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Cancer du sein : le combat de Nasya

Nasya plaide pour des campagnes de sensibilisation continuelles.

C’était un geste routinier, presque machinal. En cette période festive de décembre 2023, lors de son autopalpation habituelle, Nasya (prénom d’emprunt) sent sous ses doigts une anomalie dans son sein. Une petite grosseur. Dans l’effervescence des fêtes de fin d'année, elle repousse l’inquiétude. « Je me suis dit que ce n’était rien de grave », confie-t-elle aujourd’hui, la voix teintée de regret. 

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Janvier arrive, apportant avec lui les préparatifs de l’anniversaire de son fils. Une fois encore, la visite médicale est repoussée, l’inquiétude enfouie sous le tourbillon du quotidien.

Le destin choisit février pour sonner l’alarme. Un soir, devant la télévision en compagnie de son époux, Nasya regarde une émission sur le cancer avec le Breast Cancer Care (BCC). La voix de Shamima Patel, présidente de l’ONG, résonne comme un électrochoc lorsqu’elle énumère les symptômes du cancer du sein. « C’est à ce moment précis que j’ai compris qu’il fallait absolument que j’aille me faire ausculter », se souvient-elle.

Accompagnée de son époux, elle franchit les portes de « Lakaz Warriors » de l’ONG BCC à Vacoas. L’accueil est chaleureux, mais l’examen médical révèle rapidement une réalité « suspecte » nécessitant une consultation avec un chirurgien mammaire. Deux semaines d’attente angoissante plus tard, après biopsie et examens approfondis, le verdict tombe comme un couperet : cancer du sein, stade trois. 

« Le monde s’est arrêté de tourner », confie Nasya. « Comment accepter une telle nouvelle, surtout quand votre fils prépare ses examens de fin de cycle secondaire ? Je n’ai pas dormi pendant un mois entier, tandis que je cherchais désespérément à comprendre pourquoi cette maladie m’avait choisie. »

L’ironie du sort est cruelle : Nasya incarnait l’image même de la santé. Aucun antécédent familial de cancer, une hygiène de vie irréprochable, des autopalpations régulières, et même un récent test qui n’avait rien révélé d’anormal. « C’est une des raisons pour lesquelles je ne me suis pas inquiétée outre mesure en sentant cette grosseur », admet-elle. « Je ne présentais aucun signe précurseur. Je travaillais normalement et pratiquais mes activités physiques sans problème. »

Le diagnostic a tout bouleversé. Du « pourquoi moi ? » initial, empreint de découragement et de culpabilité, Nasya est passée, cette année, à une réflexion plus profonde : « Pourquoi pas moi ? ». Elle explique avec une lucidité touchante : « Le cancer ne choisit pas ses victimes. C’est une cellule qui devient défectueuse avant de se propager dans le corps. » En s’informant sur la maladie, elle a appris à mieux l’accepter et à affronter les traitements avec détermination et courage.

Le parcours thérapeutique s’est révélé être un véritable chemin de croix : chimiothérapie éprouvante, perte des cheveux dévastatrice, effets secondaires accablants. Dans cette traversée du désert, le BCC a été d’un soutien précieux. « Ils ont su préserver ma dignité », raconte-t-elle avec émotion. « Une perruque quand mes cheveux sont tombés, un soutien-gorge adapté après l’ablation... Ces gestes peuvent sembler anodins, mais ils m'ont aidée à garder ma féminité intacte. » Quant à la reconstruction mammaire proposée, Nasya fait preuve d’une grande sagesse : « Je dois d'abord faire la paix avec mon corps tel qu'il est et l’accepter. »

Sa rencontre avec d’autres guerrières du cancer a transformé sa vision de la maladie. « Trop de femmes souffrent dans l’ombre, ignorant où trouver de l’aide », déplore-t-elle. Désormais, elle devient elle-même messagère d’espoir, guidant celles qu’elle croise vers le BCC et son précieux soutien, notamment en matière d’aide sociale. 

Aujourd’hui, la gratitude illumine son regard. Gratitude pour un diagnostic qui, bien que tardif, est arrivé à temps, lui permettant de bénéficier des traitements adéquats. « Mon apparence trompe », sourit-elle. « En me regardant, personne ne devinerait mon combat. Je n’ai jamais eu de symptômes et, même maintenant, on ne pourrait pas deviner que je suis une patiente cancéreuse. » 

Sa reconnaissance s’étend à son cercle proche : son époux qui a mis sa carrière entre parenthèses pendant un an pour être à ses côtés, son fils, sa famille, et le personnel du National Cancer Centre.

Forte de son expérience, Nasya milite désormais pour une sensibilisation plus large, incluant les hommes dans les campagnes de prévention. « Beaucoup ne sont pas suffisamment informés sur le cancer. Il faut mener des campagnes de sensibilisation en continu », affirme-t-elle. Son message final résonne comme un cri d’urgence pour une prise en charge rapide : « Kanser pa pou atann ou, li pou evolie dan ou lekor, anvayir partou ek touy vit si pa fer nanye. »

 

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