Le 55e anniversaire de l’Indépendance du pays est l’occasion de se rappeler l’importance de l’héritage laissé par nos ancêtres et de réfléchir à la construction d’un avenir meilleur en symbiose avec nos racines. Et qui dit avenir, dit jeunesse. Le Dimanche/L’hebdo donne la parole à ces jeunes, dont ceux qui ont récemment participé au National Youth Parliament, qui veulent avancer ensemble.
Mohammad Ziyaadkhan Hossen : «Nous avons la responsabilité de travailler ensemble»
Mohammad Ziyaadkhan Hossen, étudiant en finance et en droit à l’université de Maurice, est passionné par les débats et les forums de jeunes où des idées et des solutions sont partagées pour une cause commune. D’ailleurs, ce jeune de 22 ans a récemment participé à la troisième édition du National Youth Parliament (NYP) en tant que député de l’opposition, afin de réaffirmer son engagement à construire un avenir meilleur pour le pays.
« Pour moi, contribuer à la construction d’un avenir meilleur pour mon pays est non seulement une responsabilité, mais aussi une passion. Comme l’a si bien dit John F. Kennedy, ‘Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays’. Cette citation résonne profondément en moi et je crois fermement que chacun a un rôle à jouer pour faire de notre pays un endroit meilleur », affirme-t-il.
Selon Mohammad Ziyaadkhan Hossen, la célébration des 55 ans de l’Indépendance est l’occasion de se souvenir de la lutte de nos ancêtres pour la liberté et la dignité, et de célébrer notre identité et notre patrimoine uniques. C’est également le moment de faire le bilan, de réfléchir aux réalisations de notre pays au fil des années et aux défis qui se présentent.
Pour lui, la lutte et les sacrifices consentis pour obtenir l’indépendance ont contribué à l’identité mauricienne. La diversité culturelle et religieuse, qui est au cœur de notre société, est un exemple de l’héritage de notre passé et de notre lutte pour la liberté. En tant que jeune, la préservation de cet héritage lui tient particulièrement à cœur.
« Nous devons travailler ensemble pour préserver notre patrimoine et poursuivre la construction d’un avenir meilleur pour notre pays et notre peuple, en nous appuyant sur les fondations posées par nos ancêtres. Il est important de transmettre cette histoire et cette identité à la prochaine génération afin qu’elle puisse comprendre d’où nous venons et où nous voulons aller. »
Certes, ajoute Mohammad Ziyaadkhan Hossen, « nous avons encore du travail à faire pour construire un avenir meilleur pour tous les Mauriciens. En tant que jeunes leaders, nous avons la responsabilité de continuer à avancer et de travailler ensemble pour construire un avenir plus prospère et plus inclusif pour tous ».
Harsh Dakshesh Dabidin : «Nous sommes responsables de notre avenir»
Harsh Dakshesh Dabidin, élève en Grade 13 au Mahatma Gandhi Institute Moka, se décrit comme un amoureux de la patrie. Celui qui s’est glissé dans la peau du Premier ministre au NYP estime « essentiel » que la jeunesse comprenne l’histoire et les valeurs du pays. « Sans indépendance, il n’y a pas d’identité mauricienne ! » clame-t-il.
Les jeunes célèbrent l’Indépendance depuis leur naissance. « Nous avons entendu des récits sur les difficultés de la vie coloniale. La plupart des gens étaient pauvres, vivaient souvent dans la misère et ne pouvaient pas manger à leur faim. Heureusement, nous ne connaissons pas cette même souffrance. Toutefois, il est important de comprendre notre histoire pour mieux apprécier la vie que nous avons la chance de vivre aujourd’hui. »
Car sans l’Indépendance, fait-il comprendre, « nous ne pourrions pas nous identifier comme Mauriciens. Nous sommes aujourd’hui une nation souveraine, libre d’exercer notre propre pouvoir et d’utiliser nos ressources dans l’intérêt de notre peuple ». Ainsi, selon lui, en tant qu’État indépendant, « nous devrions promouvoir le patriotisme, la liberté, la solidarité et la prospérité ».
