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Consommation : malgré la subvention sur les produits de base, les prix continuent de grimper

Les articles coûtent en moyenne 10 % à 15 % plus cher.

La pandémie n’a pas été sans conséquence sur le porte-monnaie des consommateurs. Face à la flambée des prix et la baisse du pouvoir d’achat, les ménages ont dû modifier leurs habitudes de consommation. Une tendance qui devrait se maintenir l’an prochain. 

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Cette année, les consommateurs en ont vu de toutes les couleurs. Tous les produits ont vu leur prix grimper en flèche. D’ailleurs, Uttam Sumaroo, secrétaire général de Masters Express, souligne que « les articles coûtent en moyenne 10 % à 15 % plus cher cette année ». Yovan Jankee, Head of Strategy and Communication chez Panagora explique qu’en effet « Maurice a subi de plein fouet l’impact du fret et de la hausse des prix à l’international. Et la dépréciation de la roupie n’a pas aidé non plus ». Une flambée des prix qui devrait perdurer, prévient-on dans la grande distribution. 

Par ailleurs, les importateurs ont été confrontés à des problèmes d’approvisionnement cette année, ajoute Uttam Sumaroo. « Avec des ruptures de stocks pour certains produits spécifiques au courant de l’année, tels que l’huile et le riz. » Pour Lawrence Wong, CEO de La Trobe Co. Ltd, l’approvisionnement des produits et la hausse de l’inflation risquent de s’amplifier en 2022. 

Mais, d’ores et déjà, le pouvoir d’achat des consommateurs a été affecté. « Certains consommateurs se rabattent sur des produits de bas de gamme pour pouvoir joindre les deux bouts. Il y a aussi des ménages qui ne mangent pas à leur faim. D’ailleurs, Statistics Mauritius en fait état dans un de ses sondages. Par la force des choses, les Mauriciens ont dû revoir leur façon de consommer », observe Mosadeq Sahebdin, porte-parole de la Consumer Advocacy Platform. 

Nouvelle ère de la consommation 

L’économiste, Pramode Jaddoo, fait le même constat. « C’est un fait que le pouvoir d’achat du Mauricien a baissé. Les produits de base, les légumes et les médicaments absorbent une grande partie de son budget. Du coup, les consommateurs n’achètent que les produits essentiels. C’est une nouvelle ère de consommation qui commence et qui prendra de l’ampleur en 2022 », fait-il ressortir. De plus, note-t-il, les consommateurs sont plus prudents lorsqu’ils font leurs achats, car les incertitudes demeurent avec la progression des variants et les craintes de pertes d’emploi. « Les gens dépensent moins et font des réserves. »

Toutefois, les consommateurs sont loin d’être les seuls à souffrir de cette situation. Pour Yovan Jankee, cette deuxième année de la pandémie a été très difficile pour tout le monde, à la fois les consommateurs et les producteurs.  Nicolas Kan Wah, Manager chez London Way, fait également ressortir que les recettes des supermarchés ont été affectées. « 2021 n’est pas une bonne année pour les supermarchés, surtout ceux basés sur les côtes, car ces derniers dépendent des touristes et des employés d’hôtels et ceux dont les métiers sont liés au tourisme », avance-t-il. Uttam Sumaroo abonde dans le même sens en soutenant que les ventes ont baissé, surtout pour les produits dits de luxe. 

Pour soulager les consommateurs, le gouvernement est venu de l’avant avec une subvention de Rs 500 millions. Introduite le 12 juillet, cette mesure restera en vigueur jusqu’en juin 2022, permettant ainsi aux prix de 243 produits et marques de rester inchangés jusqu’à cette période.  « Mais en dépit de la subvention sur les produits de base, les prix continuent de grimper. Au lieu de diminuer leurs marges, les importateurs profitent de la pandémie pour faire des profits », martèle, cependant, Mosadeq Sahebdin. 

Ce qui revient à dire que les consommateurs ne sont pas au bout de leurs peines. Comme en 2021, ils devront conjuguer avec la flambée des prix et les problèmes d’approvisionnement des produits.

Mosadeq Sahebdin : « 2021, l’année des profiteurs » 

Le porte-parole de la Consumer Advocacy Platform, Mosadeq Sahebdin, n’y va pas de main morte. Il qualifie l’an 2021 comme étant l’année des profiteurs, des importateurs des produits alimentaires en passant par des pharmaciens. « Ils ont profité de la crise pour saigner à blanc les consommateurs », fulmine-t-il. Les exemples ne manquent pas. Il en cite plusieurs : un inhalateur qui se vendait à Rs 397 il y a trois mois, se vend aujourd’hui à Rs 613. Une pilule pour l’asthme se vend à Rs 5,50 contre Rs 4,60 avant le confinement. « C’est un médicament à prendre à vie, donc vous imaginez l’impact sur le porte-monnaie des consommateurs concernés », fait-il ressortir.

