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Après les propositions faites par Paul Bérenger jeudi : la réforme électorale fait déjà l’objet de débats intenses

Paul Bérenger dit vouloir des consultations approfondies.

Le jeudi 11 septembre, Paul Bérenger a relancé le débat sur la réforme électorale, dénonçant les limites du système actuel. Il propose deux options et appelle à des consultations élargies pour moderniser la démocratie mauricienne.

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Le Premier ministre par intérim, Paul Bérenger, a lancé jeudi 11 septembre le débat sur la réforme électorale lors d’une conférence de presse au Bâtiment du Trésor. Il a ainsi déclenché une série de réactions allant dans le sens d’un besoin de réforme, sans pour autant converger avec la vision défendue par le leader du MMM. 

Paul Bérenger a réaffirmé l’engagement de l’Alliance du Changement, promis durant la campagne électorale : « Le programme de l’Alliance du Changement contient comme élément essentiel la promesse d’une réforme électorale », a-t-il déclaré, soulignant qu’il ne faut pas attendre la veille des élections générales. Ce projet, bien que vieux de plusieurs décennies, entre désormais dans une nouvelle phase avec des consultations prévues après approbation en Cabinet.

Critiquant les limites du système actuel, Paul Bérenger l’a qualifié de « bien dangereux », citant des résultats extrêmes, comme des victoires à 60-0 ou l’absence de sièges pour des partis obtenant 27 % des voix, à l’image du Mouvement socialiste mauricien (MSM) lors des dernières élections. « On ne peut pas appeler ça une vraie démocratie », a-t-il tranché. Pour s’inspirer, il évoque des modèles internationaux : la proportionnelle intégrale sud-africaine, qu’il juge instable, ou des systèmes mixtes plus équilibrés.

Paul Bérenger a présenté deux options principales, précisant que le Premier ministre Navin Ramgoolam et lui restent ouverts à d’autres idées. La première proposition maintient 60 députés élus via First-Past-The-Post (FPTP) et ajoute 20 sièges proportionnels, basés sur une liste prioritaire établie par les partis. La seconde conserve les 60 élus FPTP, ajoute 20 sièges proportionnels et maintient quatre « best losers » fondés sur le recensement de 1972, sans procéder à un nouveau recensement. Les candidats ne déclarant pas leur communauté ne pourraient bénéficier des sièges BLS. Rodrigues verrait son nombre d’élus passer de deux à trois. « Il y aura des discussions élargies aussi longtemps que nécessaire », a promis Paul Bérenger.

Pour sa part, Joe Lesjongard, leader de l’opposition, dira : « Une réforme électorale est une nécessité pour le pays. Comme vous le savez, le précédent gouvernement n’a pas pu la mettre en œuvre, faute de majorité suffisante pour la faire valider au Parlement ». Il a ajouté que le MSM est naturellement prêt à participer au dialogue et aux consultations, « à condition qu’une Commission de révision constitutionnelle soit mise en place, avec les termes de référence appropriés ».

Alors que Maurice célèbre plus d’un demi-siècle d’indépendance, son système électoral, hérité de l’ère coloniale britannique, reste un sujet de débat récurrent. Malgré des consensus sur la nécessité d’une modernisation, les détails divisent, comme en témoignent les échecs successifs des propositions gouvernementales.

L’histoire de la réforme électorale à Maurice remonte à plus de trois décennies. Depuis les années 1990, divers gouvernements ont tenté de remanier un cadre jugé obsolète. Des commissions d’experts se sont succédé : le rapport Sachs en 2004, suivi du rapport du Select Committee la même année ; le rapport Carcassonne en 2011 ; le rapport Sithanen en 2012 ; et enfin le document de consultation sur la réforme électorale en 2014. Ces travaux ont mis en lumière un consensus général, non seulement parmi les partis politiques, mais aussi au sein de la société civile et du public, sur l’urgence d’adapter le système aux réalités sociétales contemporaines. Cependant, les désaccords portent sur les modalités précises, freinant toute avancée concrète.

Le système actuel, fondé sur le principe du FPTP divise l’île en 20 circonscriptions, chacune élisant trois députés au suffrage majoritaire uninominal à un tour. Cela porte à 60 le nombre de sièges directement élus à l’Assemblée nationale unicamérale. Deux sièges supplémentaires sont réservés à Rodrigues. Enfin, jusqu’à huit sièges sont attribués via le mécanisme du « best loser system » (BLS), conçu pour rectifier les déséquilibres communautaires. Le BLS repose sur une classification des Mauriciens en quatre groupes – hindous, musulmans, sino-mauriciens et population générale (principalement d’origine africaine) –, basée sur le recensement de 1972.

Ce cadre a permis 13 élections générales depuis l’indépendance en 1968, contribuant à une relative stabilité politique. Pourtant, ses imperfections sont flagrantes : disproportions entre votes obtenus et sièges remportés, sous-représentation des femmes à l’Assemblée nationale, entre autres. Aussi, le nombre d’électeurs a explosé, passant de 314 000 en 1968 à plus d’un million aujourd’hui, accentuant la pression pour une réforme.

Fin 2018, le gouvernement issu de l’Alliance Lepep avait déposé un projet d’amendement constitutionnel visant à améliorer la représentation des partis politiques et des femmes au Parlement. Le texte prévoyait d’augmenter le nombre de députés à 85 : 63 élus via FPTP dans 21 circonscriptions de trois membres chacune, 12 sièges répartis proportionnellement selon les votes des partis, et jusqu’à 20 sièges additionnels, dont les modalités restaient floues. Rodrigues verrait son nombre d’élus passer de deux à trois. Ces propositions avaient toutefois été rejetées par l’opposition de l’époque.

 

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