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Yuv Sungkur raconte son expérience à la COP27

De retour à Maurice, l’activiste pour le climat Yuv Sungkur, 23 ans, livre son expérience à la COP27 qui s’est tenue du 6 au 18 novembre à Sharm El-Sheikh, en Égypte. 

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Était-ce ta première visite en Égypte ?
Oui, c’était la première fois que je visitais l’Égypte. J’ai vraiment adoré découvrir ce nouveau pays. Malheureusement, j’étais tellement occupé par le travail que je n’ai pas eu le temps de visiter d’autres villes comme Le Caire et Alexandrie. La prochaine fois, je prendrai une photo devant les pyramides (rires) !

Comment as-tu vécu la COP27 ?
C’était ma toute première COP. La tâche la plus importante pour moi était d’apprendre autant que possible. Et j’ai beaucoup appris ! J’ai également eu l’occasion d’assister aux négociations, de parler avec des ministres, des organisations internationales et des jeunes du monde entier. C’était l’une des expériences les plus enrichissantes pour moi car cela m’a permis de connaître le point de vue du monde entier sur la lutte contre la crise climatique.

Qu’en est-il des événements autour de la COP27 ?
J’ai assisté à de nombreux événements différents. J’ai surtout assisté à plusieurs tables rondes consacrées à l’Afrique. Je suis venu avec l’African Climate Mobility Initiative, avec une délégation de jeunes Africains de tout le continent pour discuter de ce que signifie la mobilité climatique pour nos jeunes et la manière dont les solutions ainsi que la recherche peuvent contribuer à résoudre ce problème. 

Pour nous, les Mauriciens, surtout parce que nous sommes une petite nation insulaire, la mobilité climatique est un sujet dont nous devons parler. D’ailleurs, il est intéressant et important pour nous de comprendre ce que signifie la mobilité climatique, comment les vies sont affectées par ce problème et comment nous pouvons agir en étant préventifs dans nos actions.

Quels sentiments par rapport aux débats climatiques ?
Mes sentiments pendant la COP27 étaient mitigés. D’un côté, j’étais très heureux de pouvoir participer à une conférence aussi prestigieuse et de représenter la jeunesse mauricienne. J’étais aussi ravi de pouvoir échanger avec les leaders mondiaux les plus influents et les esprits les plus brillants dans ce domaine. 

Mais d’un autre côté, je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’à la COP, beaucoup de promesses ont été faites, mais aucune initiative réelle n’a été entreprise. Pour moi, il est inimaginable que nous connaissions le problème auquel nous sommes confrontés, que nous ayons les données pour le prouver, que nous ayons aussi les solutions, les règles et le cadre pour rendre ces solutions opérationnelles, et que nous ne faisions toujours pas ce qu’il faut pour protéger notre avenir. Face à la plus grande crise humanitaire, nous ne sommes pas capables de nous rassembler. 

Quand je vois que nous ne pouvons pas nous unir et mettre de côté notre avidité et notre soif de pouvoir pour protéger les personnes les plus vulnérables, il est parfois très difficile de garder espoir. 

Qu’est-ce qui t’a le plus marqué ?
La COP27 a mis l’accent sur les pertes et dommages comme jamais auparavant. Compte tenu des innombrables catastrophes climatiques qui ont émaillé les négociations, la question des pertes et dommages a dû être abordée sérieusement et à juste titre au cours de ces deux semaines. 

Finalement, après deux semaines de négociations, les pays développés, sous l’impulsion de l’Union européenne, ont accepté de créer un fonds pour les pertes et dommages. Bien qu’il ne s’agisse que d’un petit pas en avant, il s’agit néanmoins d’un moment historique qui nous met sur la voie de la justice climatique. D’ailleurs, je suis très heureux qu’un accord a été trouvé en termes de facilité financière sur les perte et dommages. 

Pour nous, les Mauriciens et habitants d’une petite nation insulaire, c’est une grande victoire ! Je pense que nous devrions prendre le temps de célébrer ce que nous venons d’accomplir et nous préparer pour les prochaines batailles. 