Ce dernier dénonce les producteurs qui ont camouflé la hausse des prix en diminuant le logement. « Si le prix d’une boîte de thon est resté le même, soit à Rs 50,50, cependant le logement est passé de 185 grammes à 170 grammes. Le changement de prix du thon en conserve vise à cacher une hausse de 8,7 % du prix. En fait, le prix au kilo est passé de Rs 273 à Rs 297, soit Rs 24 plus cher alors que le poids a diminué de 15 grammes. Il s'agit d'un cas flagrant de shrinkflation pour camoufler la hausse de prix », déplore-t-il. 

Idem pour du sirop qui se vend désormais en logement de 750 ml contre un litre auparavant. Tout comme le vermicelle qui est maintenant vendu en sachet de 300 grammes contre 500 grammes. Mosadeq Sahebdin déplore que la loi pour la protection des consommateurs ne soit pas une priorité pour les autorités. En cas d’abus, elle aurait permis de venir en aide aux Mauriciens.

En Chiffres 

  • 3,7 %. C’est le taux d’inflation global enregistré en novembre. Quant à l’inflation en glissement annuel, elle s’élève à 6,4 % au cours de la même période. À savoir que Statistics Mauritius table sur une inflation de 4 % cette année. 
  • L’indice des prix à la consommation est passé de 112,3 points en octobre à 113,1 points en novembre. Au cours de cette période, les prix des fruits, de la viande et d’autres produits alimentaires ont aussi grimpé.

Vite dit

2021 ces dates marquantes

  • 1er octobre : Date de la réouverture complète des frontières. Depuis la reprise des vols, le pays est desservi par 15 compagnies aériennes. Pour décembre, les autorités tablent sur 300 arrivées d’avions et 100 000 sièges d’avions. 
  • 21 octobre : Maurice quitte officiellement la liste grise du Groupe d’Action Financière (GAFI). 
  • 2 novembre : Le pays est enlevé de la liste britannique des pays à haut risque en termes de blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.
  • 1er décembre : Maurice a été inclus sur la liste rouge écarlate des pays à éviter pour les déplacements avec la France métropolitaine. Le pays a finalement quitté cette liste le 8 décembre.
  • 9 décembre : Annonce du quantum pour la compensation salariale qui sera payée à partir de janvier 2022 par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy. Ainsi, les employés touchant jusqu’à Rs 13 000 obtiendront Rs 500 et ceux qui perçoivent plus de Rs 13 000 toucheront une compensation de Rs 400. 

2021  ces chiffres à retenir

  • Depuis le premier confinement en mars 2020, le gouvernement a déboursé, tous secteurs confondus, un total de Rs 26 milliards sous le Government Wage Assistance Scheme (WAS) et le Self-Employed Assistance Scheme (SEAS). Sous le WAS, on compte 16 941 employeurs bénéficiaires et 279 830 employés ont été payés. De même, on compte 262 070 bénéficiaires sous le SEAS. 
  • La Mauritius Investment Corporation, dont l’une des attributions est de venir en aide aux grandes entreprises affectées par la pandémie, a approuvé environ Rs 30 milliards en faveur des opérateurs, dont environ Rs 16 milliards rien que pour ceux qui évoluent dans le tourisme. 
  • Entre le 1er octobre et le 30 novembre, le pays a accueilli 152 000 passagers (Mauriciens, étrangers et touristes). Entre le 1er octobre et le 8 décembre, 164 705 passagers sont arrivés à Maurice par avion. Parmi, l’on compte 23 673 Mauriciens et 141 032 étrangers, dont 129 046 touristes. Le taux de réservation dans les hôtels pour le mois de décembre est de plus de 50 % contre 74 % en 2019, soit avant la pandémie.
  • Les 18 mois d’inactivité dans le tourisme ont occasionné une dette supplémentaire de Rs 15 milliards dans ce secteur. 
  • En un an, l’emploi a diminué de 13,6 % dans le tourisme. On compte, en effet, 27 858 employés à fin mars 2021 contre 32 253 en mars 2020. À savoir que 92 hôtels sur 111 établissements hôteliers sont actuellement en opération. De ces 111 hôtels, cinq sont temporairement fermés en raison des travaux de rénovation et 14 sont utilisés comme centres de quarantaine.

Source: Statistics Mauritius    

 

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