Economie

Transport routier: Un pilier qui rapporte des milliards

Le nombre de véhicules sur nos routes au 31 juillet dernier s’élevait à 478 250. Ce chiffre inclut 191 675 deux-roues. Si l’accroissement du parc automobile est un signe de progrès, comme l’a soutenu Xavier-Luc Duval lorsqu’il était ministre des Finances en 2012, il est aussi source d’angoisse pour nos urbanistes et de revenus pour le gouvernement. Les principaux facteurs qui affectent le secteur du transport sont le prix élevé des carburants, la congestion routière et les accidents de la route. Les consommateurs se plaignent toujours du prix des carburants alors que le coût de la congestion routière est estimé à plus de Rs 3 milliards par an en termes de temps perdu et des carburants brûlés inutilement.Selon les derniers chiffres officiels, au 31 juillet 2015, il y avait 478 250 véhicules sur nos routes. Parmi, 182 739 voitures, 75 662 motocyclettes, 116 013 mobylettes, 14 336 camions, 27 112 fourgons et 2 995 autobus. [row custom_class=""][/row]

Nombre de véhicules en 2005 et 2015

[lptw_table id="1508" style="material-cyan"]

Les dépenses

La circulation routière a un impact économique à différents niveaux. Chaque automobiliste doit dépenser beaucoup pour pouvoir utiliser son véhicule sur nos routes. Le transport routier rapporte ainsi un pactole à l’État sous formes de taxes, licences, TVA et autres. Mais il fait aussi tourner plusieurs activités économiques comme la vente de voitures, les assurances, l’entretien et les réparations, les ventes d’accessoires et pièces de rechanges, le commerce des consommables comme l’huile de moteur, les pneus et les batteries et le lavage des voitures. Chaque nouveau véhicule introduit sur nos routes doit payer des frais d’enregistrement à l’État. Ces frais d’enregistrement s’appliquent aussi à chaque fois qu’un véhicule change de main. Il y a la TVA et les droits de douane sur les véhicules neufs et sur les véhicules de seconde main importés. Il faut aussi souligner les différents frais administratifs variant entre Rs 50 et Rs 400 et le coût d’immatriculation personnalisée, qui est de Rs 25 000 à Rs 100 000, selon le cas.

L’assurance

L’assurance-automobile représente une part importante du marché des assurances. En 2014, 51 396 véhicules étaient impliqués dans 26 400 accidents de la route. Si une infime partie des véhicules accidentés finit à la ferraille, la grosse majorité est réparée. Entrent ainsi en jeu, les assureurs, les Motor Surveyors, les garages, les tôliers, peintres et électriciens, les revendeurs de pièces de rechange, entre autres. C’est toute une chaîne d’activités qui est directement concernée.

Les obligations

La législation oblige tous les véhicules à être équipés d’un triangle réflecteur, d’un extincteur et d’une craie jaune. L’extincteur a une durée de vie limitée et doit être remplacé régulièrement. Autobus, poids lourds et remorques dépassant 3,5 tonnes doivent, en outre, être équipés d’un limiteur de vitesse.
[row custom_class=""][/row]

Les carburants

En achetant son carburant, l’automobiliste contribue à divers fonds. Ainsi, sur chaque litre d’essence se vendant à Rs 45,95, une somme d’au moins Rs 24,95 est prélevée alors que pour le diesel, dont le prix est de Rs 35,50 le litre, le montant s’élève à Rs 16,04. Avec une consommation moyenne annuelle de 110 000 tonnes d’essence et 350 000 tonnes de diesel, l’État brasse des milliards. L’argent recueilli sert à financer des projets de développement (sous le Build Mauritius Fund) ou de subsides sur les denrées de bases (riz, farine, gaz ménager). Selon le tableau officiel des prélèvements, il semble que la TVA est perçue non seulement sur le prix de base des carburants, mais aussi sur les différentes contributions. À titre d’exemple, l’on paie Rs 1,62 sur les droits d’accises de Rs 10,80, soit une double taxation, ce qui augmente davantage le prix final. L’automobiliste contribue aussi à la construction et l’entretien des routes en finançant la Road Development Authority. Fait intéressant, alors que la Commission Maurice Île Durable n’existe plus, la contribution au Maurice Île Durable Fund de 30 sous par litre est toujours perçue, selon le tableau officiel. [row custom_class=""][/row]

Infrastructures

Le nombre grandissant de véhicules sur nos routes nécessite des investissements massifs dans les infrastructures routières. Un budget de Rs 15,5 milliards a été alloué au ‘Road Decongestion Programme’ pour poursuivre le développement routier. Parmi les grands projets à venir, il y a l’échangeur de Phœnix, celui de Mer-Rouge, la route connectant Sorèze à Coromandel, la bretelle liant Coromandel à Gros-Cailloux et la deuxième phase de la ‘Ring Road’.

