Le passeport biométrique, comme la carte d’identité nationale, sera bientôt une réalité. Le passeport actuel sera replacé par une pièce biométrique, dotée d’une puce renfermant des données cryptées concernant le détenteur.
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Des pourparlers sont en cours, entre le Passport and Immigration Office (PIO) et le Bureau du Premier ministre, en vue de remplacer le passeport actuel par une pièce biométrique. Si la demande est avalisée, les premiers e-passports, contenant empreintes digitales et reconnaissance faciale du détenteur, devraient voir le jour d’ici début 2018. Le Passport and Immigration Office a envoyé, il y a quelques jours, une correspondance au Bureau du Premier ministre afin d’étudier et d’avaliser la demande de remplacer les passeports actuels.
Selon des hauts gradés du PIO, ce projet remonte à plus de trois ans. « Mais le projet a été mis au placard en raison des multiples contestations, et autres cas en Cour, concernant le remplacement de l’ancienne carte d’identité. Le dossier a été dépoussiéré par le nouveau chef du PIO, l’ASP Narendrakumar Boodram… » affirme-t-on.
Reconnaissance faciale et empreintes digitales
La correspondance de trois pages porte sur trois principaux axes : la lutte contre les immigrants clandestins, l’usurpation d’identité et le trafic de passeport. Tout cela sera dorénavant impossible avec le passeport numérisé qui contient les données biométriques du détenteur.
« L’e-passport est une recommandation de l’International Civil Aviation Organisation (ICAO), dont Maurice est un État membre. À ce jour, 70 pays ont adopté l’e-passport. Outre le combat contre l’usurpation d’identité, entre autres, le passeport biométrique vise également à faciliter la tâche des officiers à l’aéroport, car tout sera informatisé. Il suffit de passer le passeport sous scanneur, et l’appareil lit les données encryptées qui se trouvent dans la puce », font ressortir des proches du dossier.
Le PIO a proposé la reconnaissance faciale et les empreintes digitales comme données biométriques. Ces deux éléments « ont pour but de déjouer toute tentative de tromper la vigilance des officiers de l’Immigration à l’aéroport de Plaisance ». Les données biométriques recueillies seront insérées dans une carte à puce. La carte sera, à son tour, placée dans un endroit caché de l’e-passport.
« Une fois la demande avalisée, les premiers passeports biométriques qui sortiront seront destinés aux citoyens qui viendront s’enregistrer pour la première fois. Il n’y aura aucune date butoir dans la réalisation du passeport biométrique. Ceux dont le passeport a expiré, après la période de 10 ans, devront donner leurs empreintes digitales pour l’obtention de leurs e-passport. Des mesures seront prises au niveau des ambassades et autres consulats, pour remplacer le passeport des Mauriciens à l’étranger, une fois le document de voyage expiré», ajoutent les officiers du PIO.
Selon eux, le nouveau passeport « restera tel quel, c’est-à-dire inchangé ». « Sauf que la couverture du document portera les armoiries de la République de Maurice et une icône de la carte à puce, comme c’est le cas pour les passeports des autres pays qui ont adopté ce système », indiquent-ils.
Aucune rétention de données biométriques
Rencontré à son bureau, le responsable du PIO, l’ASP Narendrakumar Boodram, est réticent à aborder le projet de passeport biométrique. Il finit toutefois par confirmer la correspondance envoyée au Bureau du Premier ministre concernant le projet et saisit de l’occasion pour dissiper les doutes par rapport aux données biométriques. Il a tenu à faire ressortir que le projet est encore au stade préliminaire et qu’il ne peut en parler pour des raisons de confidentialité.
« Aucune donnée recueillie lors de la réalisation du passeport biométrique ne sera retenue au Passport and Immigration Office. Toutes les informations resteront dans la carte à puce, qui se trouvera dans le passeport », déclare le responsable du PIO.
Jeff Lingaya : «Notre système devient agressif»
Jeff Lingaya, un des activistes opposés à la réalisation de la carte d’identité biométrique, ne cache pas ses sentiments face à l’éventualité
de l’introduction de l’e-passport.
« Les raisons qui nous poussent à donner nos données biométriques sont obscures. Tout cela est grave et profond. Notre système devient agressif en ce qui est de nos droits en tant que citoyen libre. On doit s’opposer à un tel projet ». Il demande à « la population de ne pas rester insensible » à la situation. « Tout comme cela a été le cas pour la carte d’identité biométrique, nous devons démontrer notre mécontentement en descendant dans les rues », ajoute-t-il.
Le Dr Rajah Madhewoo : «Je logerai une affaire en Cour»
Le Dr Rajah Madhewoo, du ‘Regroupma travayer sosyal’ est d’avis que « la population a son mot à dire » sur le projet du passeport biométrique. « Je ne suis pas d’accord avec la position du gouvernement de recueillir nos données biométriques. Pourquoi a-t-on besoin de mes empreintes digitales pour mon passeport ? On nous cache les vraies raisons. Les autorités doivent nous dire les vraies raisons. Tout comme je l’ai fait pour la carte d’identité biométrique, je logerai une affaire en Cour pour contester la mise en pratique de l’e-passport. Mais cette fois-ci, je ne prendrai pas un avocat comme Me Sanjeev Teeluckdharry », termine le Dr Rajah Madhewoo.
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