Le taux de natalité est en chute libre. Les Mauriciens font moins d’enfants et le taux de fertilité est moins que le taux de remplace-ment naturel. Selon les projections, la population du pays devrait commencer à chuter à partir de 2024.
Le programme de planification familiale des années 60 à Maurice n’a plus sa raison d’être. Le pays a une population vieillissante. Son taux de croissance n’est que de 1,4 % au lieu de 2,1 % le taux de remplacement naturel. Si aucune mesure n’est prise, un dysfonctionnement de l’économie locale n’est pas à écarter.
L’économiste Pierre Dinan et la directrice exécutive de la Mauritius Family Planning and Welfare Association (MFPWA) Vidya Charan attirent l’attention sur la population vieillissante. Les avantages de l’État providence pourraient être difficiles à maintenir, car la population active sera inférieure à la population inactive.
Mais les principales concernées, les femmes, ne voient pas les choses de la même façon. Le point.
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Croissance soutenue
La déclaration du ministre Anil Gayan a fait un buzz et a suscité de nombreux commentaires du public, dit Vidya Charan. Selon elle, le public a mal interprété ses propos. « Il faut avoir suffisamment d’enfants pour la continuité de la cellule familiale et soutenir le vieillissement de la population ». C’est le message qu’il faut retenir explique-t-elle. « À aucun moment, le ministre n’a dit qu’il faut beaucoup d’enfants. » Il ne s’agit pas non plus de donner naissance à beaucoup d’enfants pour en faire des machines de production pour la société. « Il s’agit d’avoir une croissance soutenue de la population, afin de soutenir l’économie et la population vieillissante. C’est utile pour maintenir les bénéfices de l’État providence avec ses différentes subventions : riz farine, pensions, etc. », précise-t-elle. Avec l’évolution de la société, elle est d’avis qu’il faut accorder les moyens nécessaires aux parents. Comme Pierre Dinan, elle suggère la création de crèches à proximité du travail. Elle propose aussi des exemptions fiscales, à l’intention des couples, pour le lait, la nourriture et les produits pour le soin de bébé. [row custom_class=""][/row] [row custom_class=""][/row]Pascale Gouges, directrice de l’Action familiale: «Il faut des solutions»
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16750","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-28306","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"200","height":"280","alt":"Pascale Gouges"}}]]« Nous ne pouvons demander aux couples d’avoir plus d’enfants. Ce choix leur appartient. Nous sommes là uniquement pour les accompagner ». C’est ce que nous a déclaré Pascale Gouges, directrice de l’Action familiale (AF). Contrairement à l’avis du ministre Anil Gayan, elle ne croit pas que Maurice est victime du succès du programme de planification familiale mis en place dans les années 60. « C’était nécessaire, compte tenu de la situation de l’époque », explique-t-elle. Elle considère que le vieillissement de la population est un autre problème. Toutes les parties concernées devraient travailler ensemble pour trouver des solutions. C’est nécessaire, car cela concerne l’économie du pays. Elle considère aussi qu’il faut aussi créer des maisons de retraite et accorder les moyens nécessaires aux couples qui désirent des enfants. [row custom_class=""][/row]Population de Maurice entre 1972 et 2015
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16752","attributes":{"class":"media-image aligncenter size-full wp-image-28308","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"1280","height":"851","alt":"Population de Maurice entre 1972 et 2015"}}]] [row custom_class=""][/row]Pierre Dinan, économiste: « La population est affectée dans ses deux extrémités »
[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"16751","attributes":{"class":"media-image alignright wp-image-28307","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"200","height":"280","alt":"Pierre Dinan"}}]]Ce qui était dans les années 70 la pyramide de la population de Maurice ne l’est plus en 2015. Alors qu’en 1972, la population jeune et active était plus nombreuse que les personnes âgées, cette tendance est en train de s’inverser depuis ces dernières années. « La représentation graphique de la population doit être une pyramide, mais il n’a plus cette forme. La base se rapetisse et le haut grossit. » Cela est le résultat du taux de fertilité qui est bas et du vieillissement de la population. (voir infographie) Il note qu’actuellement la croissance de la population est très faible. « La population actuelle est affectée à ses deux extrémités : les naissances ont diminué avec un taux de fertilité qui n’est pas assez élevé pour un remplacement naturel de la population. » Il partage l’avis du ministre de la Santé Anil Gayan et de la directrice exécutive de la MFPWA Vidaya Charan. Toute femme en âge de procréer doit avoir deux enfants. Afin d’encourager les couples à avoir davantage d’enfants, il fait dix suggestions. Parmi il préconise une extension du congé de maternité et de paternité ; la formation des hommes pour les travaux ménagers ; l’application du flexitime dans le secteur public et privé, afin de donner la possibilité aux femmes de s’occuper de leurs enfants quand elles rentrent chez elles ; l’élimination de l’écart de salaire entre hommes et femmes dans le secteur manufacturier et commercial ; la création de crèches sur les lieux de travail et de Child Care Centres dans les villes et les villages. [row custom_class=""][/row] [row custom_class=""][/row]
Paroles de femmes…
Zaina: « C’est un choix »
« Les autorités devraient savoir que tout le monde n’a pas les mêmes moyens et qu’avoir plusieurs enfants est un choix qui appartient à chacun. Avoir plus d’un enfant demande beaucoup de temps et d’énergie. Ce qui n’est pas évident de nos jours, surtout avec la cherté de la vie et les deux parents qui travaillent. Il ne suffit pas de mettre au monde un enfant, il faut avoir du temps à lui consacrer. »Laura: « Mesures incitatives »
« La décision d’avoir un ou plusieurs enfants dépend de la situation financière du couple. Nous avons fait le choix d’avoir deux enfants parce que nous savions que nous pouvions subvenir à leurs besoins. Si le gouvernement construit des crèches et donne aux couples les moyens nécessaires, ils pourront envisager d’avoir plus d’enfants. »Priscilla: « Enjeux financiers »
« On se demande si vraiment les gens réalisent la responsabilité que mettre au monde des enfants implique. Il faut aussi penser aux enjeux financiers. Qui va s’occuper des enfants pendant que la maman sera au travail ? Il faudrait prévoir des allocations pour chaque enfant et permettre aux mères de famille de rentrer chez elles plus tôt. »Mila: « Équilibrer les salaires »
« Encourager les femmes à avoir plus d’enfants, c’est bien, mais chacun devrait voir en fonction de ses moyens financiers. De nos jours, tout est cher et ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir plus d’un enfant. Il faut penser à son avenir et les moyens à mettre en place pour qu’il ne manque de rien. Il faudrait aussi qu’il y ait moins de disparité dans les salaires entre hommes et femmes. »Huguette: « Améliorer le service médical »
« Je suis contre l’idée d’inciter les femmes à avoir plus d’enfants. Il faudrait d’abord améliorer le service médical. J’ai accouché à l’hôpital, le service laisse à désirer. Les produits pour bébé sont très chers. C’est comme encourager la pauvreté. »Shirley: « Beaucoup d’investissements »
« Ce n’est pas chose facile de nos jours d’avoir plusieurs enfants. Cela requiert beaucoup d’investissements en termes de temps et surtout d’argent. C’est souvent éprouvant pour une famille d’avoir de nombreux enfants. Le gouvernement pourrait éventuellement établir un programme spécial ou avoir une approche thématique comme l’assistance médicale à domicile pour les enfants ou encore organiser des sorties en famille, faciliter un déplacement. » <Publicité
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