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Sous Trump, les géants de la tech adoptent la vision de "l'Amérique d'abord"

Les géants américains des technologies font de plus en plus preuve de ferveur patriotique pour plaire à Donald Trump, un exercice diplomatique risqué pour des sociétés présentes partout dans le monde.

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En tête de ce mouvement se trouvent Meta, OpenAI et, de manière plus prévisible, Palantir, la société d'intelligence artificielle (IA) dans la défense fondée par Peter Thiel, le milliardaire conservateur qui a joué un rôle majeur dans le virage à droite de la Silicon Valley.

Mais leurs appels à la défense de la nation, souvent accompagnés de mises en garde contre la Chine communiste ou l'Europe régulatrice, suscitent des inquiétudes quant à l'aliénation potentielle de leurs partenaires commerciaux à l'étranger.

Donald Trump et son vice-président JD Vance promeuvent leur programme nationaliste "America First" (l'Amérique d'abord), que de nombreuses entreprises américaines n'ont d'autres choix que de soutenir.

Ils dénigrent au passage régulièrement des alliés proches, mais pas les puissances du Moyen-Orient comme l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, qui investissent des milliards dans des projets américains d'IA.

Parmi les ralliements à l'exceptionnalisme américain, le plus surprenant est peut-être celui du créateur de ChatGPT, OpenAI.

L'entreprise fait désormais activement pression pour que les technologies américaines deviennent le socle mondial de l'IA générative. Elle a ajusté ses principes pour autoriser les contrats de défense et aide à mettre au point l'IA pour le Pentagone en partenariat avec le fabricant de drones Anduril, une autre entreprise liée à Peter Thiel.

"Je ne veux pas non plus vivre en Europe", a déclaré Sam Altman, patron d'OpenAI, à un groupe d'experts du Sénat sur la domination de l'IA par les États-Unis la semaine dernière.

- "L'Amérique doit gagner" -

"Je pense que l'Amérique est un pays incroyable, tout simplement unique", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas seulement l'endroit où la révolution de l'IA a lieu, c'est ici aussi que se produiront toutes les prochaines révolutions".

Meta (Facebook, Instagram), avait une longueur d'avance en matière de nationalisme américain. Son fondateur Mark Zuckerberg n'a jamais hésité à critiquer la Chine et l'application rivale TikTok qu'il a accusée de censurer des contenus.

Mais le groupe californien a mis les bouchées doubles sous Trump, avec un nouveau membre de la direction, un éminent lobbyiste républicain qui critique régulièrement les réglementations européennes et aligne les positions de Meta sur des points de vue conservateurs.

Le partisan le plus virulent reste cependant Palantir. La tech "est plus un métier ou une forme d'art qu'une science. Et tous les artistes se trouvent en Amérique", a déclaré Alex Karp, patron de Palantir, lors d'une conférence technologique à Washington.

Les dirigeants de Palantir sont convaincus que cet objectif ne peut être atteint que par une domination militaire et technologique écrasante des États-Unis, garantissant ainsi la paix mondiale.

"L'IA est effrayante (et) peut être utilisée à mauvais escient" par les grandes puissances, "c'est pourquoi l'Amérique doit gagner", a assuré M. Karp.

- "Corde raide" -

Le nationalisme de Donald Trump pousse ainsi les entreprises à adopter des positions patriotiques que la Silicon Valley évitait traditionnellement, mais cela "peut créer des frictions à l'étranger, en particulier en Europe, où les préoccupations concernant la souveraineté, la localisation des données et la dépendance technologique augmentent", a commenté Sarah Kreps, directrice du Tech Policy Institute de la Cornell University.

"C'est une corde raide diplomatique", a-t-elle expliqué. "Lorsque la rhétorique politique devient trop polarisante (...) elle risque de saper" l'attrait des sociétés américaines à l'étranger.

Microsoft a adopté une approche plus mesurée. Ce vétéran de l'informatique, comme ses rivaux Google et Amazon Web Services, vend ses services à la fois au gouvernement américain et à l'étranger.

"Nous devons nous rappeler que seuls 4,5% de la population mondiale vivent aux États-Unis", a déclaré Brad Smith, le président du groupe, devant la même commission du Sénat où Sam Altman a plaidé en faveur de la domination américaine dans l'IA.

Les activités de Microsoft, comme celles de ses concurrents, dépendent d'accords autorisant les flux de données transatlantiques, qui sont régulièrement contestés devant les tribunaux de l'UE.

La professeure Susan Ariel Aaronson, de l'université George Washington, met en garde contre la précarité de ces accords. "L'IA américaine ne pourra pas réussir si on ne lui fait pas confiance", a-t-elle souligné. "Et comment construire la confiance ? En ne devenant pas le perturbateur du monde".


© Agence France-Presse

 

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