Les contrats de trois Independent Power Producers expireront dans les prochains mois. Des échéances qui surviennent à une période charnière où Maurice espère renforcer sa sécurité énergétique et accélérer sa transition vers les énergies renouvelables. Le gouvernement veut toutefois revoir les termes financiers de ces accords afin d’alléger le coût énergétique pour le Central Electricity Board.
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Les contrats d’Alteo, Omnicane Thermal Energy Operations (OTEOSA) et Terragen, trois Independent Power Producers (IPP), arriveront à expiration dans les mois à venir. Toutefois, le ministère de l’Énergie, en quête de solutions pour réduire les coûts du Central Electricity Board (CEB) et renforcer la transition énergétique, a déjà indiqué son intention d’introduire des conditions plus strictes dans ces accords lors de leur renégociation. Il souhaite mettre l’accent sur les énergies renouvelables et appliquer une révision tarifaire.
Le contrat le plus urgent à renégocier est celui d’Alteo, car il arrive à terme le 31 décembre 2024. Celui d’OTEOSA expirera le 6 septembre 2025 et celui de Terragen en juin 2025. Ces trois producteurs indépendants d’électricité contribuent de manière significative à l’alimentation électrique du pays, ce qui rend les renégociations cruciales pour le futur énergétique de Maurice. Les discussions, qui s’annoncent complexes, doivent concilier les objectifs de rentabilité du CEB, les exigences des producteurs et les impératifs de durabilité environnementale.
L’enjeu principal de ces discussions est la révision des tarifs facturés par les IPP au CEB. Une source proche du dossier explique que les coûts actuels, qui incluent encore les remboursements des emprunts contractés pour construire les centrales dans les années 2000, ne sont plus justifiés, ces prêts ayant été largement amortis.
« La plupart de ces prêts ont été remboursés. Il n’y a donc plus de raison d’en faire porter le coût au CEB », explique cette source. Cette révision tarifaire est une priorité pour le CEB qui a payé Rs 8,1 milliards aux IPP durant l’année financière 2022-23, et ce malgré une baisse de 377 GWh des volumes d’électricité achetés. Le gouvernement espère ainsi réduire le fardeau financier pesant sur le CEB.
Investissements importants
Autre sujet épineux des négociations : le charbon, principal combustible des IPP. La flambée des prix du charbon sur les marchés internationaux, exacerbée par la guerre en Ukraine, a pesé lourdement sur les finances du CEB. En 2022-23, le prix moyen a grimpé à USD 212,25 par tonne, contre une prévision budgétaire de USD 115,28. Cela a engendré un surcoût de Rs 3 milliards qui a aggravé le déficit annuel du CEB. Celui-ci a grimpé à un record de Rs 4,8 milliards.
Le ministère de l’Énergie souhaite inclure dans les nouveaux contrats une réduction progressive de l’utilisation du charbon au profit des énergies renouvelables, un objectif aligné sur le National Biomass Framework. Ce plan ambitieux, présenté en 2023, vise à exploiter les déchets de la canne à sucre (bagasse) et des biomasses ligneuses pour produire de l’électricité.
Avec une production annuelle estimée à 3,8 millions de tonnes de canne à sucre d’ici 2030, l’électricité issue de la bagasse pourrait atteindre les 538 GWh. En combinant cette production avec les 235 GWh attendus des biomasses ligneuses, la contribution des énergies issues de la biomasse atteindrait 773 GWh, soit près de 23 % du mix énergétique.
Le plan inclut également l’installation de sécheurs de bagasse dans toutes les centrales électriques, une mesure qui pourrait augmenter la production électrique de 25 GWh dès 2025.
Cependant, ces projets nécessitent des investissements importants : chaque système est estimé à USD 5,8 millions. Pour financer ces initiatives, le gouvernement compte sur des prêts verts et des subventions.
Un autre volet clé du National Biomass Framework est le Biomass Land Rehabilitation Scheme qui prévoit la conversion de 2 400 hectares de terres en plantations de canne à sucre, avec des prêts à taux réduits de Rs 150 millions par an pendant quatre ans. Ce projet, en sus des bénéfices agricoles, vise à renforcer la sécurité énergétique nationale.
Partenariat à repenser
Le différend survenu en 2022 entre le CEB et Terragen, qui avait suspendu sa production face à la flambée des prix du charbon, demeure dans les esprits. À l’époque, le conflit avait abouti à une indemnité de Rs 88 millions en faveur du CEB. Le gouvernement semble déterminé à éviter de tels scénarios à l’avenir, en établissant des bases contractuelles claires et équitables.
Ces négociations offrent l’occasion unique de redéfinir les termes de coopération entre le gouvernement et les IPP, avec un objectif clair : réduire le fardeau financier sur le CEB et les consommateurs, tout en renforçant l’engagement de Maurice dans une transition énergétique durable. L’objectif est d’établir des partenariats alignés sur les ambitions énergétiques et environnementales de Maurice. En imposant des conditions plus strictes, les discussions pourraient marquer un tournant décisif dans la politique énergétique du pays.
Le ministère de l’Énergie et des Services publics :
« Nou pa pou les bann IPP met kouto anba nou lagorz »
Le ministère de l’Énergie et des Services publics adopte une posture intransigeante dans les négociations avec les producteurs indépendants d’électricité : « Nou pa pou les bann IPP met kouto anba nou lagorz. » Ce ton catégorique illustre la volonté du gouvernement de ne pas céder à des demandes jugées déraisonnables de la part des IPP, tout en reconnaissant leur rôle stratégique pour le secteur énergétique et l’économie mauricienne. Pas question donc de faire des concessions excessives, même si leur contribution demeure essentielle.
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