En ce jour d’octobre précédant la fête de la lumière qu’est Divali, les salariés ayant reçu leur paie font des retraits d’argent au guichet de la MCB à Rose-Hill. À côté, des marchands ambulants vendent des babioles ici et là, tout en guettant la police. Le vendeur de mangues crie sur une femme assise sur le sol qui fait l’aumône. Celle-ci fond en larmes. Une passante lui refile quelques roupies et un mouchoir. La pauvre s’essuie le visage tout lui disant : « Mersi madam. Bondie beni ou. »
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Témoins de cette scène, nous l’approchons pour connaître son histoire. Annie (prénom d’emprunt) habite un village du sud-est. Que fait-elle à Rose-Hill ? Elle nous explique qu’elle a récemment perdu sa carte de pension et bien qu’elle ait fait la demande pour une autre, elle doit attendre le 8 novembre pour percevoir son allocation de l’État. Comme elle n’a pas un rond en poche, elle quémande afin de pouvoir manger à sa faim. « Kan mo pena kas, mo prefer dimande. »
Âgée de 62 ans, Annie vit seule. Son mari et son fils sont décédés. Elle ne veut pas être un fardeau pour sa fille qui est mariée et habite la capitale. « Mo debrouy mwa kouma mo kapav. »
Avec la poignée de roupies qu’elle obtient en faisant l’aumône, elle achète des bougies et du bois de santal pour faire ses prières. Elle en garde aussi pour acheter le pain et un cari pour le soir et pour le lendemain matin, avant de revenir faire l’aumône. « Li pa fasil kan ou pena kas. Me dan plas fer kitsoz ki pa bizin, mo prefer diman dimoun. Mo kone bondie pa pou les mwa mor san manze. »
Vivant au jour le jour, Annie raconte son quotidien. Tôt le matin, elle prend le bus depuis quelque temps pour se rendre à Quatre-Bornes, Curepipe ou Rose-Hill. Ayant subi une intervention chirurgicale pour la pose d’une vis à la cheville, elle s’appuie sur une béquille pour sillonner les rues et faire l’aumône. Si des gens lui offrent de la nourriture, la sexagénaire en garde précieusement pour son repas du soir. Avec les sous qu’elle obtient, elle s’achète du pain et des fruits, avant de rentrer chez elle en fin d’après-midi.
Née dans la précarité, Annie confie qu’elle n’avait pas une vie aisée, mais que d’avoir le soutien de son mari et de ses enfants lui suffisait. Autrefois, elle gagnait sa vie en travaillant dans une usine et dans les champs agricoles. Désormais, elle est livrée à elle-même. Si, depuis peu, Annie perçoit une pension de l’État, elle peine toutefois à arrondir les fins de mois après le paiement des factures utilitaires et l’achat de ses provisions.
Mais elle fait ce qu’elle peut pour survivre au quotidien.
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