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Achat controversé de Molnupiravir : L’étau se resserre autour de B. Naeck

Brijendrasingh Naeck (à g.) en compagnie de son avocat Kevin Lukeeram. Brijendrasingh Naeck (à g.) en compagnie de son avocat Kevin Lukeeram.
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Plus les jours passent, plus des découvertes sont faites dans l’enquête sur l’achat en urgence de Molnupiravir par le ministère de la Santé auprès de CPN Distributors Ltd au coût de Rs 79,9 millions. Les projecteurs sont braqués sur le Principal Pharmacist Brijendrasingh Naeck. Interrogé par l’Independent Commission against Corruption (Icac), il sera de nouveau convoqué au Réduit Triangle cette semaine car des soupçons de « misguiding » pèsent sur lui.

Le technicien en pharmacie, qui compte une longue expérience dans le domaine, sera confronté à des informations jugées accablantes. Il serait l’auteur de Minutes of Proceedings jugés « confusing » par les enquêteurs. Ces derniers détiennent des documents par rapport aux procédures liées à l’acquisition de trois cargaisons de Molnupiravir.

 Dalida Allagapen a elle aussi été plusieurs fois interrogée par l’Icac.
 Dalida Allagapen a elle aussi été plusieurs fois interrogée par l’Icac.

Après les avoir analysés, ils ont établi que les procès-verbaux de diverses réunions au sein du ministère concernant la décision d’acheter le Molnupiravir de 200 mg ont été falsifiés. L’Icac estime que de « fausses » informations y ont été incluses intentionnellement avant que ces documents ne soient remis aux supérieurs du ministère. Brijendrasingh Naeck, qui occupait le poste de technicien pour le département de la pharmacie publique, a passé de nombreuses années dans ce milieu en tant que Registrar du Pharmacy Board et Principal Pharmacist. Les enquêteurs pensent qu’il aurait amadoué de nombreux fonctionnaires du ministère pour les inciter à lui donner des coups de pouce afin qu’il puisse accomplir des tâches officielles qu’il n’aurait pas pu faire seul. Raison : il est « computer illiterate ».

Des appellations prêtant à confusion  

L’Icac a ainsi constaté que des courriels officiels ont été adressés par des fonctionnaires, sous les ordres de Brinjendrasingh Naeck, à plusieurs départements dans le cadre des procédures d’acquisition de Molnupiravir. Le Principal Pharmacist aurait utilisé sa position de « senior » pour dicter à ses subalternes les mails qu’il voulait qu’ils rédigent et envoient pour lui.

Les limiers s’interrogent aussi sur des appellations figurant dans des correspondances émises par Brinjendrasingh Naeck durant les procédures de l’appel d’offres. Des termes prêtant à confusion, selon eux. Selon l’enquête de l’Icac, le Principal Pharmacist peut être qualifié d’expert dans le milieu pharmaceutique.

L’ex-Senior Chief Executive Dalida Allagapen, qui occupait un poste hiérarchiquement plus élevé que lui, aurait agi selon les recommandations et les informations fournies par Brinjendrasingh Naeck. Les multiples affectations de ce dernier au sein des ministères sont passées au peigne fin par les enquêteurs. Leur but : déterminer les rôles et les tâches qui lui étaient confiés.


Ces interrogations qui surgissent

Quelle est la nature de la relation entre les fournisseurs et Brinjendrasingh Naeck ?
Durant la semaine écoulée, les enquêteurs ont commencé à décortiquer la nature des relations qui existeraient entre Brijendrasingh Naeck et certains fournisseurs de médicaments. Pour ce faire, ils passent au crible des échanges de communications, sur les téléphones portables du principal concerné et les boîtes mail de plusieurs fonctionnaires soupçonnés d’avoir agi sur les instructions du Principal Pharmacist. Vu qu’il n’est pas à l’aise en informatique, l’Icac le soupçonne d’avoir forcé la main à ses subordonnés pour expédier des courriels à de nombreuses reprises.