Le jeune Quatrebornais de 19 ans encourage les jeunes à se mettre au service de leur pays et à contribuer à son développement économique et social. « La jeunesse d’aujourd’hui doit s’engager pour le pays. C’est à nous de construire la République de Maurice de demain. Nous sommes responsables de notre avenir. »
Dans la peau du Premier ministre au NYP, Harsh Dakshesh Dabidin dit avoir vu « des jeunes patriotes enthousiastes, prêts à travailler dans l’intérêt commun de notre nation ». Cette expérience, déclare-t-il, lui a permis de découvrir le potentiel de la jeunesse mauricienne. « Notre pays est entre de bonnes mains et nous avons un formidable avenir devant nous si nous restons fidèles à nos valeurs et à nos principes. Comme dit le proverbe japonais, ‘Shinzo Wo Sasageyo’ - Dévouons notre cœur ! »
Vaishali Moongah : «C’est à tout un chacun de faire ses preuves»
C’est dans les travées de l’opposition qu’elle s’est retrouvée lors du NYP. En tant que jeune, Vaishali Moongah, 23 ans, étudiante en droit à l’université de Maurice, confie se sentir investie de la mission d’aider à façonner un monde plus juste, plus paisible et plus durable. Membre exécutif d’une société d’étudiants en droit, elle s’implique dans des projets visant un débat public.
Interrogée sur le rôle des jeunes dans la préservation et la promotion de la richesse culturelle de l’île Maurice, elle parle du besoin d’une participation active des jeunes. « Ils peuvent organiser des événements culturels, des festivals, des expositions et des ateliers qui mettent en valeur les différentes cultures de l’île. Des conférences et des débats peuvent aussi être organisés pour sensibiliser les jeunes à l’importance de la pluriculturalité de Maurice », propose-t-elle.
De plus, souligne Vaishali Moongah, la jeunesse d’aujourd’hui est très active sur les réseaux sociaux et peut utiliser des plateformes telles que TikTok et Facebook pour promouvoir les différentes cultures de notre île. « Nous avons à portée de main la technologie requise pour préserver et promouvoir la richesse culturelle, c’est donc à tout un chacun de faire ses preuves. Les jeunes d’aujourd’hui sont l’avenir du pays. »
Kimberly Issac : «Les jeunes sont les principaux agents du changement»
Kimberly Isaac, 18 ans, élève en dernière année au collège d’État Dr Maurice Curé, a à cœur de servir son pays. « Être jeune signifie changement, progrès et avenir. »
Pour cette jeune Mauricienne, qui s’est glissée dans la peau de la ministre du Tourisme au NYP, il est important de s’engager pour le pays. « Nous, les jeunes, représentons non seulement l’avenir de notre pays, mais nous sommes également l’un des principaux agents du changement et du progrès de la société », fait-elle ressortir.
Mais pour ce faire, il est important de se rappeler l’Indépendance proclamée le 12 mars 1968. « Peu après l’obtention de notre indépendance, la promotion de l’éducation gratuite par sir Seewoosagur Ramgoolam a permis à chacun d’avoir un droit égal à l’éducation. En conséquence, nous, les Mauriciens et les jeunes, sommes sur la bonne voie pour acquérir une meilleure qualité de vie et sommes en mesure de profiter pleinement de la vie sans restriction ni peur. Cette liberté de vision et de choix nous a permis d’avoir le droit d’étudier, de devenir des professionnels et de contribuer largement à Maurice afin de faire de notre pays un endroit meilleur », affirme-t-elle.
L’indépendance, poursuit-elle, a permis au pays d’avancer et de prendre des initiatives et des risques pour se développer davantage. Et à travers la promotion des différentes cultures et communautés présentés à Maurice, dit-elle, c’est « l’unicité » du peuple qui est célébrée.
Juan Pierre : «Seule l’action pourra promouvoir la compréhension d’autrui»
Juan Pierre multiplie les initiatives philanthropiques depuis son plus jeune âge. Aujourd’hui, en tant que « Chief of Staff » du National Forum for Colleges Mauritius (NAFCO), Head Boy du collège St-Joseph et représentant de Maurice au Pan African Youth Support Programme, il ambitionne de devenir homme politique, voire Premier ministre du pays.
Celui qui a endossé le rôle de Chief Whip au NYP fait comprendre que la préservation et la promotion de la richesse culturelle de l’île est au cœur de sa mission. « L’interaction est la première pierre d’une coalition. Être entouré de jeunes partageant mes idéaux, mais également d’opinions et de cultures différentes, permet l’infusion du mauricianisme dans nos âmes et nos cœurs, enn santiman fier comme on dit. »
Toutefois, Juan Pierre constate un manque d’intention. « Un frein lié à la peur du regard de l’autre, mais surtout la peur de faire le premier pas, nous crispe et nous empêche d’avancer vers la conservation de notre patrimoine. » Ainsi, il invite tous les jeunes à croire en eux et à croire qu’ils peuvent être des ambassadeurs de Maurice à leur façon. « Si nous voulons promouvoir notre abondance culturelle, nous aurons besoin d’agents du changement, un rôle que chaque Mauricien devrait endosser, car nous oublions souvent que ce petit bout de terre est notre île, notre fierté. »
Ce jeune en est intimement persuadé : « Si dans l’éducation il n’y a pas d’union, comment voulez-vous que nous bâtissions une légion soudée ? » Pour lui, « Acta, non verba » devrait être le mot d’ordre de nos jeunes. « ‘L’action, non pas les mots’. Seule l’action pourra promouvoir la compréhension d’autrui, ce qui est important à l’éclosion d’une nouvelle ère tatouée par notre richesse culturelle. »
Nelly Vencatachellum : «Enseigner aux élèves la citoyenneté»
C’est dans la peau de la ministre du Développement industriel, des PME et des coopératives que Nelly Vencatachellum s’est glissée à l’occasion du NYP. « Cela m’a permis de mieux comprendre le fonctionnement du Parlement en temps réel et la responsabilité qui repose sur les épaules d’un représentant du peuple », confie cette jeune de 20 ans.
