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Conditions de vie des travailleurs : maintenir une chaîne de solidarité syndicale

Faire preuve de solidarité permet de tirer certains de la misère. Faire preuve de solidarité permet de tirer certains de la misère.

Grâce à de nombreux projets, initiés par des syndicats et d'autres associations, plusieurs familles dans le besoin ont pu sortir la tête de l’eau.

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Fondée en 2009, la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP), dirigée par Reaz Chuttoo et Jane Ragoo, a toujours été aux avant-postes dans la lutte pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs du pays. « Nous menons le combat sur deux fronts distincts : la lutte revendicative et la mise sur pied  de micro-projets où notre concept de solidarité dans l’action prend toute sa valeur », explique Reaz Chuttoo, secrétaire de cette confédération syndicale.  

Parlant de cette chaîne de solidarité, le dirigeant syndical avance que suivant les réformes économiques prônées par l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, la vie des travailleurs devenait de plus en plus difficile. Il cite notamment l’assouplissement des procédures des licenciements économiques, le jobless growth et la montée des emplois contractuels. Les travailleurs désertaient de plus en plus les syndicats par peur de représailles. « Il fallait trouver une formule pour encourager les travailleurs à rester au sein de leur syndicat respectif et je suis heureux que la solidarité de nos membres qui ont un emploi permanent ait prévalu », explique le secrétaire de la CTSP.

Credit Union

C’est ainsi, poursuit-il, qu’en 2006, les membres qui ont un emploi permanent ont accepté une hausse de leurs cotisations syndicales. Ce qui a permis de revoir à la baisse celles des contractuels et des travailleurs étrangers. Ce sont ces cotisations qui ont permis à la CTSP de mettre en place plusieurs projets pour améliorer les conditions de vie des travailleurs.

 C’est ainsi que pour venir en aide aux travailleurs dans le besoin, la CTSP a créé la People’s Cooperative Credit Union pour ses membres. Fait remarquable : leurs conjoints sont aussi éligibles pour les emprunts avec un taux d’intérêt de 6 % par an.

Reaz Chuttoo n’est pas peu fier que plusieurs épouses des membres des affiliés de la confédération syndicale aient bénéficié de ces emprunts pour monter des micro-entreprises.  
Il rappelle que la philosophie de la CTSP est qu’une femme au foyer est une « self-employed » et de ce fait doit bénéficier de certains droits. À ce titre, il négocie actuellement avec le ministère de la Sécurité sociale et de la solidarité nationale afin qu’elle puisse contribuer au plan de pension nationale.

Captage d’eau de pluie

Parallèlement la CTSP a lancé un projet de captage d’eau de pluie avec l’aide de l’Union européenne dans le cadre du Decentralised Country Programme. Dans la pratique, on récupère des vieux contenants en plastique qui peuvent capter jusqu’à 1 000 litres d’eau auprès des compagnies et qu’on distribue aux membres qui sont intéressés par ce projet.

Le dirigeant syndical explique que l’eau ramassée peut être utilisée dans les toilettes et pour l’arrosage. Il avance que non seulement cela permet aux travailleurs d’économiser sur leurs tarifs d’eau mais aussi de se faire un peu d’argent en lançant une petite entreprise de lavage de voitures devant leur maison.

Le social

Reaz Chuttoo estime qu’une confédération syndicale qui se respecte doit aussi prendre en considération l’aspect social de ses membres. C’est ainsi que la CTSP a aménagé dans son bâtiment à la rue Elias, Rose-Hill, une salle des fêtes de 2 000 pieds carrés qu’elle met gratuitement à la disposition de ses membres. À cet effet, elle a mis au point le concept de membre à vie dans le syndicat. Offrant toutes les facilités comme une cuisine, de la sonorisation, des tables et des chaises, elle est idéale pour les anniversaires et autres activités sociales.

Autosuffisance alimentaire

Le Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire (MAA) est aussi très actif dans des projets d’auto-assistance.  « Notre but est de tirer les familles vulnérables de la misère », explique son directeur Eric Mangar.
C’est ainsi qu’il a lancé des projets comme l’élevage de lapins, la production des œufs et la formation des élèves du cycle primaire dans la culture de légumes.

Il explique qu’à ce jour, son projet de production des œufs, qu’il a lancé en 1988, a touché plus de 10 000 familles. « De conditions très modestes au début, plusieurs sont aujourd’hui des entrepreneurs reconnus », explique-t-il. Grâce à la vente des œufs, des parents ont pu financer les études de leurs enfants. Eric Mangar cite le cas d’une fille qui grâce à ce commerce est aujourd’hui enseignante dans un collège secondaire. Ce projet consiste à donner des pondeuses gratuitement à des familles pauvres et qu’elles élèvent avec le soutien du MAA. Elles peuvent consommer une partie des œufs et mettre les excédents sur le marché.

Les bénéficiaires reconnaissent que ce projet initié par le MAA leur est d’un grand secours. « J’ai commencé avec une douzaine de pondeuses et maintenant j’en ai le double. J’arrive à m’en sortir avec les œufs que je vends », confie l’un d’eux. Et d’expliquer que ses revenus lui permettent d’être un vrai soutien pour sa famille.

School Back Gardening

Eric Mangar souligne que ce projet est destiné aux élèves de la quatrième année et plus. Les légumes produits (laitues, brède Tom Pouce et maïs, entre autres) sont distribués aux élèves. « À travers ce projet, je veux aussi initier la jeune génération à l’importance du self-help », dit-il. Il avance qu’à travers ce projet, les enfants encouragent leurs parents à cultiver leurs propres légumes à la maison. À cet effet, des semences sont distribuées aux élèves à l’intention de leurs parents. Le MAA offre gratuitement des bacs aux intéressés.

Le directeur du MAA conseille à ceux qui n’ont pas suffisamment de terrains de placer leurs bacs sur le toit de leurs maisons. Il explique qu’à travers ce projet, les Mauriciens ont la possibilité de produire des légumes bio. Il explique aussi que ce projet est une aide économique pour les plus démunis face aux hausses constantes des prix de légumes.

Soulignons qu’Eric Mangar collabore aussi avec la compagnie Omnicane pour la formation des femmes en production agricole. Elles auront leur certificat le 22 septembre prochain.

 

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