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Au cœur de l’info : «Il n’y a pas de dignité pour les travailleurs étrangers»

Le syndicaliste Faizal Ally Beegun, Vasantro Saccaram du ministère du Travail et Leevy Frivet, consultant en relations industrielles.

Lundi, deux ouvriers bangladais sont tombés d’un échafaudage quand ils crépissaient une maison à Grand-Gaube. Le lendemain, Élodie Domun et Jean-Luc Émile sont revenus sur cette affaire dans l’émission Au Cœur de l’Info, sur Radio Plus.

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Pour le syndicaliste Faizal Ally Beegun, les travailleurs étrangers ont trop souvent droit à un traitement inhumain à Maurice et cela donne régulièrement mauvaise presse au pays. Vu leurs conditions de travail, certains préfèrent quitter leur emploi pour aller travailler illégalement ailleurs.

« On le voit de plus en plus. Et parfois, cela tourne au drame comme on l’a vu lundi », constate-t-il. Dans certains cas, les autorités partent à la chasse aux travailleurs illégaux, mais ceux-ci se font aussi maltraiter à leur arrestation. « Parfois, ils sont blessés au moment de leur arrestation. Même les trafiquants de drogue ne sont pas traités de cette façon. On parle d’êtres humains. Est-ce qu’on peut traiter des invités du gouvernement de la sorte ? », demande le syndicaliste pour qui les agents recruteurs sont les premiers coupables.

« Ils font rêver les travailleurs étrangers. De faux contrats sont dressés, mais une fois à Maurice, ils découvrent que les conditions et même les salaires sont totalement différents de ce qui leur avait été promis », affirme Faizal Ally Beegun. Et d’ajouter qu’ils « sont piégés ici car ils ont déboursé gros et ont parfois vendu des biens ou pris des emprunts pour venir ».

Leevy Frivet, consultant en matière d’affaires industrielles, affirme qu’il y a même des « agents recruteurs marrons », qui peuvent parfois être des Bangladais qui sont mariés à des Mauriciennes.

« En 2015, le ministre Soodesh Callichurn avait dit qu’il fallait arrêter de passer par les agents recruteurs. Il voulait passer par un accord de gouvernement à gouvernement. Mais, je ne sais pas pourquoi cela n’a pas abouti. »

Création d’une instance indépendante

Leevy Frivet plaide pour la création d’une instance indépendante qui peut se pencher sur les abus auxquels sont confrontés les travailleurs étrangers et qui peut écouter leurs doléances pour ensuite enquêter dessus.

Vasantrao Saccaram, Chief occupational safety and health officer of construction unit au ministère du Travail, souligne que les dortoirs sont visités par des pompiers et des officiers du ministère de la Santé et que ce n’est qu’ensuite que les permis sont accordés. « Si les normes ne sont pas respectées, on poursuit », dit-il. Actuellement, il y a 1 887 permis valides et 998 inspections ont été faites cette année-ci. « On fait des visites surprises et on prend des contraventions », ajoute-t-il.

Faizal Ally Beegun fait toutefois ressortir que certains arrivent à passer à travers les mailles du filet et c’est ainsi que l’on se retrouve à 90 personnes entassées dans un dortoir.

Puis, les affaires en cour prennent du temps pour être jugées et qu’entre-temps, les conditions restent les mêmes. « Il n’y a pas de dignité pour les travailleurs étrangers. »

Leevy Frivet souligne qu’il y a des failles dans le système. « Jamais personne n’a été condamnée pour trafic humain. Beaucoup de travailleurs étrangers ont peur de dénoncer leur employeur. »

Faizal Ally Beegun affirme qu’actuellement, il y a « 10 à 15 usines qui n’ont pas payé leurs travailleurs depuis des mois. Que doivent faire ces ouvriers ? Rester dans leur dortoir où ils ne reçoivent même pas de quoi manger? Parfois, c’est leur patron en personne qui leur incite à se sauver, car il n’a plus les moyens. Le travailleur illégal se fait arrêter, mais pas celui qui l’emploie ou qui le loge illégalement ».

 

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