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Sur les plateformes du Défi Media Group - «40 coups de feu» : Clifford Esther, une vie en suspens

Marie-Marjolène, sa compagne depuis deux ans, le soutient dans son combat.
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Le documentaire de Téléplus, « 40 coups de feu », réalisé par Jean-Luc Emile et Roshan Choony, revient sur l’affaire Clifford Esther. Le 5 mars 1982, un policier lui tire une balle dans le crâne. Quarante ans après, les interrogations subsistent. 

«Enn boug tir lor ou. Kot so plas ? Dan prizon. » C’est un homme meurtri que les internautes ont pu découvrir dans le documentaire 40 coups de feu, de TéléPlus, disponible depuis le 5 mars 2022. Car 40 ans après qu’un policier lui a tiré une balle dans le crâne, Clifford Esther n’a toujours pas obtenu justice. 

Il n’en est pas mort, certes. Mais aujourd’hui, il continue d’en subir les séquelles, tant sur le plan physique que mental. Après deux mois d’hospitalisation et des mois de traitements, Clifford Esther n’est plus le même : son bras droit est paralysé, il a perdu la vue dans l’œil gauche… Pour cet homme de 63 ans, 40 ans après, la plaie est à vif. 

Le jour où sa vie a basculé 

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Sa quête pour faire connaître la vérité a été sans relâche.

Le 5 mars 1982. Clifford Esther se trouve dans un campement à La Preneuse avec Margarethe, sa compagne d’alors. Ils s’étaient rencontrés alors qu’il travaillait comme chanteur à l’hôtel. Elle a fini par quitter son époux pour venir vivre avec lui.

De jour en jour, je le vois de plus en plus abattu par cette histoire. Chaque année, quand le 5 mars approche, il ne cesse de répéter les mêmes phrases»

À un certain moment, un policier frappe à la fenêtre. « C’était un dénommé Lebon », raconte-t-il. Devant lui se dressent un groupe de policiers armés et des chiens. Son cousin Patrick Ah-Quah, présent sur les lieux, est arrêté. Clifford Esther dit avoir été frappé à la tête. L’espace de quelques secondes, il sent le bout d’un pistolet dans sa bouche. Puis, c’est le néant. Clifford Esther se réveille dans un lit d’hôpital. 

« J’ai souffert, je souffre encore », dit Clifford Esther dans le documentaire de 26 minutes, à visionner sur www.defimedia.info, sur la page YouTube de TéléPlus et sur la page Facebook Defimedia.info. Il affirme que c’est l’époux de sa compagne de l’époque qui serait derrière toute cette affaire. La veille, se souvient-il, soit le 4 mars 1982, le policier Lebon lui avait rendu visite pour lui demander quand sa copine s’en irait... 

Après une enquête judiciaire et un procès au civil, les policiers s’en sortent indemnes. La version de Clifford Esther est contredite et la cour conclut que le dog handler de la police, Fernand Vitry, a agi en légitime défense, parce que Clifford Esther avait un couteau à la main. 

« C’était la version du policier Vitry contre celle d’Esther et la cour a retenu la version de légitime défense de la police », explique Me Erickson Mooneapillay dans le reportage. Il précise néanmoins qu’il garde espoir que Clifford Esther obtiendra justice, même après 40 ans.

Les masques tombent 

Dans le documentaire de TéléPlus, les langues se délient. Notamment, celle du cousin de Clifford Esther, Patrick Ah-Quah, présent au bungalow ce jour-là. Celui-ci n’a pas témoigné lors du procès, car il était à l’étranger. 

J’ai souffert, je souffre encore»

Battu, menotté et arrêté, ce 5 mars-là, Patrick Ah-Quah, qui est aux États-Unis, raconte dans un témoignage audio qu’un policier lui avait lancé le même jour : « ‘Pa koz avek lapress.’ Ils m’ont dit qu’une erreur est arrivée. » 

Autres témoignages, ceux d’un dénommé Marc, gardien du campement, et son fils Jean-Marc Laridain. « Les gens ont entendu un coup de feu. La police m’a demandé de mettre le sang dans une brouette et de le jeter à la mer », indique Marc, qui se dit prêt à témoigner.

