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Tendance à la baisse de la COVID-19 : les sous-variants déjouent les pronostics à Maurice

Dr Shameem Jaumdally, virologue mauricien basé en Afrique du Sud. Dr Sivalingum Ramem, ancien directeur général des services de santé. Dr Soobaraj Sok Appadu, National COVID-19 Coordinator.

Le nombre de nouveaux cas positifs de COVID-19 est en baisse depuis ces dernières semaines. Mais les autorités sanitaires se veulent prudentes, appelant à ne pas banaliser les chiffres. La vigilance doit rester de mise, selon elles, car une résurgence de la maladie est toujours possible. 

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Alors que plusieurs pays ont enregistré une nouvelle vague de COVID-19 en raison de la circulation des sous variants BA.4 et BA.5 d’Omicron, cela ne semble pas être le cas à Maurice. Depuis mars, une nette régression du nombre de nouveaux cas est observée, et ce même si les sous-variants d’Omicron (BA.1, BA.2, BA.4 t BA.5) sont présents sur le sol mauricien. 

Durant tout le mois de mai, le nombre de cas enregistrés en 24 heures a oscillé entre deux et 25. Ce qui a un peu déjoué les prévisions initialement établies. En mars dernier, les experts avaient prédit une nouvelle vague en mai. Ce pronostic a par la suite été révisé pour affirmer que la nouvelle vague surviendrait dans le courant du mois de juin, d’où la décision de maintenir les restrictions sanitaires en vigueur jusqu’à nouvel ordre. 

PIC Atteint en Février

Pour que survienne une nouvelle vague, le virus doit devenir prédominant au sein de la population. Or, les sous-variants BA.4 et BA.5 n’ont pas encore surclassé les BA.1 et BA.2 jusqu’à présent, selon le Dr Shameem Jaumdally. Le virologue mauricien basé en Afrique du Sud anticipe qu’une nouvelle vague de COVID-19 est bel et bien plausible en juin. « Généralement, une nouvelle vague survient six mois après la précédente, ce qui fait qu’on peut s’attendre à une hausse du nombre de cas, comme cela s’est vu dans plusieurs pays », explique-t-il. 

À Maurice, après la résurgence du virus en septembre et octobre 2021 en raison de la circulation du variant Delta, le nombre de cas a continué à grimper jusqu’à février 2022 quand le pic a été atteint. La situation a par la suite commencé à se stabiliser pour progressivement s’améliorer semaine après semaine quand le variant Delta a commencé à s’estomper pour céder la place à Omicron, plus transmissible mais moins virulent que son prédécesseur. 

Pas de nouvelle vague 

Le Dr Jaumdally et le Dr Soobaraj Sok Appadu, National COVID-19 Coordinator, sont d’avis que la baisse du nombre de nouveaux cas peut être attribuée aux restrictions sanitaires encore en vigueur à Maurice. Référence est ici faite notamment au port obligatoire du masque sanitaire dans les lieux publics et à la limitation à 50 du nombre de personnes autorisées à se rassembler, entre autres. Sans compter le fort pourcentage de la population qui a été vaccinée. 

Il est donc difficile pour une nouvelle vague de la pandémie d’émerger dans de telles conditions, affirment les deux interlocuteurs. Malgré tout, Maurice ne pourra pas échapper à la résurgence de nouveaux cas en juin, car c’est le cours naturel de l’évolution du virus, selon le Dr Jaumdally. 

Il fait cependant remarquer qu’il ne faut pas s’attendre à des cas de maladies sévères, d’hospitalisations ou même de décès car Omicron ne peut pas, biologiquement parlant, causer de maladies aussi sévères que les variants Alpha, Bêta et Delta. « L’endémicité semble être déjà établie à Maurice », dit-il. Néanmoins, précise-t-il, la vigilance doit rester de mise. 

18 personnes au NEW ENT Hospital

Un avis que partage le Dr Sok Appadu. Il observe que ce sont les sous-variants BA.1 et BA.2 qui prédominent en ce moment avec un total de 36 cas et de 532 cas respectivement enregistrés depuis mars 2022. En ce qui concerne les sous-variants BA.4 et BA.5, le total est de 66 et neuf respectivement jusqu’à présent. Trois cas de recombinant du BA.1 et BA.2 ont aussi été enregistrés. 

Ainsi, malgré la baisse significative du nombre de nouveaux cas depuis ces dernières semaines, le pays n’est pas encore tiré d’affaire, selon le Dr Appadu. « Les sous-variants BA.4 et BA.5 n’ont pas encore pris le dessus sur les BA.1 et BA.2. Nous devons attendre encore un peu pour voir comme les virus évoluent », dit-il. 

Il prévient qu’il ne faut pas banaliser les chiffres car il y a encore des patients au New ENT Hospital, en l’occurrence 18 en ce moment. Pour lui, le nombre de cas détectés quotidiennement est une indication que le virus circule toujours au pays. Mais il est conscient qu’atteindre une situation de « zéro COVID-19 » est une utopie, d’autant que certains patients sont asymptomatiques et qu’ils peuvent transmettre la maladie à leur insu. 

Allègement des restrictions à envisager 

Contrairement à ce qu’affirme le Dr Sok Appadu, le Dr Sivalingum Ramen, ancien directeur général des services de santé, estime qu’eu égard de la situation, un allègement des restrictions sanitaires est possible dès à présent. Il explique que les sous-variants BA.1, BA.2, BA.4 et BA.5 étant moins virulents, une résistance et une immunité collective semblent s’être installées.  Sans oublier la vaccination qui joue son rôle également. Du coup, il y a de moins en moins de nouveaux cas. Mais le Dr Ramen souligne que certains peuvent être infectés tout en ne présentant pas de symptômes. Raison pour laquelle il déplore l’absence de tests de dépistage. Il plaide pour une étude à travers des analyses des anticorps afin de déterminer le pourcentage de la population qui a été infecté par la COVID-19. Le Dr Ramen est d’avis que le port du masque sanitaire à l’extérieur peut ne plus être obligatoire, mais le rester dans les lieux fermés et les transports en commun. Il ajoute que les pique-niques à la plage devraient être permis. Il estime que le nombre de personnes autorisées à se rassembler peut aussi être revu à la hausse et passer le cap de 100. 

Neuf cas positifs en 24 heures 

Neuf nouveaux cas positifs de COVID-19 ont été détectés en 24 heures, selon les chiffres du ministère de la Santé. Six patients au total ont été hospitalisés : cinq au New ENT Hospital et un dans un hôpital régional. Trois d’entre eux ont pu rentrer chez eux après avoir reçu leur traitement, selon le communiqué. 

 

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