Danaa Malabar tuée par son époux Brandon - « Mama deor ! » : deux enfants face à l’horreur

Deux enfants de 3 et 5 ans portent le poids d’un crime qu’ils ne comprendront peut-être jamais. Lors d’une énième dispute, leur père, Brandon Malabar, a mortellement poignardé leur mère. 

«Mama deor ! Mama deor ! » Le petit garçon, trois ans à peine, répète inlassablement cette phrase, toujours la même, comme une ritournelle qui ne s’éteindra pas. Il ignore encore que sa mère ne reviendra plus jamais. Que le mot « deor » résume désormais une absence infinie. Que celle qui l’allaitait, il y a encore quelques jours, a disparu pour toujours.

À ses côtés, sa sœur aînée, cinq ans, porte le poids d’une compréhension plus lucide. Elle aussi a perdu sa mère. Elle aussi devra grandir sans elle.

Deux enfants. Deux victimes du drame qui a secoué l’île Maurice cette semaine. Deux vies basculées en quelques heures, le jour où Danaa Laeticia Malabar, leur mère, a été poignardée à mort par l’homme avec qui elle partageait sa vie depuis six ans. Leur père, Brandon Malabar.

Danaa n’avait que 25 ans. Joyeuse, toujours souriante et pleine de vie, elle incarnait une certaine innocence. À Eau-Coulée, où elle avait grandi, on la connaissait comme une jeune femme douce et bienveillante. Mais elle était aussi, dira-t-on, « très naïve ». Quand elle a rencontré Brandon Malabar, domicilié à Beau-Vallon, elle a cru avoir trouvé le grand amour. Amoureuse et aveuglée par ses sentiments, elle avait quitté le toit familial « contre vents et marées » pour s’installer auprès de celui qui faisait battre son cœur.

Ses proches n’avaient pas approuvé ce départ. « Elle était encore jeune quand elle est partie », soupire sa tante. Sa mère, Vanessa, avait mal vécu cet éloignement. « Elle était l’aînée de mes trois filles », raconte-t-elle. Les deux femmes gardaient le contact par téléphone, mais Danaa gardait le silence sur ses souffrances, préférant ne pas alarmer celle qui lui avait donné la vie.

Après six ans de vie commune et la naissance de deux enfants, le conte de fées s’était mué en cauchemar. Mais peu le savaient. Sur TikTok, le couple affichait une complicité, une tendresse que les dizaines de milliers de followers prenaient pour argent comptant (voir plus loin). En réalité, les mots d’amour en ligne avaient cédé la place aux cris. Les sourires et les gestes tendres étaient remplacés par les coups et les larmes.

Danaa se confiait davantage à ses sœurs. « Parfois, elle m’appelait en pleurs pour dire que Brandon l’avait frappée. Je lui disais de revenir à la maison, mais elle refusait », explique l’une d’elles. La porte lui était pourtant toujours ouverte. Mais malgré la peur et la douleur, Danaa restait auprès de son mari, gardant espoir qu’il changerait.

« Elle a subi des coups et des humiliations. Elle n’a jamais osé porter plainte », raconte une tante. « Des vidéos TikTok où on voit Brandon au bras d’une ‘adolescente’ montrent qu’il lui était infidèle. » C’était une épreuve insupportable pour la jeune femme, qui s’efforçait malgré tout de préserver l’image de sa famille sur les réseaux sociaux.

Après avoir tout enduré en silence, une nouvelle dispute éclate le samedi 11 octobre. De guerre lasse, Danaa décide de se réfugier chez sa mère, à Eau-Coulée. Tôt ce dimanche 12 octobre, après avoir prévenu Vanessa de sa venue, elle arrive accompagnée de son fils… et de Brandon, qui lui criait dessus. « Ma fille est rentrée, puis elle est sortie pour me dire que Brandon lui avait pris son téléphone. Elle a tenté de le récupérer, mais il a brisé la carte SIM. Je lui ai dit qu’elle pouvait rester, qu’il y avait de la place », se souvient sa mère, les yeux emplis de larmes. Mais Danaa ressort pour s’expliquer avec son époux… avant qu’ils ne repartent ensemble avec leur fils. 