Margarethe Perez Cruz, l’ex-compagne de Clifford Esther, qui a aujourd’hui refait sa vie, intervient également dans le reportage de TéléPlus. « Il a fallu que je rentre en 1984 et je n’ai pas pu revenir pour le procès. Je pensais qu’il allait être indem

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Marc, gardien du campement de La Preneuse, est disposé à témoigner en cour.

nisé », relate-t-elle. Cette histoire est, pour elle, chose du passé désormais.

Reste que sa vie, Clifford Esther ne pourra jamais vraiment la reconstruire, malgré tous ses efforts. Il se marie avec Marie-Claude. Ils auront cinq enfants, mais son épouse décède. Il y a deux ans, le veuf fait la rencontre de Marie-Marjolène.

Aujourd’hui, c’est ensemble qu’ils partagent ce combat. « De jour en jour, je le vois de plus en plus abattu par cette histoire. Chaque année, quand le 5 mars approche, il ne cesse de répéter les mêmes phrases », révèle Marie-Marjolène. Et pourtant, malgré sa souffrance, Clifford Esther confie, à la fin du documentaire, qu’il pardonne à ceux qui ont détruit sa vie.

A lire la première partie du Livre dans les Pages 44 à 59.

Vous retrouverez  la dernière partie du Livre dans la prochaine édition de Le Dimanche/L’HEBDO.

Nous remercions l’auteur, Sedley Assonne  pour l’autorisation, de publier son livre.

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À l’époque, Clifford Esther était en couple avec une certaine Margarethe (à dr. dans la photo).

Sedley Assonne, auteur du livre « Clifford Esther plus qu’un martyr » : «Cette affaire est l’une des plus tristes que Maurice ait pu connaître»

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Le livre « Clifford Esther plus qu’un martyr », de Sedley Assonne, est sorti en 2007.

Cette quête de justice, Sedley Assonne l’a racontée dans le livre Clifford Esther plus qu’un martyr. L’auteur dit avoir été approché par Clifford Esther ; celui-ci était à la recherche d’un auteur pour écrire ce drame. Son objectif était alors d’alerter l’État et éveiller l’opinion publique. Clifford Esther voulait être dédommagé pour tout le mal qui lui avait été fait.

« Je lui ai rendu visite chez lui, à Terrasson. À l’époque, je ne le connaissais pas, mais j’ai accepté de l’aider pour que justice soit faite, car je suis totalement contre toute forme de brutalité policière. J’étais aussi parti à la rencontre des protagonistes à l’époque. C’était assez délicat, car des policiers étaient impliqués », raconte Sedley Assonne.  Pour lui, cette affaire est l’une des plus tristes que Maurice ait pu connaître. L’auteur dit espérer que Clifford Esther trouvera justice. 


Jean-Luc Emile, Managing editor au Défi Media Group : Rendre justice à un homme blessé et l’aider à trouver «sa vérité»

« 40 coups de feu, car c’est ce que j’ai ressenti lorsque nous avons réalisé ce reportage », souligne Jean-Luc Emile, Managing editor au Défi Media Group. Roshan Choony, vidéographe et coréalisateur et lui ont pris six semaines pour ficeler ce documentaire. Une façon pour eux de rendre justice à cet homme blessé et l’aider à trouver « sa vérité ». 

Jean-Luc Emile confie avoir ressenti la souffrance de Clifford Esther lorsqu’il s’est replongé dans son histoire : « Cet homme a mené seul son combat et justice ne lui a jamais été rendue. J’ai vécu le drame d’un homme blessé. » 

Le reportage, poursuit-il, a pris une tournure différente au fur et à mesure que les témoignages tombaient. D’ailleurs, celui de Margarethe Perez Cruz leur est parvenu deux jours avant le bouclage. 

De rebondissement en rebondissement, ce documentaire était une façon de recoller certains morceaux de l’équation. Selon Jean-Luc Emile, à la suite de la sortie du documentaire, Clifford Esther lui a déclaré avoir reçu de nombreux messages de soutien de personnes qui veulent l’aider dans sa quête de justice. 

  • LDMG

 

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