Dix pylônes sur 275 000 sont tombés durant le passage de Berguitta. Au Central Electricity Board, on indique que ces incidents devraient être du passé, avec 15 % du réseau de distribution actuellement étant souterrain. L’objectif est d’atteindre un taux de 50 % en 2025.
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Une dizaine de pylônes électriques ont fait les frais de Berguitta, avec des conséquences sans doute plus graves si les prévisions catastrophistes s’étaient avérées. Ce qui a soulevé des questions sur l’état du réseau de distribution du Central Electricity Board (CEB) et sa capacité à tenir le choc d’un cyclone.
Si certains montrent du doigt les standards adoptés par les compagnies chargées de l’installation des pylônes, le CEB rassure en affirmant que les normes sont respectées et que de toute façon, une campagne d’enfouissement du réseau de distribution a déjà démarré. L’objectif : avoir 50 % des câbles sous terre d’ici 2025. Cyclone ou pas, on devrait alors être tranquille.
D’ailleurs, les inquiétudes concernant la solidité des pylônes en temps cyclonique devraient être du passé à terme. Chavan Dabeedin, gestionnaire du CEB responsable de la production et de la distribution, explique : « En 2025, la moitié de notre réseau sera sous terre. Nous investissons pratiquement Rs 1 milliard par an pour cela. Il faut savoir qu’un câble souterrain est dix fois plus cher qu’un câble aérien. »
Critiques
À l’heure actuelle, environ 15 % du réseau est souterrain. Priorité est accordée aux centres urbains. « Vous aurez constaté que pour tout nouveau morcellement, il n’y a pas de câbles aériens. Nous avons aussi commencé à Vacoas, Rose-Hill, Curepipe et une bonne partie de Port-Louis », fait ressortir Chavan Dabeedin.
Malgré ces initiatives, certains critiquent la politique en place. Un ancien cadre du CEB affirme que les problèmes remontent à plusieurs années. « Depuis que le CEB existe, les normes n’ont jamais été respectées. On creusait les trous, mais on n’y coulait pas du ciment. » Le CEB n’aurait pas non plus toujours opté pour les plus compétentes des compagnies pour faire le travail, privilégiant le bon marché ou parfois la proximité avec le pouvoir en place. Des critiques qui rappellent celles qui ont émané du CEB la semaine dernière durant le passage du cyclone.
Ce qui a fragilisé les pylônes qui n’ont pas supporté les assauts de Berguitta, selon notre source, c’est le fait qu’il y ait eu des averses avant même l’arrivée du cyclone. « La terre autour était déjà saturée d’eau et donc ramollie. Quand on y ajoute le vent, il est normal que les pylônes tombent. Mais si le CEB avait respecté les normes, on n’aurait jamais eu de problèmes. La solution ? Consolider les pylônes en retenant les services d’une firme fiable. »
Pour la direction du CEB, ces critiques ne sont pas justifiées. Chavan Dabeedin estime que l’organisme a beaucoup fait ces deux dernières années pour améliorer le réseau, sans compter le fait qu’il s’assure que les normes sont respectées. « La profondeur d’implantation des pylônes est déterminée par nos propres ingénieurs civils. En 2000, Tractebel, une firme belge spécialisée en la matière, a vérifié notre réseau. Elle l’a trouvé aux normes. » Pour les pylônes de distribution de 22 kV, par exemple, la profondeur standard est de 1 m 80.
Effets de la pluie et du soleil
Ce qui poserait surtout problème, selon lui, c’est le fait que la majorité des pylônes se trouve en bordure de route. « Ils subissent les effets de la pluie et du soleil. Il arrive aussi que des véhicules et des camions les frôlent. On peut ne pas avoir de signes externes, mais avoir des fêlures à l’intérieur », précise le gestionnaire.
Pour ce qui est des sociétés chargées des travaux, Chavan Dabeedin indique que ce sont les mêmes qui travaillent pour le CEB depuis au moins 25 ans. « Nous avons un Senior Technical Officer qui vérifie les trous creusés pour l’installation des pylônes. De toute façon, si vous creusez moins profond, cela se verra car il y en aura certains qui seront plus hauts que d’autres. Le CEB retient les services de six firmes pour les câbles aériens et de quatre pour les souterrains. Toutes sont formées au Centre de formation et de perfectionnement professionnel que contrôle le CEB. »
Seety Naidoo, Chairman du CEB, se dit satisfait de ce qu’il considère être la solidité du réseau durant le passage de Berguitta. « Sur les 275 000 pylônes du pays, seulement 10 nous ont causé des problèmes. Ce n’est pas un drame. Mais bien évidemment nous essayons en permanence de voir comment nous pouvons nous améliorer. »
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