
Le CEB et le ministère de l’Énergie reconsidèrent leur projet de centrale électrique flottante à Port-Louis. Face aux enjeux environnementaux et économiques, cette décision pourrait redéfinir l’avenir énergétique du pays et susciter un débat essentiel.
Annoncé en mai dernier comme une solution stratégique pour répondre à la demande croissante en électricité, le projet de barge énergétique provoque désormais des réserves en raison de ses implications environnementales et de son coût élevé. Cette révision intervient alors que la consommation électrique enregistre des pics. Le 5 février 2025, elle avait atteint 567,9 mégawatts, soit une hausse de 42 mégawatts en quelques semaines.
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Lors d’une conférence de presse tenue le 8 mai 2025 à Port-Louis, Patrick Assirvaden, ministre de l’Énergie, avait présenté l’installation temporaire d’une barge énergétique dans la région de Le Goulet comme une réponse aux défis énergétiques actuels. Avec une capacité installée totale de 626 mégawatts sur le réseau national, le CEB peine à répondre à une demande atteignant 600 mégawatts en période de pointe.
Cette situation est exacerbée par des pannes techniques fréquentes et des conditions d’exploitation dégradées des équipements existants. Elle a conduit le gouvernement à envisager des solutions innovantes pour renforcer la sécurité énergétique. La barge énergétique, alimentée en produits pétroliers depuis la centrale de Fort Victoria, devait fournir entre 90 et 110 mégawatts supplémentaires d’ici janvier 2026, pour une durée de cinq ans.
Péril environnemental
Cependant, des préoccupations environnementales ont émergé, mettant en lumière les risques associés à ce type d’infrastructure. Les centrales électriques flottantes, bien que mobiles et flexibles, rejettent des volumes significatifs d’eau chaude dans les mers, ce qui pourrait perturber l’écosystème marin, notamment les récifs coralliens et la faune aquatique de la région portuaire. De plus, l’utilisation de combustibles fossiles pour alimenter ces centrales flottantes soulève des inquiétudes quant à leur impact en termes de pollution atmosphérique et marine, en contradiction avec les ambitions de transition énergétique verte de Maurice.
À ces enjeux environnementaux s’ajoute une contrainte financière majeure. Le coût d’exploitation d’un « powership », incluant les frais portuaires et les accords sur le prix du kilowattheure, s’avère particulièrement élevé. Un appel d’offres avait été lancé pour concrétiser ce projet, mais il risque désormais de ne pas aboutir.
Plan B : des centrales mobiles
Face à ces obstacles, le CEB a opté pour un plan alternatif : le déploiement de centrales mobiles d’une capacité totale de 60 mégawatts (2 x 30 MW). Ces unités seront installées à proximité des centrales existantes, comme celle de Fort Victoria, afin de renforcer leur capacité de production sans les inconvénients environnementaux et financiers d’une barge énergétique.
Cette réorientation stratégique reflète la volonté du gouvernement de concilier sécurité énergétique et préservation de l’environnement, tout en répondant aux besoins croissants de la population et aux exigences des projets de développement économique.
Alors que le pays vise à renforcer sa résilience énergétique d’ici 2026, la décision d’abandonner ce projet au profit de solutions terrestres marque un tournant. Les détails de l’appel d’offres pour les centrales mobiles devraient être précisés dans les mois ou semaines à venir.

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