Les maladies professionnelles peuvent avoir de graves conséquences, affirment le Chief Health and Safety Officer du ministère du Travail, Khindev Gunputh et le psychologue Sarvesh Dusoye. Ils étaient les invités de Caroline et Mélanie dans l’émission Xplik ou K santé sur Radio Plus.
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Travailler c’est trop dur, mais voler ce n’est pas beau, chante Julien Clerc. Un humain ne doit pas se tuer à la tâche non plus, surenchérissent Khindev Gunputh et Sarvesh Dusoye. Ils conseillent tous deux de respecter son corps et de lui accorder le temps nécessaire pour qu’il puisse se reposer. Tout en adoptant une bonne hygiène de vie. Au cas contraire, bonjour les dégâts ! Autrement dit, les maladies professionnelles que sont le stress, les douleurs lombaires, musculaires, au cou et au bras, en particulier.
Le psychologue indique qu’à la base, tout le monde va travailler pour être productif, en faisant quelque chose de positif. En cas de stress, la joie n’est plus au rendez-vous. Ainsi, la personne rentre chez elle dans un état plus lamentable que celui dans lequel elle était avant d’aller travailler. « Outre la santé psychologique, sa santé physique peut être affectée. Parfois les effets psychologiques du travail ne sont pas visibles et nous avons tendance à les ignorer car quand on ne voit pas, on croit que ce n’est pas là. »
Répercussions
Cela peut avoir de graves conséquences du fait qu’elles se répercutent sur tout le corps, de différentes façons. « Les difficultés d’une personne dans son travail peuvent affecter tout son entourage », affirme Sarvesh Dusoye. Il ajoute que certains faits peuvent s’expliquer par un manque de ressources cognitives pour une bonne gestion de ses émotions et de ses actes.
Il cite le cas d’un homme qui a ébouillanté son épouse avec de la soupe. Selon lui, cela peut être dû au fait que les conditions de travail de l’époux sont déplorables et qu’il n’est pas parvenu à gérer une situation en raison du stress qu’il subit. « Plus on est stressé, plus on a du mal à gérer ses émotions et ses actions », précise Sarvesh Dusoye.
Il en est de même pour les accidents de travail, dit-il. Le stress, couplé à la fatigue, engendre des moments de distraction qui, par ricochet, génèrent de graves blessures et au pire, provoquent mort d’homme. « Il faut se rendre à l’évidence : une personne n’est pas une machine, l’être humain reste humain et il faut le répéter pour qu’on arrive à le comprendre », martèle le psychologue. D’où la nécessité de s’accorder suffisamment de repos après le travail et avant de reprendre le lendemain.
Avec l’accent qui est mis sur la promotion du secteur des services, Khindev Gunputh estime qu’il faudrait une législation plus appropriée pour ce secteur. Il explique que ceux qui travaillent devant un écran d’ordinateur peuvent avoir des problèmes de santé qui ne se manifestent qu’au bout de quelques années, soit des douleurs lombaires, au cou ou aux bras, etc. « Les troubles du membre supérieur associé au travail sont communs chez les personnes qui travaillent régulièrement sur l’ordinateur et c’est parfois irréversible. »
Une nouvelle législation permettrait un meilleur encadrement des personnes travaillant dans ce secteur pour une meilleure sécurité et santé. Pour le Chief Health and Safety Officer, il est impératif que les employeurs s’assurent que le lieu du travail soit sûr, que le système électrique soit en bon état, que les escaliers de secours ne soient pas obstrués et que les extincteurs soient en place et en bon état. Autant de petits détails qui peuvent permettre d’éviter des accidents.
« Le lieu même du travail doit être approprié pour qu’une personne puisse fonctionner convenablement », précise-t-il.
Prenant l’exemple de ceux qui, dans certains secteurs, travaillent jusqu’à 12 heures par jour, il fait ressortir que cela ne devrait pas devenir une source de maladies professionnelles au bout de quelques années. « De plus, chaque employé devrait être informé et formé sur les précautions à prendre sur son lieu de travail et avoir les équipements appropriés de protection », insiste-t-il.
Faits et chiffres
Les relevés du ministère du Travail montrent qu’il y a une légère hausse concernant le nombre d’accidents de travail, non mortels, à Maurice. De 231 en 2012, le nombre est passé à 188 à la fin de 2016. Ce chiffre représente huit cas de plus qu’en 2015. De janvier à mars 2017, 43 accidents ont été enregistrés. Le nombre de décès sur le lieu du travail est resté stable de 2014 à 2016 avec sept morts. En 2013, il y a eu 17 cas d’accidents mortels au travail contre neuf en 2012. Un cas recensé, en 2017, concerne un employé de bateau mort carbonisé dans un incendie survenu dans la cale.
Ces cas concernent uniquement les accidents rapportés à l’Accident Unit du ministère du Travail. En dépit de la baisse observée, le Chief Health and Safety Officer considère que chaque accident est un de trop, car tout employé devrait pouvoir rentrer sain et sauf chez lui après son travail. Cependant, cela relève autant de la responsabilité de l’employeur que de l’employé.
Work Related Stress Guidlines
Dans le monde entier, les plus grandes maladies du travail sont le stress et les douleurs musculaires, selon Khindev Gunputh. Afin d’aider les employés à mieux gérer leur stress, le ministère du Travail organise régulièrement des séances de formation à ce sujet. Cela se fait pour divers secteurs de l’économie. Chaque séminaire comprend aussi des séances sur le ‘stress management’. Dans le guide publié, il y a des indications pour savoir comment combattre le stress. Il est disponible en ligne sur le site du ministère du Travail : labour@govmu.org
Ce que dit la loi
L’Occupational Health and Safety Act (OSHA) de 2005, en vigueur depuis le 1er septembre 2007, est la principale loi concernant la santé et la sécurité au travail. Selon la Section 5 de la OSHA, tout accident survenu sur le lieu du travail relève de la responsabilité de l’employeur qui doit protéger la santé et assurer la sécurité de ses employés. L’environnement du travail doit être doté d’une bonne ventilation et d’un éclairage adéquat. La température et l’humidité doivent être bien contrôlées. Tous les équipements doivent être sûrs et appropriés de façon à ne pas être une source de douleurs posturales. Tout accident de travail doit être rapporté. Au cas contraire, le ministère peut poursuivre l’entreprise.
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