. Ce que nous produisons, nous le consommons aussi. Tout est bio, tout est frais », dit-il.

Les choux rouges, qui coûtent déjà une fortune, pourraient griller sous le soleil brûlant faute de précipitations.
Les choux rouges, qui coûtent déjà une fortune, pourraient griller sous le soleil brûlant faute de précipitations.

Tunraz Rampall est également le porte-parole de l’ONG des planteurs de l’île, une organisation fondée en 2002 dans la foulée du cyclone Dina « kan ti pe inport legim alor ki prodiksion lokal ti pare pou al bazar. Pa ti ena protokol. Quand un problème majeur surgit, nous prenons les devants », explique-t-il, se disant prêt à se battre pour les planteur qui nous fournissent en légumes frais...

Une calebasse, par chance arrivée à maturité malgré la sécheresse, a été récoltée in extremis.
Une calebasse, par chance arrivée à maturité malgré la sécheresse, a été récoltée in extremis.

Le coût est cher payé

Pour un laboureur travaillant en plein champ, il faut compter Rs 162,50 par heure. Ce coût inclut non seulement son salaire, mais aussi ses repas, son logement, le paiement de ses factures pour les services publics, ses heures supplémentaires, ainsi que son 13ᵉ mois et désormais son 14ᵉ mois. Une charge financière lourde pour les planteurs employeurs.

Mais sans cette main-d’œuvre, et en l’absence de relève locale, tout est compromis. Sans eux, l’avenir de notre agriculture est en péril.

Pendant ce temps, des travailleurs et des rangers s’activent à récolter des pommes d’amour, vertes et mûres. Sans leur effort, il n’y aurait tout simplement pas de récolte. Les tomates vertes sont précieuses. Leur atout ? Elles se conservent longtemps.

Tout grille

On compte environ 2 000 planteurs dans des régions telles que Solférino, Payot, Glen Park, Perrier, Robinson, Camp-Caval, Henrietta, Plaine Sophie 1 et 2, Mare-Longue et Closel, parmi d’autres. Ces cultivateurs travaillent en plein champ, sous un soleil implacable, tandis que la pluie se fait désespérément attendre.

Ces terres agricoles sont entièrement dédiées à la culture. Elles sont labourées, débroussaillées, traitées pour y planter une incroyable variété de légumes. Choux blancs et rouges, chouchous, piments curry, poireaux, pâtissons, brèdes giraumon et chouchou blanc, carottes, coriandre (cotomili), fines herbes, concombres blancs, pommes d’amour vertes et mûres, petits et gros piments, calebasses… la liste semble interminable sur ces 83 arpents de terres cultivées. Traditionnellement, ces légumes poussaient grâce à la pluie, sans recours aux pesticides.

« Nous vivons de cette agriculture. Nous ne gagnons pas beaucoup d’argent, mais toute la famille y travaille avec passion. Les membres de notre coopérative font tout leur possible pour aider le pays à avoir des légumes », confie Tunraz Rampall, debout au cœur de sa plantation.

Mais le manque d’eau se fait cruellement sentir. En parcourant les champs, on constate des petites pousses fragiles, des cultures intermédiaires qui auraient dû être prêtes bientôt, et des terres déjà labourées et préparées, attendant désespérément la pluie.

Sans précipitations et avec les coupures d’eau, le risque d’une crise alimentaire est réel. Il faudra alors se tourner vers des légumes surgelés, au grand bonheur de certains importateurs spécialisés dans ce secteur.

  • salon

     

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !