Le ministre de l’Agro-industrie, Arvin Boolell, a livré un réquisitoire accablant mardi 13 mai à l’Assemblée nationale. Rose-Belle Sugar Estate (SE), fleuron d’antan de l’agro-industrie mauricienne, est au bord de la faillite. En cause : une décennie de mauvaise gestion, de décisions hasardeuses, et de dérives financières majeures.
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Créée en 1973 suite à l’achat des terres de Garth Waid et Halls pour Rs 18 millions, l’entreprise représentait un modèle de diversification agricole et d’innovation. Mais en 2024, les chiffres révèlent une chute brutale : la superficie cultivée est passée de 6 100 à 1 200 hectares en dix ans. Les activités d’élevage et de cultures vivrières ont été abandonnées.
Les indicateurs financiers sont alarmants. La société enregistre des pertes annuelles supérieures à Rs 70 millions, avec une dette cumulée de Rs 1,2 milliard. Son revenu annuel stagne à Rs 25 millions, alors que les dépenses d’exploitation atteignent Rs 177 millions. Le ministre souligne également une explosion des coûts opérationnels, passés de Rs 44 millions en 2014 à Rs 180 millions en 2024. Les salaires représentent 80 % des revenus,
Projets immobiliers
Selon un audit interne, Rose-Belle SE aurait acquis des intrants agricoles pour 3 000 hectares, alors que seulement 1 200 étaient cultivés. Depuis 2018, aucun bilan conforme aux normes comptables n’a été produit.
La situation des actifs est tout aussi critique : Rs 169 millions contre Rs 550 millions de passifs. En 2022, la direction aurait recouru à des découverts bancaires de Rs 1,2 milliard.
Le ministre dénonce également des ventes de terrains sans appel d’offres ni évaluation. Des parcelles ont été cédées à Rs 13 000 l’arpent, alors que le cadastre les estime entre Rs 25 000 et Rs 30 000.
Enfin, des projets immobiliers auraient été réalisés sans cadre rigoureux. Arvin Boolell évoque aussi Rs 97 milliards de pertes potentielles liées à des baux commerciaux sous-évalués.
Le ministre appelle à un audit indépendant, à une saisine de la Financial Crimes Commission et à une refonte complète de la gouvernance. Il propose un plan de redressement 2025-2029 axé sur la replantation de canne, la diversification agricole et la production d’énergie verte. Le document stratégique sera présenté au Parlement d’ici fin mai.
« Rose-Belle SE peut redevenir un acteur clé de notre autonomie alimentaire », a-t-il conclu.
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