Le taux de réussite, dans le traitement des addictions, est souvent faible. Il se situe entre 25 à 35 %, affirme le Dr Siddick Maudarbocus, directeur de la clinique Les Mariannes, centre privé de réhabilitation. Mais avec les bons outils, ce taux peut grimper et dépasser les 50 %. « Cela s’explique par le fait que certains sont dans le déni et ne réalisent pas à quel point l’addiction a une emprise sur eux. En banalisant le problème, ils n’adhèrent pas parfaitement au programme alors qu’ils sont devenus des esclaves des produits qu’ils consomment », souligne-t-il.
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Comment se fait le traitement ? Il faut d’abord comprendre que dans le cerveau, il y a des neurotransmetteurs, explique le Dr Siddick Maudarbocus. L’addiction provoque un bouleversement de ces neurotransmetteurs. C’est pourquoi il faut une approche de détox médicale préalable afin de rétablir l’équilibre biochimique dans le cerveau, dit-il.
Lorsque la personne dort mieux, est plus calme et retrouve l’appétit sans consommer de substances, la première semaine est marquée par une politique de zéro tolérance à travers des médicaments. Le corps, le foie et le cerveau commencent à récupérer, et un système de « counselling » est mis en place pour comprendre ce qui a conduit à la consommation de drogue.
En banalisant le problème, ils n’adhèrent pas parfaitement au programme alors qu’ils sont devenus des esclaves des produits qu’ils consomment»
Dans certains cas, c’est un trauma émotionnel ou un décès qui a bouleversé l’individu. Des stratégies sont développées afin de l’aider à faire face à la situation, et des outils sont proposés pour qu’il puisse gérer ses angoisses et situations de manque. C’est la phase de réhabilitation psychologique pour l’aider à se détourner de la drogue et à vivre mieux tout en étant plus résilient. « Reconstruire l’estime de soi des patients est important », fait-il comprendre.
Cependant, quand la phase médicale ne se passe pas bien, le cerveau reste en crise biochimique avec un déséquilibre plus important, et cette sensation de manque persiste. En étant encadrés, les patients parviennent à surmonter cette situation, mais une fois de retour dans la société, le problème de manque réapparaît, ce qui incite certains à consommer à nouveau des produits illicites. « Cette situation rend la réhabilitation plus difficile, car pour certains, la sensation de manque est biochimique et demeure dans leur cerveau », indique le Dr Siddick Maudarbocus. C’est pour cela que certains instituts de recherche considèrent l’addiction comme une maladie.
Lors du traitement, il est important d’expliquer que la rechute est possible et fait partie du chemin de la guérison. Il ne faut pas se sentir coupable si cela arrive, mais rechercher à nouveau de l’aide au lieu de baisser les bras. « Un réajustement du programme et une relation de confiance avec le thérapeute sont cruciaux », fait-il comprendre.
Un réajustement du programme et une relation de confiance avec le thérapeute sont cruciaux»
Le Dr Maudarbocus est d’avis que le Drug Users Administrative Panel est une bonne initiative, mais nombreux sont les consommateurs de drogues qui ne pourront pas suivre un programme en ambulatoire et nécessitent des sessions résidentielles. Il ajoute également que l’utilisation de la méthadone comme produit de substitution pour les moins de 18 ans est un mal pour un bien, dans la mesure où parfois il n’y a pas d’autres options pour les jeunes.
« Au lieu de les laisser filer droit dans le mur et finir plus mal, il est peut-être mieux qu’ils bénéficient d’un tel traitement. Cependant, il faut un bon accompagnement psychosocial afin que la méthadone soit une étape temporaire », insiste-t-il. Il plaide aussi pour la reconstruction des patients afin qu’ils retrouvent leur estime de soi et aient des buts dans la vie.
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