Pour nous, les Mauriciens, surtout parce que nous sommes une petite nation insulaire, la mobilité climatique est un sujet dont nous devons parler»

Qu’est-ce qui décourage ?
Si le mécanisme de financement des pertes et dommages a été une victoire, la COP27 dans son ensemble pour moi, n’a pas été un succès. Certes, nous avons progressé, mais l’appel final à l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles a été repoussé par la Russie, l’Arabie saoudite et l’Iran. Alors que les pays ne cessent de faire référence à la limite de 1,5°C, ils ne prennent toujours pas les mesures nécessaires pour rester en deçà de cette limite afin d’éviter tout dommage futur. 

Par ailleurs, j’ai été assez frustré d’apprendre que 636 lobbyistes des industries pétrolières se sont inscrits à la COP27. Ce total, en plus d’une augmentation de plus de 25 % par rapport à l’année dernière, était supérieur au nombre combiné de délégués des dix pays les plus touchés. 

En quoi ta participation à la COP27 t’aidera à mieux faire ton travail d’activiste pour le climat ?
Ma participation à la COP27 a été l’expérience la plus fructueuse et stimulante que j’aie pu vivre. Je suis rentré à Maurice avec d’innombrables idées pour poursuivre mon travail. J’ai aussi appris que le partage des connaissances est essentiel pour avancer et progresser. 

Dans d’autres parties du monde, j’ai vu que les gens sont unis pour lutter contre la crise climatique. Ici, nous devons être unis à l’échelle nationale et régionale. Je veux pouvoir travailler avec d’autres îles de l’océan Indien et parler avec nos frères et sœurs des Seychelles, de Madagascar et des Comores pour trouver une solution au niveau régional. 

What next ? Tu es encore plus motivé à faire bouger les choses ?
Évidemment que oui ! Au niveau national, je dirais que notre jeunesse est motivée pour faire bouger les choses. En ce qui me concerne, je veux être en mesure de contribuer au niveau des lois. Je veux parler avec tous ceux qui, à Maurice, ont travaillé dans le domaine du climat ou qui ont une opinion sur ce que nous devrions faire en tant que Mauriciens en matière de climat. Je veux aussi apprendre, non pas dans les livres, mais auprès des gens. 

Pour une fois, écoutons-nous et mettons sur la table des solutions qui comptent. Mais encore, agissons pour que nous ne souffrions pas d’une catastrophe à laquelle nous n’avons pas participé. Je suis convaincu que si nous nous unissons en tant que Mauriciens et que nous essayons de protéger notre île, nous y parviendrons. Pour se faire, nous devons juste avoir la motivation et la passion nécessaires pour devenir des leaders dans le domaine du climat. 

Le mot de la fin : qu’est-ce qui doit changer ?
Ici, à Maurice, il n’y a rien à changer. Nous avons vu, avec le naufrage du navire MV Wakashio, à quel point notre peuple est uni quand il s’agit de protéger notre île. 75 000 personnes s’étaient réunies à Port-Louis pour protester contre ce qui était clairement une catastrophe environnementale. Ces mêmes énergie et passion doivent être comprises par le gouvernement et le secteur privé afin que nous puissions progresser d’une manière responsable. 

J’insiste, car nous pouvons devenir des leaders en Afrique et dans les petits États insulaires lorsqu’il s’agit de répondre à la crise climatique. Donc, saisissons cette occasion. 

Le saviez-vous?

Yuv Sungkur a participé à la COP27, du 6 au 13 novembre, en tant que délégué de l’African Mobility Initiative. Représentant notamment les intérêts de la jeunesse mauricienne concernant les différentes thématiques autour du climat, telles que l’éducation, la migration climatique et la disparition de l’héritage culturel, entre autres. Son ambition était aussi de montrer et défendre les intérêts climatiques des petits États insulaires.

Le jeune activiste avait précédemment pris la parole lors de la conférence des jeunes sur le climat COY16 en marge de la COP26 à Glasgow en 2021. Conférencier au TEDx à Maurice en août 2022, il a ensuite été invité pour parler aux côtés du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pendant les Assemblées annuelles à New York en septembre 2022. Ce, en tant qu’ambassadeur mondial de la jeunesse pour l’ONG Their World. 

 

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