Les contraventions

L’État perçoit des millions de roupies annuellement en contraventions pour infraction au code de la route. En 2014, le nombre de contraventions s’élevait à 224 855. En 2013, le chiffre était de 211 546. C’est l’excès de vitesse qui arrive en tête de liste, avec 96 872 contraventions en 2014, contre 66 461 l’année précédente. Les accidents de la route continuent à tuer des personnes et à rendre d’autres invalides. Les autorités ont récemment annoncé des mesures plus sévères pour rendre nos routes plus sûres.
[row custom_class=""][/row]

Les raisons de la hausse

Les statistiques démontrent une hausse de la flotte de véhicules sous toutes les catégories. Le nombre de voitures privées a augmenté de 84 818 en 2005 à 182 739 en 2015. Mais il y a eu une véritable explosion dans les ventes de deux-roues durant les dix dernières années. En 2005, il n’y avait que 30 927 motocyclettes sur nos routes. Dix ans après, le nombre est de 75 662. Concernant les mobylettes (autocycle), le nombre est passé de 102 503 à 116 013 en dix ans. La cause principale est la quasi-stagnation du transport public, qui ne répond plus aux besoins d’une Île Maurice moderne, ce qui pousse les gens à avoir leur propre moyen de transport. Malheureusement, on oublie toujours les deux-roues (et les piétons) dans tout développement de nos infrastructures routières ! Les gens deviennent de plus en plus mobiles et ne peuvent plus dépendre sur le transport public, qui, dans certaines régions, se fait rare à la tombée de la nuit et pendant le week-end. À ne pas publier aussi que le transport public coûte cher pour une sortie en famille. D’autre part, les véhicules sont de plus en plus abordables, avec une concurrence accrue dans le marché de l’automobile, un vaste choix et la disponibilité des facilités de financement à faible taux d’intérêts. A noter également l’expansion de la communauté des expatriés à Maurice, qu’ils soient investisseurs, professionnels salariées ou résidents IRS/RES, le nombre total dépassant les 5 000.

Plus de poids lourds

C’est un fait remarquable sur nos routes. Le nombre de poids lourds circulant de jour comme de nuit augmente. Que ce soit les porte-conteneurs, les véhicules de livraison, le transport des carburants, des eaux usagées ou l’acheminement des déchets, les camions font partie de notre paysage routier quotidien. Avec le développement accru au cours de prochaines années, nos routes verront encore plus de poids lourds. Par exemple, l’ouverture du ciel mauricien accroît le mouvement de carburant entre Port-Louis et Plaisance alors que le commerce extérieur a une incidence sur le mouvement des conteneurs.

La protection des acheteurs

Si les autorités sont très strictes quant à l’importation de voitures de seconde main, afin de protéger les consommateurs, tel n’est pas le cas pour ceux qui achètent une voiture de seconde main à Maurice. Concernant les voitures importées, les importateurs doivent fournir plusieurs attestations pour certifier l’état du véhicule. Par contre, à Maurice, un acquéreur doit se fier à l’information présentée par le vendeur et n’a aucun moyen de vérifier si le véhicule a été retapé. Avec des milliers de véhicules endommagés qui sont vendus à l’encan chaque semaine, une bonne partie reprend la route après des réparations. Pour mieux protéger les consommateurs, il est temps d’avoir un système (géré par les autorités ou les compagnies d’assurances), où tout acquéreur éventuel peut consulter une base de données afin d’avoir l’historique d’un véhicule. Concernant les deux-roues, récemment, le gouvernement a interdit l’importation des casques intégraux aux visières teintées, afin de lutter contre la criminalité impliquant des motocyclistes. Toutefois, concernant la sécurité, il n’y a aucun mécanisme en place pour vérifier si tous les casques importés sont aux normes de sécurité requis. Est-ce que les casques utilisés à Maurice protègent-ils les motocyclistes comme il se doit ?

Opportunités

L’éducation des chauffeurs sur la sécurité routière n’existe pratiquement pas à Maurice. Une fois l’examen réussi et le permis de conduire en main, fini l’apprentissage qui, au contraire, aurait dû être un exercice continu. Renvoyer les conducteurs sur les bancs de l’école à intervalle régulière pour des cours de recyclage et des campagnes de sensibilisation non seulement améliorera le niveau de sécurité sur nos routes, mais créera aussi des opportunités pour les entrepreneurs dans le domaine de la formation, ainsi que des emplois pour des instructeurs notamment. L’utilisation de l’outil informatique pour sensibiliser les gens à travers des campagnes multimédias aura un impact social et économique positif.

Éric Ng : « La congestion routière coûte moins d’un milliard de roupies »

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"1716","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-1514","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"290","height":"382","alt":"\u00c9ric Ng"}}]]L’économiste Éric Ng explique que plusieurs facteurs doivent être tenus en compte pour chiffrer le coût de la congestion routière à Maurice. « Dans le passé, on l’a estimé à Rs 3 milliards par an, mais personnellement, je pense que cela ne dépasse pas Rs 1 milliard. Avec les nouvelles routes, la congestion routière est minime », dit-il. Avec les embouteillages, nous perdons notre temps et nous brûlons du carburant inutilement, mais il estime que cette perte de carburant n’est pas énorme. « Il y aura toujours des embouteillages, car le modèle parfait avec zéro congestion routière n’existe pas. Par exemple, même si on introduit le métro léger, il y aura toujours des cas d’embouteillage dans les villes », dit-il.

<
Publicité
/div>
 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !