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Bangladesh : peine de mort envisagée pour la mortalité routière «délibérée»

Les manifestations se sont multipliées à travers le Bangladesh, après la mort de deux jeunes percutés par un bus qui roulait trop vite.

Le gouvernement bangladais s'est engagé lundi à demander la peine de mort en cas d'accident de la route mortel "causé délibérément", dans le but de calmer les manifestations contre l'insécurité routière secouant le pays depuis plus d'une semaine.

Le ministre de la Justice Anisul Huq a déclaré lundi à l'AFP que le gouvernement a approuvé une loi autorisant la peine capitale "si l'enquête prouve que la mort dans un accident de la route a été causée délibérément".

Cette déclaration fait suite aux manifestations qui se sont multipliées à travers le pays, après la mort de deux jeunes percutés par un bus qui roulait trop vite.

Dans le quartier de Rampura à Dacca, des heurts ont à nouveau opposé lundi des centaines d'étudiants réclamant une meilleure sécurité routière à la police, qui a utilisé des gaz lacrymogènes pour les disperser, a affirmé à l'AFP le chef de la police locale, Rafiqul Islam. "Ils ont tenté de mettre le feu à un camp de police", a-t-il dit, ajoutant que quatre policiers ont été blessés. 

Des étudiants ont raconté de leur côté à l'AFP que la police avait tiré des balles de caoutchouc sur les manifestants dans le quartier de deux universités privées, et que des membres de la branche étudiante du parti au pouvoir, la Ligue Awami, les ont attaqués à l'aide de matraques et de briques, faisant au moins trois blessés.

De nombreuses personnes ont été blessées depuis samedi par les gaz lacrymogènes et par les attaques de groupes fidèles au gouvernement contre des manifestants, des photographes et contre une voiture dans laquelle se trouvait l'ambassadrice américaine, Marcia Bernicat. Celle-ci est sortie indemne de l'attaque, menée par "des hommes armés", selon l'ambassade des Etats-Unis. 

Cette dernière a déclaré que, même si elle n'approuvait pas les destructions "insensées" de biens, "rien ne pouvait justifier les attaques brutales et les violences contre les milliers de jeunes gens qui ont exercé pacifiquement leurs droits démocratiques en militant pour un Bangladesh plus sûr".

Au cours des neuf derniers jours, des dizaines de milliers d'étudiants ont mis le feu à huit bus et bloqué Dacca ainsi que d'autres parties du pays pour réclamer une meilleure sécurité routière. 

Attirant la presse étrangère et provoquant des critiques de l'ONU et d'associations de défense des droits de l'homme, ces affrontements se sont transformés en véritable épreuve pour le gouvernement de la Première ministre Sheikh Hasina, à un peu moins de quatre mois des élections.  

Un photographe connu arrêté 

Les manifestations ont pris une tournure violente samedi, des tirs de balles en caoutchouc de la police faisant plus de cent blessés, selon les étudiants et des médecins.

A la suite de ces événements, les réseaux 3G et 4G ont été coupés dans plusieurs régions. La Première ministre a appelé, sans succès, les étudiants à rentrer chez eux. 

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a appelé le gouvernement à arrêter de "réprimer violemment" les "manifestations étudiantes majoritairement pacifiques" et à relâcher immédiatement un photographe de presse renommé. 

Shahidul Alam, 63 ans, est détenu depuis dimanche soir pour des "propos provocateurs" tenus à la chaîne Al-Jazeera au sujet des manifestations. Selon l'un de ses collègues, il aurait été arrêté à son domicile par une vingtaine de policiers en civil. 

"Nous l'interrogeons parce qu'il a donné de fausses informations à différents médias et pour ses propos provocateurs", a déclaré à l'AFP Moshiur Rahman, un responsable de la police.  

Le photographe a déclaré avoir été brutalisé lors de sa garde à vue. "Ils ont lavé les taches de sang de ma tunique et me l'ont faite porter à nouveau". Ces derniers jours, il avait pris de nombreux clichés des manifestants, discutant ouvertement sur Facebook de ces événements.

© Agence France-Presse

 

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