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L'ONU dénonce l'utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a qualifié mardi de "crime de guerre" l'utilisation de la nourriture comme une arme à Gaza, exhortant l'armée israélienne à "cesser de tirer sur les personnes qui tentent de s'en procurer".

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L'actuelle distribution de l'aide humanitaire à Gaza, confiée à un organisme soutenu par Israël et les Etats-Unis et qui donne lieu à des scènes chaotiques, est "une abomination", a dénoncé le responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini lors d'une conférence de presse à Berlin.

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a commencé à distribuer de la nourriture à Gaza le 26 mai, après qu'Israël a complètement interrompu l'approvisionnement du territoire palestinien pendant plus de deux mois, ce qui a suscité des mises en garde contre une famine massive.

"L'utilisation de la nourriture à des fins militaires, faite à l'encontre des civils, non seulement restreint ou empêche leur accès à des services vitaux, mais aussi constitue un crime de guerre", a déclaré pour sa part mardi un porte-parole du Haut-Commissariat, Thameen Al-Kheetan, lors d'un point de presse à Genève, tout en soulignant que ce n'était pas à l'ONU de dire qui était "coupable".

"Les personnes désespérées et affamées de Gaza continuent d'être confrontées au choix inhumain de mourir de faim ou de risquer d'être tuées en essayant d'obtenir de la nourriture", a-t-il dit.

L'ONU et des ONG humanitaires refusent de travailler avec la GHF, organisation au financement opaque, en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Lundi, plusieurs organisations de défense des droits humains ont appelé la GHF à cesser ses opérations, mettant en garde contre des risques de complicité de "crimes de guerre".

Depuis qu'elle a commencé ses opérations sur le terrain, GHF affirme avoir distribué près de 40 millions de repas mais ONU et ONG estiment que les quantités sont très insuffisantes au regard des besoins.

 

"Piège mortel" 

"Le soi-disant mécanisme d'aide récemment créé est une abomination qui humilie et dégrade les personnes désespérées. C'est un piège mortel, coûtant plus de vies qu'il n'en sauve", a déclaré mardi à Berlin M. Lazzarini.

Sur place, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) est surnommée "la Fondation humiliante de Gaza", car c'est ce que les Gazaouis "ressentent en ce moment", a-t-il encore dit.

M. Kheetan a mis en garde contre des "scènes de chaos autour des points de distribution de nourriture" de la GHF.

Depuis que l'organisation a commencé à fonctionner, "l'armée israélienne a bombardé et tiré sur les Palestiniens qui tentaient d'atteindre les points de distribution, ce qui a entraîné de nombreuses pertes de vie", a-t-il déclaré.

Il a indiqué que "plus de 410 Palestiniens auraient été tués en conséquence (...) par l'armée israélienne" tandis qu'"au moins 93 autres auraient également été tués par l'armée israélienne alors qu'ils tentaient de s'approcher des rares convois d'aide de l'ONU et d'autres organisations humanitaires".

L'ONU vérifie ces chiffres qui proviennent des autorités sanitaires palestiniennes et d'autres sources, y compris des ONG, a-t-il dit à l'AFP, affirmant qu'il est possible dans les deux cas que davantage de personnes aient été tuées par d'autres.

"Au moins 3.000 Palestiniens ont été blessés lors de ces incidents", a-t-il ajouté, pendant le briefing.

"L'armée israélienne doit cesser de tirer sur les personnes qui tentent d'obtenir de la nourriture", a affirmé M. Kheetan, qui a également demandé à Israël "d'autoriser l'entrée de nourriture et d'autres formes d'aide humanitaire nécessaires à la survie des Palestiniens de Gaza".

"Les restrictions illégales sur le travail de l'ONU et des autres acteurs humanitaires doivent être immédiatement levées", a-t-il ajouté.

Le porte-parole a aussi appelé la communauté internationale à "prendre des mesures concrètes pour s'assurer qu'Israël - la puissance occupante à Gaza - respecte son obligation de veiller à ce que la population reçoive suffisamment de nourriture et de produits de première nécessité".

"Les principes humanitaires doivent être rétablis. La communauté humanitaire, y compris l'Unrwa, dispose de l'expertise et doit être autorisée à faire son travail", a réclamé Philippe Lazzarini à Berlin.

© Agence France-Presse

  • Nou Lacaz

 

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