Comment se fait-il que l’achat ait été avalisé le même jour ?
L’Icac étudie minutieusement les recommandations faites à l’ancienne Senior Chief Executive Dalida Allagapen. Les demandes pour avaliser l’importation de Molnupiravir ont été faites sous l’Emergency Procurement. « Souvan dan bann ka parey fer akseler prosedir, sirtou akoz enn pandemi kouma COVID-19 », expliquent des sources proches de l’enquête. La transparence et le respect des conditions rattachées à l’appel d’offres doivent toutefois prévaloir.

Mais il y a une chose qui rend perplexe la commission anticorruption : le délai. Après avoir analysé les documents qui sont en sa possession, elle s’est rendu compte qu’en moins de 24 heures, la commande a été placée, l’appel d’offres lancé et le contrat octroyé au bénéficiaire. Or, les enquêteurs, familiers avec ces procédures pour avoir mené plusieurs enquêtes, font ressortir que ce type d’exercice se déroule généralement sur une durée plus importante.

Pourquoi le Molnupiravir a été privilégié au lieu du Salnupiravir ?
C’est le Molnupiravir de 200 mg qui a été privilégié au détriment du Salnupiravir au moment des prises de décision par le ministère de la Santé lors de l’approvisionnement. Pourquoi ? Et qui sont ceux qui ont tiré les ficelles, quand on sait que des dépenses excessives ont été faites ? Durant la semaine, l’Icac a d’ailleurs axé une partie de son enquête sur ce volet.

Pourquoi avait-il demandé son transfert ?
En juillet 2020, Brijendrasingh Naeck, qui occupait aussi le poste de Registrar du Pharmacy Board, avait déposé une requête pour être transféré. À l’époque, il avait invoqué des raisons personnelles pour justifier sa demande. L’habitant de l’Est avait par la suite décroché un nouveau poste au sein de l’hôpital Dr Bruno Cheong à Flacq. Les enquêteurs étudient cette demande de transfert.


Un homme de confiance compétent

Dans l’œil du cyclone depuis une dizaine de jours, Brijendrasingh Naeck, Principal Pharmacist du ministère de la Santé, a été interrogé cette semaine par l’Independent Commission Against Corruption après avoir été suspendu de ses fonctions la semaine précédente.

Brijendrasingh Naeck est considéré comme un des hommes forts du ministère. Membre du National Pharmacovigilance Committee, du Clinical Research Regulatory Council et du Trade and Therapeutics Committee, ainsi que Registrar du puissant Pharmacy Board, entre autres, il est une des personnes de confiance du ministre de la Santé Kailesh Jagutpal.

Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. « Il a connu une longue traversée du désert il y a quelques années. Il était considéré proche du Parti travailliste et ça n’a pas joué en sa faveur au changement de gouvernement en décembre 2014. Il avait été envoyé quelque temps à l’entrepôt du ministère à Pailles », indique un de ses anciens collaborateurs. Au ministère, l’entrepôt de médicaments de Pailles est connu pour être une voie de garage.

Mais voilà, Brijendrasingh Naeck, que tout le monde appelle Raj, est un fonctionnaire compètent. On a besoin de ses aptitudes à d’autres postes. Le quinquagénaire est ainsi transféré au port et à l’aéroport. Détenteur d’un Brevet in Prosecution, il participe à plusieurs opérations de saisie de drogues et de médicaments contrefaits menées par la Mauritius Revenue Authority.

Il est revenu récemment au Head Office du ministère de la Santé. En juillet 2020, il avait fait une demande de transfert pour des raisons personnelles et avait été envoyé à l’hôpital Dr Bruno Cheong, à Flacq.
« Raj est quelqu’un de jovial, serviable et surtout accessible. Comme il est toujours prêt à aider et à débloquer des situations, il est très apprécié », affirme son ancien collaborateur.

 

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