Un vaste programme de transferts, affectant officiers et hauts gradés des centres pénitentiaires, est mis en œuvre. Objectif : briser tout lien de connivence entre officiers et trafiquants de drogue. Cette mesure vise surtout les cadres qui comptent de longues années de service dans une même maison d’arrêt.
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Freiner le trafic de la drogue au niveau des prisons est aujourd’hui la priorité des autorités carcérales. Depuis quelques mois, des transferts sont en cours dans les sept prisons du pays. Le dernier volet de ce programme concernera une quarantaine d’officiers affectés aux départements General Duties et Prison Security Squad (PSS), et sera achevé d’ici fin septembre.
Des hauts gradés sous le couvert de l’anonymat avancent que d’autres transferts interviendront vers la fin de l’année. Les noms des officiers concernés figurent sur une liste qui a été soumise récemment aux autorités pénitentiaires. Parmi, on relève les noms des fonctionnaires qui sont soupçonnés d’être de mèche avec des trafiquants de drogue.
Briser toute intimité
Sollicité au téléphone, le Vinod Appadoo, Commissaire des Prisons, explique que le but de cet exercice « est d’empêcher toute affinité entre les gardiens et détenus ». Surtout ceux qui purgent des peines d’emprisonnement pour trafic de drogue. Vinod Appadoo confirme également le transfert d’officiers et de hauts gradés d’un centre de détention à un autre. Cette mesure vient ainsi « briser des réseaux qui perdurent depuis des années en milieu carcéral ».
Ces « réseaux » qui opéreraient dans toutes les prisons du pays se sont développés au fil des années. Des recoupements indiquent que des officiers ont travaillé pendant une dizaine d’années en permanence dans certains centres de détention. Mais la convocation des officiers de prison à la commission Lam Shang Leen et l’arrestation de certains gardiens pour possession de drogue mettent en évidence la connivence.
« Exercice de routine »
Des officiers postés à l’administration pénitentiaire soulignent, pour leur part, que le transfert cible aussi les officiers de la prison des femmes. Sollicité au téléphone, l’ACP Paul, responsable de l’unité 24/7 de la prison, concède que le transfert vise à refroidir la connivence entre officiers et trafiquants de drogue. Il ajoute toutefois que cet « exercice de routine » qui est en cours vise également « à donner un nouveau départ aux officiers qui ont passé beaucoup de temps au sein d’une seule institution ».
Mécontentements
La rotation des gardiens provoque toutefois des grincements de dents du fait que des officiers attachés à certaines unités spécialisées ne seront pas transférés. Ces derniers sont, selon nos recoupements, affectés à la Correctional and Emergency Response Team (CERT), aux services de renseignements (24/7), à la Training School, à la Dog Section, au Record Office et même aux diverses cantines, entre autres. Sollicités, les membres de la Prison Officers Association (POA) n’ont pas souhaité commenter cette « frustration » de certains officiers.
« Le transfert d’officiers et autres hauts gradés, aux différentes prisons du pays, est un exercice de routine. Il y aura, certes, des mécontentements de la part de certains gardiens. Mais il s’agit d’un transfert généralisé chapeauté par notre administration », fait ressortir l’ACP Lugun, de la Prison centrale de Beau-Bassin.
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