Maurice accueillera des voyageurs dès le 1er octobre 2020 à condition qu’ils suivent un protocole strict. Mais est-ce le bon moment pour rouvrir nos frontières ? C’est la question des journalistes Florence Alexandre et Terence O’Neill à plusieurs intervenants lors de l’émission Au Cœur de l’Info, sur Radio Plus, le jeudi 10 septembre 2020.
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Steven Obeegadoo : «Les employés en contact direct avec les clients resteront en quarantaine»
Selon Steven Obeegadoo, Premier ministre adjoint et ministre du Tourisme, si le plus important reste la santé de la population, il faut quand même assurer les revenus des plus de 100 000 employés du secteur du tourisme.
Quatre tests plus une quarantaine
« L’exercice de rapatriement des Mauriciens nous a permis de gagner en expérience. Nous sommes le pays le plus strict en termes de contrôle avec quatre tests PCR et une quarantaine. À la fin septembre 2020, nous aurons rapatrié 8 000 Mauriciens. Dès le 1er octobre 2020, tous les voyageurs qui acceptent le même système mis en place pour le rapatriement pourront rentrer au pays. La question du timing ne se pose donc pas, car le système reste le même », commente le ministre.
Pas de restrictions en fonction des pays
Selon Steven Obeegadoo, il n’y aura pas de restrictions en fonction des pays d’embarquement des voyageurs.
Protocole finalisé
Il précise que le ministère du Tourisme finalise le protocole sanitaire avec le ministère de la Santé et les partenaires. Ce protocole comprend le voyage en avion, le passage à l’aéroport, le transfert et la quatorzaine. Le Premier ministre adjoint souligne que les employés en contact direct avec les clients resteront en quatorzaine.
22 hôtels comme centres de quarantaine
Selon lui, actuellement 22 hôtels sont convertis en centres de quarantaine en sus des zones restreintes. Il ajoute que des négociations sont en cours pour connaître le nombre d’hôtels qui accueilleront les voyageurs en quatorzaine. Concernant la sécurité, il affirme que « des mesures seront prises pour assurer qu’aucun voyageur ne quitte son hôtel avant la fin de sa quatorzaine ». « Nous ne sacrifions pas la sécurité de la population pour de l’argent. Nous permettons à un secteur de redémarrer, comme cela a été le cas pour d’autres lors du déconfinement. Tout ce que nous faisons comporte un risque, mais nous diminuons les risques raisonnablement. Les employés qui estiment être en danger peuvent légalement refuser de travailler », confie Steven Obeegadoo.
Suttyhudeo Tengur : «Un risque pour la population»
Suttyhudeo Tengur, président de l’Association de protection de l’environnement et des consommateurs (Apec), est catégorique. L’ouverture des frontières le 1er octobre 2020 représente « un risque pour la population ». « Le secteur touristique met la pression pour une réouverture des frontières. Mais nous devons mesurer l’intérêt de la population par rapport à celui d’un seul secteur. Les Maldives, par exemple, ont dû prendre des mesures correctives après l’ouverture des frontières que l’archipel regrette. Prenons l’exemple de la situation à La Réunion, en Angleterre, aux USA et en Inde… À mon avis, l’ouverture des frontières à Maurice est prématurée », commente-t-il. Selon Suttyhudeo Tengur, les autres piliers économiques du pays peuvent soutenir le tourisme. « Si le gouvernement cède aux lobbies, li pou bisin sarye kadav. Maurice n’a que le capital humain comme ressource. Alors pourquoi le mettre en danger ? » s’insurge-t-il.
Jean-Michel Pitot, président de l’AHRIM : «La probabilité qu’une personne malade arrive à Maurice est de 01 %»
Selon Jean-Michel Pitot, président de l’Association des Hôteliers et Restaurateurs de l’Ile Maurice (Ahrim), c’est le bon moment pour la phase 2 de la réouverture des frontières. Il indique que ce sont les voyageurs en longs séjours qui viendront à Maurice, car ils devront aller en quatorzaine. Ce qui garantit la sécurité, selon lui. « Ce n’est pas pour les touristes normaux, mais pour les Mauriciens et les personnes qui séjournent à Maurice pendant quatre à cinq mois. Ces quarantaines seront payables par les clients, les packages coûteront entre Rs 45 000 et Rs 50 000 », précise le président de l’Ahrim.
« La formation du Dr Catherine Gaud m’a rassuré. Le principe numéro un est de porter le masque et de se laver les mains. La probabilité qu’une personne malade arrive à Maurice est de moins de 1 %. rouvre en août 2020 ou en janvier 2021. Donc, le plus tôt est le mieux », affirme Jean-Michel Pitot.
Dr Laurent Musango, de l’OMS : «Les risques dépendront de la discipline des Mauriciens et des visiteurs»
La durée de la quatorzaine donne des résultats efficaces même avec une réouverture des frontières, selon le Dr Laurent Musango, représentant local de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Il y a des réunions régulières du comité Covid-19 pour évaluer les forces et les faiblesses. La phase 2 est une extension du rapatriement des Mauriciens. Il faut être plus rigoureux, car on peut avoir une forte demande de voyageurs. La formation des employés d’hôtel est une bonne chose et sera plus spécifique selon les différents métiers », déclare le Dr Laurent Musango.
Concernant les risques d’une seconde vague de la Covid-19 avec l’ouverture des frontières, il estime que cela dépendra notamment de la discipline des Mauriciens et des visiteurs. « Avec une bonne prévention, des tests et de la discipline, on peut minimiser les risques. Mais le risque zéro n’existe pas », dit-il. Interrogé sur la suspension des essais cliniques d’un vaccin au Royaume-Uni suite à des effets secondaires allégués sur un patient, le représentant de l’OMS indique : « les essais vont reprendre et d’autres vaccins sont en développement ».
Takesh Luckho : «Économiquement, c’est le bon moment, mais…»
Takesh Luckho estime que c’est le bon moment pour rouvrir les frontières si on ne considère que l’aspect économique. « Les six mois de fermeture ont impacté sur de nombreux métiers. Les aides gouvernementales devraient durer le temps que l’économie reprenne. Mais la relance n’est pas encore complète. Les devises étrangères qui viendront seront un plus et soulageront l’économie. Quand les frontières rouvriront entièrement, il y aura une grande demande de touristes. Pour soulager l’économie qui a perdu 22 % en six mois, il faut beaucoup de visiteurs. Ce ne sera pas possible avec la phase 2. On espérait que les consommateurs mauriciens compenseraient le manque à gagner sans les touristes, mais ce n’est pas le cas », explique l’économiste.
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