L’angoisse s’installe rapide-ment. « J’ai essayé de la joindre sans succès. Quand j’ai appelé Brandon, il m’a dit qu’ils s’étaient disputés en chemin et qu’elle l’avait laissé sur la route avec leur fils. Il répétait que c’était la faute de ma fille. Mais je savais que ce n’était pas vrai. Ma fille n’aurait jamais abandonné le petit qui tétait encore. »

Convaincue que quelque chose clochait profondément, Vanessa alerte la police d’Eau-Coulée. Le mercredi 15 octobre, le corps sans vie de Danaa est retrouvé dans une maison abandonnée à l’impasse Théodore-Sauzier. Elle avait été poignardée à la poitrine. Brandon finit par passer aux aveux.

Au moment du drame, l’enfant de 3 ans, qui était en compagnie de sa mère, avait été placé dans une pièce à côté, dans la maison abandonnée. Qu’a-t-il vu ? Qu’a-t-il entendu ? On ne le sait pas, mais ce qui est certain, c’est que cela restera à jamais gravé dans son jeune cœur, sous une forme qu’il ne pourra peut-être jamais véritablement exprimer. Il continue de réclamer sa mère. 

« Li ankor toultan pe rod so mama », confie Vanessa, le cœur lourd.

Deux enfants seront désormais élevés sans leur mère, et sans leur père pour un bon bout de temps, le temps d’une éventuelle sentence. C’est la grand-mère maternelle, Vanessa, qui a effectué la prise en charge des deux petits. Cette grand-mère, consciente de l’importance de demeurer une battante, sera celle qui se chargera de les élever.

De Danaa, il ne reste désormais que le souvenir d’une fille attentionnée, d’une sœur aimante et d’une mère courageuse, qui a tout supporté par amour et par espoir. Et, pour ses deux enfants, le poids silencieux d’une absence qu’ils devront apprendre à porter.

Le moment où tout a basculé

Le dimanche 12 octobre, Danaa Laeticia Malabar, 25 ans, quitte la maison familiale à Beau-Vallon avec son plus jeune enfant. Elle se rend chez sa mère, Vanessa, à Eau-Coulée, en quête d’un moment de répit. Son mariage bat de l’aile. Les disputes sont fréquentes, nourries par des soupçons d’infidélité et des tensions quotidiennes.

Brandon Malabar, son mari, la suit. Même chez Vanessa, les conflits ne s’apaisent pas, bien au contraire. Mais contre toute attente, la jeune femme décide de rentrer avec Brandon. « Mo dir li res lamem, parki to dan lakaz to mama », raconte Vanessa. Peine perdue.

C’est le long de l’impasse Théodore-Sauzier que le drame se jouera. À la police, Brandon Malabar raconte : « Nou ti fini desid pou nou separe. » Une décision qu’ils auraient scellée par des rapports intimes dans une maison abandonnée. L’enfant est placé dans une pièce à côté.

Cependant, une nouvelle dispute éclate. Dans un accès de colère, Brandon porte deux coups de couteau à Danaa, et quitte les lieux en emportant leur fils. La jeune femme reste seule, agonisante, jusqu’à ce que ses blessures lui soient fatales. Lors de son interrogatoire, Brandon tentera de minimiser l’acte : « Mo pa ti anvi touy li. »

Dans la soirée de dimanche, Brandon contacte Vanessa pour signaler qu’il ignore où se trouve sa fille et qu’il prévoit de se rendre à la police. La mère de Danaa raconte : « Nous trouvions cela louche. Il était avec elle quand elle a disparu. Et pourtant, il nous disait ne rien savoir et nous incitait à aller à la police. »

Alors qu’il prétend s’inquiéter, Brandon passe la soirée en compagnie d’une jeune femme, également Tiktokeuse. Sur les réseaux sociaux, leurs vidéos circulent, attisant l’inquiétude et la colère de la famille.

Le lundi 13 octobre, inquiets, les proches se rendent au domicile du couple à Beau-Vallon. Ils constatent l’absence de Danaa et la présence de Brandon avec la jeune TikTokeuse. La famille se rend de nouveau à la CID d’Eau-Coulée, où Brandon est convoqué. Il nie toute implication, affirmant ignorer où est sa femme, malgré les incohérences de ses actes et déclarations.

Le mardi 14 octobre, sous la pression des enquêteurs, Brandon craque et avoue : « Mo finn touy li. » Il conduit les policiers à la maison abandonnée de Curepipe, à l’impasse Théodore-Sauzier. Le corps sans vie de Danaa est retrouvé. Selon Brandon, il ne s’attendait pas à ce qu’elle succombe.

Vanessa décrit sa fille comme épuisée par les conflits : « Ma fille subissait des violences depuis quelque temps. Elle voulait juste un moment de tranquillité… »