Live News

Conflit Israël-Palestine : la religion utilisée pour «masquer» des enjeux politiques, économiques et militaires, selon le Conseil des Religions

Un Palestinien marche dans un quartier touché par les bombardements israéliens dans la ville de Gaza, après un cessez-le-feu négocié par l'Égypte entre Israël et le Hamas, ce vendredi 21 mai 2021. ? par MOHAMMED ABED / AFP

« En osant prendre la religion comme bouc émissaire, on met souvent sur le dos de Dieu des problèmes qui prennent leur racine dans nos propres cœurs ! Et l’histoire de l’humanité nous montre comment les conflits d’ordre politique, qui entraînent les religions dans leur sillage sont encore plus violents et mortifères ».

Publicité

Le Conseil des Religions réagit sur le conflit israélo-palestinien et rappelle qu’il ne faut pas mettre sur le dos de la religion des conflits d’ordre géopolitique ou géostratégique.

Dans un communiqué, signé du père Philippe Goupille, Président du Conseil, émis ce vendredi 21 mai, le Conseil des Religions précise que :

« C’est l’occasion pour nous de rappeler que cette grave situation comme tous les conflits politiques doivent être réglés par la diplomatie internationale et qu’il est extrêmement dangereux de laisser ces conflits être alimentés par une instrumentalisation de la religion. Car ce n’est pas, voire jamais, une question de religion : cette dernière est souvent, sinon toujours, utilisée pour masquer des enjeux politiques mais surtout économiques et militaires… ».

Le Conseil lance également un appel pour qu’à Maurice, « les conflits d’ordre politique et économique ne dégénèrent pas en conflits politico-religieux ».

Ci-dessous le communiqué du Conseil des Religions :

DÉCLARATION – CONSEIL DES RELIGIONS

1. L’escalade de la violence entre Israël et la Palestine ne peut et ne doit en aucune façon nous laisser indifférents. Le Conseil des Religions voudrait donc condamner sans équivoque ces actes de violence qui provoquent la mort d’êtres humains, dont énormément d’innocents, spécialement des enfants. Nous joignons nos voix à celles des personnes religieuses comme le Pape François qui font des appels désespérés pour que la Communauté des Nations intervienne enfin dans ce conflit qui n’a que trop duré.

2. Il nous faut aussi rappeler que le conflit entre Israël et la Palestine est un conflit qui date de 1948, mais qui hélas peut nous ramener encore plus loin dans le temps, avec des considérations et ramifications non pas tant religieuses que d’ordre géopolitique et géostratégique.

3. C’est l’occasion pour nous de rappeler que cette grave situation comme tous les conflits politiques doivent être réglés par la diplomatie internationale et qu’il est extrêmement dangereux de laisser ces conflits être alimentés par une instrumentalisation de la religion. Car ce n’est pas, voire jamais, une question de religion : cette dernière est souvent, sinon toujours, utilisée pour masquer des enjeux politiques mais surtout économiques et militaires ; plus encore, il est tellement plus facile et rapide de placer Dieu en cause ou au centre des problèmes ou guerres qui, en fait, prennent leur racine dans notre quête de pouvoir et d’avoir. En osant prendre la religion comme bouc émissaire, on met souvent sur le dos de Dieu des problèmes qui prennent leur racine dans nos propres cœurs ! Et l’histoire de l’humanité nous montre comment les conflits d’ordre politique qui entraînent les religions dans leur sillage sont encore plus violents et mortifères.

4. Dans le même souffle, nous faisons un appel pour que, dans notre propre pays, les conflits d’ordre politique et économique ne dégénèrent pas en conflits politico-religieux. Les croyants de toutes les religions sont invités à agir pour la Paix ; la paix entre Israéliens et Palestiniens mais la paix aussi dans tous les pays où des êtres humains sont persécutés à cause de leurs religions. Mais pas une paix synonyme d’absence de guerre, mais une Paix qui ose nous bousculer et confronter, avec force et fermeté, les situations et structures qui maintiennent l’injustice et la violence de façon insidieuse et sournoise, cachée et invisible. Voilà pourquoi notre agir doit être conjuguée avec notre prière qui doit aussi s’appuyer sur trois piliers incontournables. Quels sont ces trois piliers ? La liberté, le pardon, le dialogue.

5.1 La liberté. En conformité avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous devons lutter pour la liberté religieuse et la liberté de conscience. Dans bien des pays nous n’en sommes pas encore arrivés là.

5.2 Le pardon. Nous devons prêcher, mais aussi donner l’exemple de l’importance du pardon des offenses. Le pardon est un chemin obligé pour arriver à une nouvelle vie, une nouvelle manière de bâtir une société. Le pardon des offenses n’est pas un rêve inaccessible, « une impossible étoile ».

5.3 Le dialogue. Nous continuons de croire et d’affirmer que le dialogue est une dimension non négociable pour régler les conflits. La capacité de dialoguer est profondément inscrite dans la nature humaine et dans la foi de tous ceux qui croient aussi à un dialogue entre Dieu, les hommes et les femmes.

En conclusion, nous pensons que le temps est arrivé pour que, dans notre pays aussi, nous puissions ouvrir des espaces de dialogue dans les différents secteurs de notre vie en société.

Le Conseil des Religions proposera d’ailleurs bientôt un projet pour faciliter ces rencontres dans le respect mutuel.

Père Philippe Goupille

Président du Conseil

21 mai 2021

  • LDMG

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !