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Affaire l’Amicale - Les Sumodhee : «Rouvrez cette enquête pour épingler les vrais coupables»

Les frères Sumodhee entourés de Me Rama Valayden et de leurs proches. Les frères Sumodhee entourés de Me Rama Valayden et de leurs proches.
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« Rouvrez cette enquete pour épingler les vrais coupables. »

Propos des frères Khaleeloudeen et Sheikh Imran Sumodhee à Le Dimanche/L’Hebdo le samedi 25 août. Ayant retrouvé leur liberté après 19 années passées derrière les barreaux, ces derniers expriment leur désir de rencontrer les familles des victimes. Cette semaine-ci, les frères Sumodhee partiront à la rencontre des proches de Jeannette Ramboro.

Sheikh Imran et Khaleeloudeen Sumodhee, Shaffick Nawoor et Naseeb Keramuth ont quitté la prison le jeudi 23 août. Tous se disent innocents et réclament que les vrais coupables soient rattrapés par la justice. Pour rappel, les quatre ont été condamnés suite à l’incendie meurtrier survenu le 23 mai 1999 à la maison de jeux l’Amicale. Ce qui a provoqué la mort de sept personnes : Yeh Ling Lai Yau Tim, 35 ans, et ses deux filles, Catherine, 6 ans, Eugénie Louise, 2 ans, ainsi que Jean-Noël Law Wing, 34 ans, Mohamed Fawzee Abdool Hakim, 42 ans, Babooram Luckoo, 69 ans, et Jeannette Ramboro, 26 ans. Cette dernière attendait un bébé.

Assis dans le salon du domicile familial, Sheikh Imran est catégorique. « Si on rattrape les vrais coupables, je serai l’homme le plus heureux du monde. » Il explique qu’il a pu retrouver sa famille même après avoir passé 19 années en prison. Ce qui n’est pas le cas pour les proches des victimes de l’incendie, se désole-t-il. « Ces derniers ne reverront jamais leurs proches. »

Retrouvailles émouvantes et joie indescriptible chez les Sumodhee.
Retrouvailles émouvantes et joie indescriptible chez les Sumodhee.

Que représente la liberté après tant d’années pour un crime qu’on dit n’avoir pas commis ? à noter que depuis leur sortie de prison, les quatre condamnés clament toujours leur innocence. Sheikh Imran et Khaleeloudeen Sumodhee se sont confiés à Le Dimanche/L’Hebdo. Tour à tour, ils reviennent sur leur période de détention et la vie après le jeudi 23 août.

Khaleeloudeen Sumodhee, dit Khalil, avoue qu’il peine à s’habituer au train de vie. Il se dit satisfait déjà de la manière dont les trois ex-détenus et lui-même ont été accueillis par la société. « C’était fantastique ! Nu pa ti atann enn la foul koumsa ek nu ti pe anvi zwenn nou fami. » Khalil affirme avoir obtenu la confirmation de sa libération deux heures plus tôt, soit le même jour. Il nous fait part que c’était une joie indescriptible.

« Monn galoupe monn vinn telefonn mo madam. Monn dir li pa vinn vizit mwa, me vinn sers nou. » Dix-neuf ans plus tard, il se dit un peu perdu hors de la prison. Il trouve que le chemin où il habite n’est plus le même. « Pa ti ena tou sa loto la. Manier ki dimounn roule inn sanze. »

En ce samedi, on apprend qu’Imran Sumodhee fêtera son anniversaire. Ce dernier affirme pour sa part qu’en dehors de la prison il a quelques difficultés à s’adapter aux horaires du quotidien. « Je suis perdu. C’est comme si je suis revenu d’un pays étranger avec le décalage horaire. Je suis un étranger dans mon pays », lâche Imran. Commentant la vie au sein de la prison, il fait d’abord l’éloge de son frère Khalil. « Linn fer sanpion skrable boukou foi dan prizon. »

Leurs premiers jours en prison

Khalil Sumodhee se souvient de son premier jour en prison. C’était le jour le plus dur. Pour s’endormir, il avait même dû prendre des médicaments qu’il a dû « trase » avec un autre détenu. Le lendemain, après son réveil, il était parti à la rencontre des autres détenus. Il fallait apprendre le quotidien de la prison, explique-t-il. « Bann prizonie ti pe montre kouma al pran dipin. » Son seul désir était d’attendre le jour de la visite de ses proches.

« Ma famille me manquait, je priais chaque jour pour que les heures et les jours s’écoulent vite. » Imran intervient pour dire qu’il voulait sortir de la prison dès le premier jour. « Kan ou kone ou pann fer nanien li difisil aksepte sa sitiation la. »

Sheikh Imran poursuit que le chagrin ne cessait de s’accroître chaque jour. Si bien qu’il avait commencé à méditer sur le pourquoi de ces tristes événements. « Ki nounn fer pou merit sa sor la ? Nou konsians ti kler ki nou pann fer dimal person. » Durant la conversation, Imran profite pour jurer une énième fois : « Si monn zis poz mo lipie lari Royal sa zour-la, Bondie interdi paradi pou mwa. » Imran se désole que « certaines personnes auraient menti. Leurs paroles ont fait croire que mon frère et moi étions sur les lieux, à la rue Royale, ce 23 mai 1999 ».

Revenant sur leur vie à la prison, Imran et Khalil affirment que « mises à part quelques peccadilles, nous n’avons eu aucun démêlé avec les détenus ». Se rappelant de son passage long de 19 ans derrière les barreaux des différentes prisons, Khalil affirme que les week-ends sont beaucoup plus dur en prison. « La semenn ou travay, wiken la zourne longue. Mo rest zouer skrable ek karom. »

Depuis sa libération, Khalil affirme n’avoir qu’un désir : rencontrer son fils qui étudie à l’étranger. « Mo ti anvi pran avion al zwen li. Mo garson osi anvi trouv mwa devan li. » Toutefois, il indique aussi ne pas vouloir quitter sa maison. Même s’il était l’un des premiers membres de sa famille à obtenir son permis de conduire, aujourd’hui Khalil ne veut plus toucher le volant. « Mo pa oule trap volan mem si mo konn kondir. Sa pou pran mwa letan pou mo rekondir. Mo senti parey kouma mo ti pe al dan lot pei, kot mo pa ti kapav kondir. » Depuis qu’il a retrouvé la liberté, Khalil a noté de gros changements dans la circulation routière.

Sheikh Imran affirme pour sa part vouloir mettre les points sur les i. « Nous sommes sortis quatre mois plus tôt. C’est le résultat d’un long combat légal », fait-il ressortir. Il explique avoir lu des commentaires sur les réseaux sociaux et l’Internet quant à sa libération et celle des trois autres détenus. Il affirme qu’à de multiples reprises, leurs hommes de loi ont entamé des démarches légales pour les libérer. « Depi 2017 ti bizin fini largue nou. C’était une erreur de calcul. Et l’administration de la prison a fait des démarches pour en informer la Commission de pourvoi en grâce », explique Imran. Ce dernier veut préciser qu’à « aucun moment nous avons bénéficié de faveurs spéciales pour notre libération ». Son frère Khalil affirme qu’ils ont respecté le jugement de la Cour.

Qu’en est-il de leur avenir maintenant ? Khalil et Imran avancent qu’ils se concerteront avec la famille avant de décider de la marche à suivre.

 

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