Live News

Rookho Temil et Bibi Shumshoodeen : des centenaires exemplaires de résilience

Bibi Shafoorah Shumshoodeen (assise) et à l’arrière ses proches et des membres de l’association des seniors de Grand-Baie.

L’année 2025 tire à sa fin et Maurice peut encore se réjouir de la longévité de ses seniors. Durant la semaine écoulée, le District Representative de Rivière-du-Rempart au sein du Senior Citizen Council (SCC), Ashok Mohabirsingh, a eu l’honneur de célébrer les 100 de deux personnes de la région : (Mmes) Rookho Temil et Bibi Shafoorah Shumshoodeen.

Les deux centenaires, comme beaucoup d’autres issues des régions rurales de Maurice, ont travaillé dans les champs de canne, qu’ils soient privés ou appartenant à leurs beaux-parents. Rookho Temil, née Luckhmun et plus connue sous le nom de « Dadi Teemul », est native de La Laura, à Saint-Pierre, au sein d’un couple où le père travaillait comme laboureur pour la sucrerie L’Avenir, tandis que sa mère était femme au foyer. Elle est la seule survivante d’une fratrie de neuf enfants, le dernier, un frère âgé de 82 ans, étant décédé en Angleterre.

Publicité

Jamais scolarisée, elle a vécu à La Laura jusqu’à l’âge de 15 ans avant de convoler religieusement avec Sookhoo Temil. Elle se rappelle encore avoir aidé ses parents à chasser les singes qui venaient dévaster leurs cultures de légumes et de melons d’eau. Une fois mariée, elle et son époux s’établiront à Poudre-d’Or Hamlet, où ils officialiseront leur union civile.

« Tribu » familiale

Hormis les tâches ménagères, Rookho Temil a travaillé dans les champs de canne de ses beaux-parents et élevé des vaches ainsi que des cabris. Jusqu’à ses 50 ans, elle a pratiqué la couture et n’a jamais hésité à conseiller ses voisins dans le besoin, ainsi que les membres de sa famille, sur leurs choix alimentaires et la gestion de leur argent. Son époux, décédé à l’âge de 59 ans en 1981, exploitait ses propres champs de canne et employait des ouvriers agricoles de la localité.

La centenaire peut aujourd’hui compter sur une véritable « tribu » familiale : 4 garçons et 5 filles, eux-mêmes parents de 23 enfants et 28 petits-enfants.

Après une vie active presque sans interruption, elle passe désormais ses journées à écouter la radio et regarder la télévision, bien que, selon son entourage, elle déteste les enfants turbulents. Depuis une dizaine d’années, elle privilégie les plats végétariens et consomme occasionnellement des œufs, du poulet frit, ou encore des soupes et des purées.

Jouissant d’une bonne vue et ouïe et d’une mémoire encore lucide, elle doit cependant s’aider d’une canne pour se déplacer. Qu’est-ce qui explique une telle longévité chez une personne toujours restée active ? Selon ses proches, c’est sa foi, son altruisme et la proximité de sa famille qui lui ont permis de traverser un siècle.

À Grand-Baie, mardi 3 novembre 2025, le centre social de la localité a accueilli une belle fête en l’honneur de la centenaire Shafoorah Bibi Shumshoodeen, née Didrally. L’événement a été organisé par la Grand Baie Senior Citizen Association, présidée par Bisnoodave Bissessur.

Les membres de sa famille, à commencer par son fils Salim, soulignent qu’ils doivent une partie de leur notoriété à leur mère, qui a longtemps exercé comme femme-sage à Grand-Baie et dans les localités avoisinantes. « Elle est très connue, et des gens venaient de loin pour bénéficier de ses services », explique Hussain, son autre fils, qui ajoute : « Elle est d’une générosité exemplaire. Elle exerçait un métier essentiel pour la communauté, car à l’époque, les femmes accouchaient chez elles. Avant et après les naissances, on avait toujours besoin d’elle. On venait la chercher en voiture, à toute heure de la nuit. »

Shafoorah Bibi Shumshoodeen, laboureuse et « dépailleuse »

Shafoorah Bibi Shumshoodeen, originaire de Nouvelle-Découverte et issue d’une fratrie de 11 enfants – deux disparaîtront en bas âge -, a aussi connu le dur labeur des champs de canne comme laboureuse et « dépailleuse », élevé des vaches et vendu du lait alors que son époux, Ayoub qu’elle a épousé alors qu’elle avait 14 ans, exerçait comme jardinier, entre autres. 

À la mort de ce dernier, elle retrousse ses manches pour élever seule ses 6 garçons et 5 filles. « Nous n’avons manqué de rien, malgré le peu de moyens dont disposait ma mère », dit Hussain, qui confie en souriant : « J’avais oublié qu’elle allait devenir centenaire, tellement le temps a passé. Il a fallu que j’aille au bureau de l’état civil pour vérifier son âge. » 

Il faut souligner que la famille Shumshoodeen avait déjà organisé une première fête le 16 octobre 2025, le jour de l’anniversaire des 100 ans de Shafoorah Bibi. 

Interrogé, Wassim, 33 ans, un de ses petits-fils et lui-même père d’un enfant de 4 ans, avoue que les difficultés de la vie actuelle et le stress qu’elles génèrent ne lui garantissent pas d’atteindre, à son tour, le cap du centenaire. « Ma grand-mère a vécu à une époque où la vie était dure, mais elle a su faire preuve de résilience face à l’adversité, et sa foi a été déterminante. Comment la nouvelle génération survivra aux obstacles de notre temps reste une vraie question. Mais, une chose est sûre : ma grand-mère est pour moi une source d’inspiration. Elle me donne confiance », observe Wassim.

 

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !