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Contrat pétrolier : Mercantile & Maritime dénonce une «enquête motivée politiquement»

Mercantile & Maritime Group (MMG) est détenu à 100 % par Murtaza Ali Lakhani.

Mercantile & Maritime dénonce une enquête « politiquement motivée » de la FCC sur un contrat pétrolier de 2023 avec la STC. L’entreprise singapourienne accuse des manquements procéduraux et défend un accord avantageux pour Maurice, malgré des pertes financières.

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La société singapourienne Mercantile & Maritime Investments Pte Ltd réagit avec fermeté aux récentes accusations relayées par certains médias mauriciens. Celles-ci concernent un contrat d’approvisionnement en produits pétroliers signé en 2023 avec les autorités mauriciennes. L’entreprise qualifie ces allégations de « fausses » et dénonce une enquête menée dans un « contexte politiquement motivé » par la Financial Crimes Commission (FCC).

Elle va plus loin et accuse : « Des enquêtes mal conçues, qui infligent des dommages collatéraux à des entreprises opérant de bonne foi à Maurice, constituent un frein majeur à l’investissement dans le pays ».

Opportunité avantageuse

Selon la société, le contrat signé en 2023 avec la State Trading Corporation (STC) représentait une opportunité avantageuse pour l’île Maurice. « Il a assuré un approvisionnement constant en carburant essentiel pour le pays, au bénéfice du peuple mauricien, de ses services publics et de ses installations économiques », souligne la société dans un communiqué émis le vendredi 16 mai. L’entreprise précise que tout le carburant a bien été livré et qu’« aucun acteur n’a prétendu le contraire ».

Mercantile & Maritime affirme également avoir accepté un paiement en roupies mauriciennes plutôt qu’en dollars américains, ce qui aurait engendré pour elle une « perte significative ». « Les risques de ce choix ont été supportés par nous », peut-on lire.

La société rappelle que les modalités du contrat avaient été publiquement débattues au Parlement mauricien, le 24 octobre 2023. À cette occasion, des ministres avaient souligné les avantages de ce contrat, citant notamment « un coût de prime réduit, des économies d’intérêts significatives pour la nation, et une amélioration de la trésorerie de la STC ». Ils avaient également défendu la sélection de l’entreprise comme un « opérateur expérimenté du marché de l’énergie », fournissant des services à l’échelle internationale dans la chaîne de valeur du pétrole et du gaz.

Le groupe indique être venu à Maurice pour y investir dans plusieurs secteurs, mais affirme que, rétrospectivement, il n’aurait pas fait ce choix. « Si nous avions su comment nous serions traités, nous ne l’aurions pas fait », déclare-t-il.

«Manquements graves»

Concernant l’enquête actuellement en cours, Mercantile & Maritime accuse la FCC de « manquements graves » à la procédure. « Des allégations médiatiques ont été formulées à notre encontre dans le cadre de ce qui semble être une enquête à motivation politique menée par la Financial Crimes Commission. Nous avons de sérieuses préoccupations quant à la conduite de cette Commission depuis le début », argumente Mercantile & Maritime. La FCC a, allègue la direction de la compagnie, à plusieurs reprises, « divulgué des informations à la presse concernant son enquête, ainsi que sur le directeur local de la société mauricienne Mercantile & Maritime Limited, et n’a pas respecté la procédure régulière. Ce contexte ne sert en rien les intérêts du peuple mauricien ».

Enfin, Mercantile & Maritime conclut en affirmant qu’elle défendra « vigoureusement » sa réputation : « Nous combattrons toute attaque à notre encontre, dans les médias ou ailleurs. »

L’affaire Mercantile & Maritime en quelques points

Procédure initiale d’appel d’offres

  • Un appel d’offres international ouvert a été lancé par la State Trading Corporation (STC) le 5 mai 2023 pour l’approvisionnement en produits pétroliers (« white oil ») sur la période du 1er août 2023 au 31 juillet 2024.
  • Sept soumissionnaires ont répondu ; la proposition la moins chère a été celle d’OQ Trading Ltd.
  • Le 7 juin 2023, le conseil d’administration de la STC a approuvé l’attribution du contrat à OQ Trading Ltd.

Offre directe de Mercantile & Maritime Group

  • Avant la signature du contrat, la STC a reçu une offre directe de Mercantile & Maritime Holdings W.L.L.
  • Cette offre incluait des primes inférieures sur les quatre catégories de produits pétroliers et d’autres avantages compétitifs, selon l’ancienne direction de la STC et le précédent gouvernement.
  • Après un exercice de « due diligence », le contrat a finalement été attribué à Mercantile & Maritime Group, malgré l’appel d’offres.

Enquête et audit

  • La Financial Crimes Commission (FCC) enquête actuellement sur l’ensemble du processus d’attribution du contrat. Rajiv Servansingh, ancien directeur de la State Trading Corporation (STC) a déjà été interrogé par la FCC. Le 28 avril dernier, la directrice locale de Mercantile & Maritime a été arrêtée par la FCC.
  • Le ministre du Commerce, Michael Sik Yuen, a également ordonné un audit de tous les gros contrats d’approvisionnement des 10 dernières années à la STC. En février, c’est lui qui a transféré le dossier Mercantile & Maritime à la FCC pour enquête.
  • Afin de ne pas nuire à l’enquête, aucune copie du contrat ni de détails financiers précis ne seront rendus publics pour le moment.

Montant du contrat

  • Interrogé par Adrien Duval, whip de l’opposition, le ministre Sik Yuen a révélé, le 6 mai dernier au Parlement, que la valeur du contrat avoisinait les Rs 30 milliards.
  • Adrien Duval a dénoncé le fait que le coût exact n’ait jamais été rendu public, même sous l’ancien gouvernement.

Révélations d’OQ Trading

  • Le ministre Sik Yuen a rencontré récemment deux représentants d’OQ Trading Ltd, en présence de son secrétaire permanent. Cela « à sa demande », devait-il affirmer.
  • Cette société lui aurait rapporté des faits « troublants » : une personne, depuis Dubaï, aurait demandé de l’argent en échange de l’attribution du contrat de fourniture de produits pétroliers.
  • OQ Trading, n’ayant pas cédé à cette demande, n’aurait pas obtenu le contrat, ont expliqué les représentants de la société au ministre.

Critique du recours à une procédure directe

  • En réponse à une question du député Raviraj Beechook, le ministre a affirmé que recourir à un contrat de gré à gré en écartant un appel d’offres n’est pas une bonne pratique, même si l’offre est avantageuse.
  • Il a critiqué la méthode de travail de l’ancien gouvernement, déclarant que « tout était possible avec ce dernier ».
 

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