Interview

Charles Harel, Chief Executive Officer du groupe Harel Mallac : «Le nouveau Industrial Property Bill ne sera pas favorable aux marques»

Le groupe Harel Mallac, ayant des intérêts dans le secteur de la technologie, le commerce et les services financiers, entre autres, a publié son bilan pour l’année financière 2016. Son CEO revient sur cette performance. Il s’exprime également sur les changements attendus en 2017 et leur impact.

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Les revenus d’Harel Mallac sont léger recul pour l’année 2016. Les pertes se sont creusées davantage. Qu’est-ce qui explique cette performance ?
Même si notre chiffre d'affaires a baissé, la performance de nos entreprises a été meilleure qu’en 2015. Les entreprises principales du groupe ont pris des parts de marché dans les segments respectifs où elles opèrent. Le groupe a réalisé des profits opérationnels de Rs 42 millions et des profits avant impôts de Rs 17,4 millions, aussi en progression par rapport à l'année dernière.  La baisse des revenus reflète l’impact des décisions stratégiques prises cette année. Notre Technology Arm a été restructuré en deux divisions : Technology Equipment et Technology Integration, avec des cœurs de métier bien distincts. D'autres entreprises du groupe ont pour leur part cessé la commercialisation de certaines lignes de produits ou services non-créateurs de valeur. Nos magasins qui opèrent dans le Retail division ont, eux, fait des travaux nécessaires à la modernisation et l'agrandissement de leur surface commerciale. Ces travaux ont eu un impact certain sur leurs revenus, et par extension ceux du groupe, mais ils étaient nécessaires afin de leur permettre de continuer à prendre des parts de marché à la concurrence. Nous avons aussi pris la décision de fermer deux entreprises du groupe. L'impact de toutes ces décisions, que nous pouvons qualifier d'exceptionnelles, explique la performance de 2016.

«Afin d’augmenter sa part de marché, Monoprix mise sur des produits frais tout en restant compétitif sur les différentes lignes de base de l’alimentation»

La Compagnie des Magasins Populaires Limitée (CMPL), subsidiaire du groupe et propriétaire des trois hypermarchés Monoprix, a cumulé des pertes de Rs 180 millions en deux ans. Avec les nouvelles stratégies initiées, êtes-vous confiant qu’un retour à la profitabilité est toujours possible ?
Un retour à la profitabilité est bien sûr envisagé ! 2016 fut une année à deux temps pour Monoprix : sur les six premiers mois, nous étions en nette progression par rapport à 2015. Ensuite est arrivée la période des travaux de rénovation et d'agrandissement à Cascavelle et, surtout, Curepipe avec un chantier qui a été plus important que prévu dû à des soucis d’intendance avec d'autres imprévus. De fait, nous avons rouvert à la mi-décembre au lieu de la mi-novembre. Ces travaux ont eu un impact plus important que prévu sur notre clientèle et, par ricochet, sur les ventes. Aujourd’hui, nous avons de beaux magasins. Le chiffre d’affaires du premier trimestre 2017 est la preuve que les investissements consentis sont bons et que nous continuerons à prendre des parts de marché à nos concurrents.

N’empêche que l’enseigne opère dans un segment très concurrentiel…
Certainement, mais nous nous basons sur trois tendances du secteur : primo, le commerce du détail progresse à Maurice; deuxio, le pourcentage de ce marché qu’on attribue aux grandes enseignes organisées est encore bas et est amené à grandir si nous regardons la tendance mondiale. Tertio, le consommateur se déplace de plus en plus vers les centres commerciaux. Bagatelle et Cascavelle, comme vous le savez, sont au cœur de développements urbains d'envergure. Même si, je le concède, la compétition est rude, tous ces ingrédients font que le marché demeure intéressant et mérite d’y être présent. Afin d’augmenter notre part de marché, nous misons sur des produits frais tout en restant compétitifs sur les différentes lignes de base de l’alimentation. Nous offrons aujourd'hui à tous les consommateurs mauriciens des produits de qualité dans un environnement chic, moderne et propre avec des gammes de produits uniques à Monoprix, le tout à des prix compétitifs.

Harel Mallac a réorganisé sa division informatique. Est-ce un secteur dans lequel le groupe compte investir davantage ?
A la mi-2016, Harel Mallac a restructuré ses activités sous trois pôles que sont le Manufacturing & Trading¸ Business Services et Asset Management. L’idée était de consolider ces métiers qui ont un potentiel de croissance, tant à Maurice qu'à l’étranger. Nos activités technologiques classiques couvrent la commercialisation d’équipements de marques (Dell, Lenovo, Acer, Xiaomi, ainsi que notre propre marque de téléviseurs Myros, entre autres) que nous représentons auprès de quelque 200 points de vente. Au fil des ans, nous avons développé des services annexes d’intégration technologique, de sécurité informatique, câblage outsourcing, entre autres. Ces derniers sont des métiers qui ont une bonne marge de croissance et qui s'exportent plus facilement contrairement à la vente du matériel informatique. Nous avons aujourd'hui des opérations à Madagascar, au Burundi et au Rwanda ainsi que des partenaires en Afrique de l’Ouest (Ghana et Côte d’Ivoire). La décision de scinder notre Technology Arm en commerce d’équipement d’une part et services d’intégration de l’autre était cruciale pour donner à ces derniers la marge de manœuvre nécessaire pour réaliser leur potentiel. Harel Mallac Technologies constitue l’un de nos flagships et l’obtention du contrat pour mener à bien la retransmission en direct des travaux parlementaires mauriciens nous conforte dans ce repositionnement.

Est-ce qu’il y a un changement spécifique qu’on devrait apporter dans les plus brefs délais ?
Notre plus gros pôle d’opérations, le Manufacturing and Trading dépend principalement de la réputation de nos marques et, par extension, de leur protection. Une marque forte se bâtit en plusieurs années et ne pas la protéger la met clairement à risque tout comme ses consommateurs. L’Industrial Property Bill, qui se profile en 2017, ne sera pas favorable aux marques car il permettra à n’importe qui d’importer et de commercialiser des produits sans que les titulaires du droit de propriété intellectuelle de ces marques ne puissent agir. Il en va de même pour les Petites et moyennes entreprises mauriciennes qui ont investi dans leurs propres marques. Il ne faut pas uniquement considérer les bénéfices à court terme d'une telle décision, mais aussi l’impact négatif qu’un régime d’épuisement international aurait sur le long terme.

 

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