La présidente de la République est intervenue, le samedi 26 novembre, durant l’émission « Au cœur de l’info ». Ameenah Gurib-Fakim a tenu à apporter des clarifications au sujet des critiques dont font l’objet ses voyages.
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Vos voyages sont sujets à des critiques. Que répondez-vous ?
Avant de répondre à votre question, j’aimerais faire ressortir que L’Oréal appartient à mon passé scientifique. J’ai obtenu le prix L’Oréal de l’UNESCO en 2007 et cela s’arrête là. Depuis ma nomination au poste de présidente de la République, je n’ai à aucun moment colporté le nom de L’Oréal dans mes déclarations.
Concernant les voyages, depuis que je suis Présidente, j’ai eu le privilège de représenter l’État mauricien, notamment à la COP 21, à Paris et à deux sommets de l’Union africaine. J’ai aussi effectué une visite d’État au Pakistan et une visite officielle en Inde. À aucun moment, les pays hôtes n’ont pris en charge les frais qu’impliquaient mes déplacements. C’est l’État mauricien qui a payé les frais. Ces pays hôtes ont uniquement pris en charge mon hébergement à l’hôtel, mon transport et ma sécurité.
Si les institutions multilatérales m’ont invitée à prendre la parole à leur forum, c’est en raison de mon passé scientifique et d’entrepreneur et parce que je suis une femme chef d’État. Je fais également partie d’un panel de dix chefs d’État de l’Union africaine, qui se penche sur l’éducation supérieure sur le continent africain. Je précise que je représente l’État mauricien à ces forums.
Il est vrai que vous êtes une scientifique de renommée internationale. Mais dans le passé vous aviez un accord avec L’Oréal. N’y a-t-il pas un mélange de rôles ?
Je vous arrête. Je n’ai aucun accord avec L’Oréal. J’ai reçu le prix L’Oréal de l’UNESCO. Il s’agit d’un prix très prestigieux décerné à cinq femmes venant des cinq continents. Cela fait partie de mon passé. Maintenant, il ne faut pas faire l’amalgame entre mon passé et mon présent.
Il est clair que mon passé se reflétera un peu sur le travail que je fais aujourd’hui, vu que je me concentre davantage sur l’éducation, le développement durable et la culture. J’avais annoncé, en arrivant au Réduit, que je me concentrerais sur ces trois thèmes. Il y a aussi une dose d’entrepreneuriat, car il ne faut pas oublier que le continent africain ne se transformera que lorsqu’on mettra vraiment en exergue tout l’aspect éducatif.
En arrivant au Réduit, vous avez dit que vous vouliez apporter une touche de diplomatie économique à votre rôle de Présidente. Quelles sont les retombées de ces missions ?
Quand j’ai accédé à la Présidence l’année dernière, la House of Lords m’a invitée à participer à une réunion du Planet Earth Institute. Une branche a, par la suite, ouvert ses portes à Maurice. J’en suis la vice-présidente, car on ne peut évidemment pas parler de la transformation de l’Afrique à Londres. À travers cette institution, je veux transmettre un message très fort parce qu’on veut de plus en plus que l’État s’engage dans le développement à travers la philanthropie. L’État et les corporations peuvent travailler de concert pour apporter des changements.
Je suis parvenue à implanter une antenne du Planet Earth Institute à Maurice. J’ai, dans la foulée, rapporté un million de dollars au pays dans le cadre de la formation d’une dizaine de Mauriciens. Le Planet Earth Institute est en pourparlers avec plusieurs pays, dont le Portugal, le Japon, l’Afrique du Sud et l’Inde. C’est à travers de tels échanges qu’on pourra réaliser la vision de Maurice dans le domaine de l’innovation, de la science, de la communication et de l’économie océanique. C’est ce que j’ai fait et que je continuerai à faire. Le Planet Earth Institute travaille aussi avec des hommes d’affaires africains. Avec cette combinaison, nous avons pu rapporter au pays près d’un milliard de roupies en termes d’investissements directs étrangers.
Donc, mes déplacements servent à quelque chose et j’en suis fière. Aller trouver des investissements directs étrangers à travers le monde n’est pas chose facile, car tous les pays se positionnent pour accueillir des investisseurs.
Avez-vous le sentiment que ces retombées gênent certains au gouvernement ?
Je travaille pour mon pays. J’ai réussi à démontrer que le poste de Présidente n’est pas un poste vase à fleurs. Je veux travailler pour mon pays et ce n’est pas dans mes intentions de gêner qui que se soit. Je suis payée des deniers publics et je dois justifier mon salaire.
Une aile au gouvernement pense que vous voyagez trop ?
Je le répète. Il faut placer mes voyages dans leur contexte. S’ils ont des retombées positives pour le pays, je ne vois pas comment je peux gêner qui que se soit.
Il paraît que la semaine pakistanaise pose problème, vu les tensions indo-pakistanaises…
À aucun moment on ne m’a informée, verbalement ou par écrit, que je ne devais pas m’y rendre car cela causerait une tension diplomatique. Lorsque je m’y suis rendue, mon principal souci était d’encourager les investissements entre nos deux pays.
Avez-vous soulevé la question avec le Premier ministre compte tenu des tensions diplomatiques ?
Il n’y avait pas de tensions diplomatiques en avril.
Mais il y a eu des tensions par la suite…
Par la suite que pouvais-je faire ? Pardonnez-moi de vous dire que cette tension diplomatique perdure depuis 60 ans.
Au moment de l’organisation de la « Pakistan Week », il y avait des restrictions même en Inde. À aucun moment ne vous a-t-on dit, au niveau du gouvernement, d’annuler votre voyage ?
Je n’ai reçu aucune instruction en ce sens. Cela dit, je discute toujours avec le Premier ministre sur tout ce que je fais. J’aimerais aussi attirer l’attention sur le fait que tous mes déplacements sont visés par le ministère des Finances. Le budget de mes déplacements et de mes autres dépenses est géré par ce ministère, pas par la Présidence. Tous mes déplacements doivent être approuvés, au préalable, par les instances concernées. À mon retour de mission, je soumets un rapport au Premier ministre. Tout se fait dans la transparence.
Quel est votre état d’esprit face aux critiques formulées par certains au gouvernement ?
Je suis sereine. Je fais mon travail. J’ai la conscience claire, car je travaille pour mon pays et je continuerai à le faire.
Envisagez-vous de soumettre votre démission ?
C’est la presse qui le dit.
Vous voulez donc dire « J’y suis, j’y reste » ?
J’y suis, j’y reste.
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