- Des consultations en cours avec les parties prenantes
Se dirige-t-on vers une régularisation des centres de désintoxication du pays, face notamment à leur prolifération ? C’est, en tout cas, la demande formulée par diverses ONG aux autorités. Selon le National Drug Secretariat, qui relève du Bureau du Premier ministre, la requête sera envoyée aux instances concernées.
Publicité
Jeudi, le National Drug Secretariat a eu une réunion avec des représentants d’ONG militant pour la désintoxication et la réhabilitation des patients souffrant de problèmes d’addiction aux substances illicites. Ces derniers ont unanimement exprimé leur inquiétude quant à l’ouverture anarchique de centres de désintoxication à travers le pays, dénonçant des pratiques qui, bien souvent, mettent en danger la vie des patients au lieu de les aider à se rétablir. Ils ont cité les décès suspects de Nadeem Permessur, 48 ans et Salman Sayfud-Din Sauterelle, 21 ans, deux patients dépendants aux substances illicites, venus se faire soigner dans ces supposés centres de désintoxication mais qui ont trouvé la mort dans des circonstances tragiques.
Le responsable du centre Idrice Goomany insiste sur la nécessité de structurer et de réguler les organismes de désintoxication. « Il est impératif de mettre de l’ordre et de s’assurer que les organismes d’aide soient dûment enregistrés et suivent le parcours requis », plaide-t-il. Le président de l’Association des travailleurs sociaux de Maurice (ATSM), Ally Lazer, insiste également sur la nécessité d’une réglementation rigoureuse pour éviter les dérives constatées.
« Il est essentiel que le gouvernement encadre ces activités. Toute personne souhaitant s’engager dans la désintoxication de personnes dépendantes aux substances illicites doit posséder les compétences nécessaires. L’objectif est de garantir que tout se déroule correctement », souligne le Dr Siddick Maudarbocus, le directeur de la clinique Les Mariannes Wellness, un centre spécialisé dans les addictions.
Au niveau du National Drug Secretariat, l’on convient du fait qu’on « ne peut pas simplement ouvrir un centre et prétendre administrer des traitements sans contrôle ni régulation ». « Nous devons mettre fin à la confusion qui règne autour de ces centres. Il est impératif que chaque établissement soit dirigé par des individus possédant non seulement une expertise en matière de réhabilitation, mais aussi un solide bagage spirituel. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons garantir que les patients reçoivent l’aide dont ils ont réellement besoin », souligne-t-on.
Des consultations sont en cours pour déterminer la meilleure manière de réguler ces centres, poursuit-on au National Drug Secretariat. « L’objectif est de mettre en place un cadre législatif qui obligerait chaque centre à s’enregistrer auprès du ministère, à justifier d’une équipe qualifiée et à adhérer à des normes de pratiques reconnues. Cette démarche vise à protéger les patients contre les abus et les traitements inefficaces ou dangereux », fait-on ressortir.
Deux décès en moins d’une semaine
Nadeem Permessur, 48 ans, est décédé le dimanche 18 août. La veille, le corps couvert de blessures de cet habitant de Pailles avait été retrouvé dans le centre de désintoxication Awaken, à Eau-Coulée, où il avait été placé par ses proches, le dimanche 11 août, pour le guérir de son addiction à la drogue. Sa mort a été attribuée à de multiples blessures par le médecin légiste.
Huit personnes ont été appréhendées par la Major Crime Investigation Team, dont des préposés du centre. La police soupçonne qu’il aurait été ligoté et battu par des individus au centre en guise de « correction », en raison de son addiction à la drogue. Parmi les suspects, il y a également des patients qui ont évoqué les méthodes utilisées par les responsables de ce centre pour forcer les individus à abandonner la drogue, notamment divers types de violence et de tortures.
Un peu moins d’une semaine plus tard, le vendredi 23 août, le corps sans vie, la tête recouverte d’un sac en plastique noir de Mohammad Sayfud-din Sauterelle, 21 ans, a été retrouvé à Roche-Bois. Selon les cinq suspects appréhendés par la police, il aurait succombé à une overdose. Or sa mère et son frère ont indiqué qu’il n’aurait jamais dû se trouver à Rose-Bois, car ils l’avaient fait admettre dans un centre de réhabilitation à Vacoas. « Zot finn vinn sers li ek zot inn ale, zot donn mwa so telefon ek dir mwa pou fer ti travay laba mem, pena pou trakase », a raconté sa mère, Jayna Rojan.
Le frère du défunt, Mohammad Farhudeen Ameerudee Rojan, a demandé une enquête approfondie : « Nous avons payé pour que mon frère intègre le centre et nous avons acheté tout ce dont il avait besoin. Nous pensions qu’il était en sécurité là-bas et que sa réhabilitation se passait bien. »
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !