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Cas local de COVID-19 - Dr Nand Pyndiah : «Le protocole n’a pas été respecté»

Dr Nand Pyndiah, virologue.

Le débat enfle autour du cas « atypique » de COVID-19 que Maurice a enregistré le jeudi 12 novembre 2020. La thèse avancée jusqu’ici par le Dr Catherine Gaud pour l’expliquer est « rejetée » in toto par divers spécialistes. Pour eux, le protocole n’a pas été respecté.

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L’homme de 60 ans qui est revenu de son voyage en Australie était-il positif ou négatif à la COVID-19 quand il a été testé à son arrivée à Maurice ? C’est la question qui taraude le Dr Nand Pyndiah, qui est virologue. Pour lui, « le protocole n’a pas été respecté ». Il a des hypothèses sur ce cas positif enregistré le jeudi 12 novembre 2020. L’une d’elles est que le premier test auquel a été soumis le patient était sans doute un « faux positif », ce qui fait que l’homme s’est retrouvé au New ENT Hospital pour des traitements. C’est ce qui expliquerait, selon le spécialiste, que les deux tests effectués par la suite se sont révélés négatifs. 

Le Dr Nand Pyndiah indique que toute personne qui est testée une première fois positive doit subir un second test afin de vérifier s’il est correct. « Pourquoi quand un test est négatif on fait un deuxième test après 24 heures, alors que lorsqu’il est positif, on ne le vérifie pas et on envoie le patient à l’hôpital pour son traitement ? », se demande-t-il. Avec le test PCR il peut y avoir de « faux positifs » et de « faux négatifs », prévient le virologue. Il s’interroge également sur la manière dont le test a été effectué. 

Le virologue fait également ressortir que c’est après la période d’incubation, qui peut durer jusqu’à 10 jours, que l’homme a commencé à être malade et à développer des symptômes de la COVID-19. Le patient a en effet commencé à être souffrant plusieurs jours après son arrivée, d’où le test positif du 12 novembre 2020. Pour le Dr Nand Pyndiah, « il ne s’agit pas d’un atypique ». Selon lui, vu que le patient était déjà en traitement, il aurait dû terminer sa période de quatorzaine au lieu d’être autorisé à rentrer chez lui. « Je pense que le protocole n’a pas été respecté », estime-t-il. 

Avis partagé par deux pathologistes qui ont requis l’anonymat. Il est indéniable pour eux que le patient n’aurait pas dû être autorisé à rentrer chez lui avant de terminer les 14 jours de la période de quarantaine que tous ceux concernés doivent subir. « Est-il logique qu’une personne qui ait été testée positive une première fois et qui ait été placée en traitement à la New ENT Hospital puisse rentrer chez elle après neuf jours alors que ceux qui ont été testés négatifs dans les centres de quarantaine ne peuvent pas sortir avant 14 jours ? » se demande l’un d’eux. Pour lui, le protocole est le même pour les personnes en quarantaine et les patients en traitement. Il faut respecter les deux semaines d’isolement. 

Selon lui, s’il fallait suivre les explications du Dr Catherine Gaud, cela voudrait dire qu’une personne testée négative en quarantaine aurait dû pouvoir rentrer chez elle au bout de cinq jours. « Ils essaient de berner la population », lâche-t-il. Il ajoute que c’est de l’irresponsabilité d’avoir autorisé le sexagénaire à quitter le milieu hospitalier.


Nouvelles recommandations de l’OMS

Dans un document en date du 17 juin 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) donne de nouvelles recommandations dans le cadre d’orientations plus complètes sur la prise en charge clinique. Ces critères s’appliquent à tous les cas de COVID-19, « quel que soit le lieu d’isolement ou la gravité de la maladie », souligne le document. Voici ce que dit l’OMS au sujet des « critères pour la levée de l’isolement des patients (c’est-à-dire la levée des mesures de précaution pour éviter la transmission) sans qu’un nouveau test soit nécessaire » :  

Pour les patients symptomatiques 

Dix jours après l’apparition des symptômes, plus au moins trois jours d’absence de symptômes (y compris la fièvre et les symptômes respiratoires)

Pour les cas asymptomatiques 

Dix jours après un test positif pour le SARS-CoV.

Parmi les raisons évoquées par l’OMS dans le document pour justifier ce changement, nous notons : « L’excrétion virale prolongée autour de la limite de détection donne des résultats négatifs puis des résultats positifs, ce qui érode inutilement la confiance à l’égard du système de laboratoires. »


Dr Catherine Gaud : «Il n’y a pas eu d’erreur»

Le Dr Catherine Gaud maintient que le cas de l’homme de 60 ans, qui est rentré d’Australie et qui a été testé « positif » à la COVID-19 puis « négatif » est bien « atypique ». Sollicitée par téléphone le samedi 14 novembre 2020, la Senior Advisor au ministère de la Santé a dit qu’il est difficile de comprendre ce qui a bien pu se passer. « Nous avons tout contrôlé. Nous nous sommes assurés qu’il était bien positif à son arrivée à Maurice et que les numéros de série correspondaient bien à ses prélèvements », a-t-elle affirmé. 

Mais une erreur d’étiquetage n’est pas à exclure, vu qu’il y a eu une manipulation humaine lors des analyses. « Il n’y a pas eu d’erreur. Nous avons tout contrôlé trois fois. Le test PCR était bien positif quand il est allé au New ENT Hospital. Puis il a été testé négatif avant d’être autorisé à rentrer chez lui. »

Le Dr Gaud a concédé qu’un autre protocole aurait pu être utilisé sur le nombre de jours pendant lesquels un patient doit rester après deux tests PCR négatifs. Elle a souligné que des discussions sont en cours pour savoir s’il faut revoir le protocole. 

Mais en attendant, a-t-elle fait ressortir, celui approuvé par l’Organisation mondiale de la santé est de 10 jours, sans faire de test. « Mais quand on fait le test, on continue à le faire aussi longtemps que le patient est porteur du virus. » Le cas échéant, à partir du 7e jour, il subit un test. Si celui-ci est négatif, la procédure est répétée après 24 heures. Si cet autre test est négatif, le patient peut rentrer chez lui, explique-t-elle. « Le test PCR n’est certes pas fiable à 100 %, mais avec deux PCR dans un court délai, on est sûr à presque 100 % que la personne est négative ».

Contact Tracing

Aucun cas positif parmi les échantillons analysés à samedi 

L’épouse de l’homme de 60 ans est toujours négative à la COVID-19. Selon le Dr Catherine Gaud, le couple et leur fils ont été très coopératifs en donnant le maximum de détails possibles afin que le traçage des cas contacts puisse se faire convenablement. Plusieurs centaines de personnes ont été contactées jusqu’à présent grâce aux informations qu’ils ont données mais aussi aux images des caméras de surveillance de la clinique Muller et d’une autre clinique des hautes Plaines-Wilhems. Un véritable travail de fourmi pour retracer tout leur parcours. Lors de l’exercice de traçage, 400 échantillons ont été prélevés. Les tests PCR se sont révélés négatifs jusqu’ici, indique un communiqué du ministère de la Santé émis le 14 novembre. L’exercice de Contact Tracing se poursuit, selon le ministère.

  • LDMG

 

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