Cette expérience est en accord avec l’engagement civique et politique que poursuit l’étudiante en deuxième année de droit et justice pénale à l’université de Maurice. Un engagement qu’elle estime essentiel pour faire des jeunes Mauriciens « des citoyens informés et responsables qui contribuent positivement à la société. Les jeunes sont l’avenir du pays ».
Selon l’habitante de Highlands, l’un des meilleurs moyens d’encourager cet engagement chez les jeunes est de leur offrir des occasions de participer activement aux activités communautaires. « Par exemple, ils peuvent se renseigner sur les besoins de leur communauté et développer des compétences qui leur permettront de devenir des membres actifs et engagés de la communauté. »
L’éducation, poursuit-elle, est également un composant essentiel de la promotion de l’engagement civique et politique des jeunes. « Pour accroître cet engagement, les écoles peuvent enseigner aux élèves leurs droits et responsabilités en tant que citoyens. De plus, il est aussi possible d’enseigner aux élèves les structures gouvernementales et comment ils peuvent s’engager avec elles », affirme la jeune femme.
Nelly Vencatachellum plaide pour le développement de la pensée critique, la communication et le leadership, en encourageant les jeunes à exprimer leurs opinions et leurs idées. « Cela peut se faire à travers un espace où les jeunes peuvent librement partager leurs points de vue et leurs idées sans crainte de jugement, comme par exemple lors de réunions de conseils étudiants, de forums de jeunes et de médias sociaux entre autres. »
Mais avant tout, souligne la jeune femme, les parents, les enseignants et les dirigeants communautaires doivent servir de modèles positifs. « Les jeunes sont plus susceptibles d’imiter le comportement de ceux qu’ils admirent et respectent. Par conséquent, les adultes doivent faire preuve de citoyenneté active. »
Sabah Wahedna : «La préservation de notre identité pluriculturelle est un devoir»
Vice-Première ministre, ministre des Collectivités locales et de la réduction des risques. Autant de casquettes qu’a portées Sabah Wahedna, 21 ans, étudiante en science politique, au NYP. Toutefois, les débats ne sont pas une nouveauté pour elle. Elle a participé, à cinq reprises, à la Conférence internationale des Nations unies (MUN), où elle a été la déléguée de Maurice.
Et elle reste convaincue que les jeunes ont un devoir civique et patriotique de contribuer à la préservation de l’identité pluriculturelle de Maurice. « Il est impératif que nous prenions conscience de nos racines et que nous abordions ce sujet avec urgence. Nos ancêtres, issus de l’Afrique, de l’Europe, de l’Inde et de la Chine, ont instauré différentes coutumes et nous ont transmis des valeurs qui, aujourd’hui, constituent l’histoire et la beauté de notre petite île multiculturelle. Il est de notre devoir de perpétuer l’héritage laissé par nos ancêtres, de préserver et de promouvoir notre diversité culturelle dans cette ère de modernité », insiste-t-elle.
La jeune Mauricienne souligne l’importance de l’apprentissage des langues ancestrales par les jeunes. « Il faut accorder davantage d’importance aux langues enseignées dans les écoles primaires, telles que le kreol, le marathi, le tamoul, l’ourdou, l’hindi, le mandarin, etc. Cela contribuera à la promotion de la diversité culturelle. »
Autre proposition : la mise sur pied d’un événement interculturel rassemblant toutes les communautés et les cultures de Maurice. « Ce serait l’occasion pour chaque communauté de mettre en avant ses chants, danses traditionnelles, cuisines, tenues vestimentaires et langues ancestrales. Un tel événement permettrait non seulement de promouvoir le patrimoine culturel mauricien, mais aussi de constituer une attraction touristique et publique, en particulier pour les jeunes. »
Selon elle, cette initiative permettra aux jeunes « d’élargir leurs horizons mais également de favoriser un respect mutuel vis-à-vis de toutes les cultures et du vivre-ensemble, contribuant ainsi à bâtir le mauricianisme ».
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !