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Sooriah Utchamah, 105 ans : Femme courageuse avec une bonne humeur contagieuse

Sooriah Utchamah Pour Sooriah, la richesse, c'est le bonheur de jouir d'une bonne santé et d'être entourée des personnes qu'on aime (son gendre et son arrière-petit fils).
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Elle a vu le jour à Quartier-Militaire en 1915. Le 6 décembre dernier, Sooriah Utchamah a fêté ses 105 ans. Ce petit bout de femme, que ses proches surnomment affectueusement ‘Mam’, jouit d’un vrai bonheur en compagnie de sa fille cadette, Appama Mathura, avec qui elle entretient une relation fusionnelle.   

« J’avais la responsabilité de nourrir seule mes trois enfants. Mais, depuis ce jour, j’en ai fait ma priorité et je ne vivais que pour mes enfants. Je ne touchais qu’une pension de Rs 15. »

Le secret de sa longévité est de vivre dans la simplicité et de garder la foi en Dieu. « J’ai toujours prié chez moi au lieu d’aller au temple, car je suis convaincue que la foi réside dans notre cœur. De plus, le bonheur ne dépend ni de la richesse ni de la pauvreté. La richesse, c’est de jouir d’une bonne santé et de l’amour de ses proches », explique Sooriah Utchamah, celle qui a fêté ses 105 ans, le 6 décembre dernier.

Plus connue comme « Mam », elle est décrite par son entourage comme une femme dont la bonne humeur est contagieuse. Pourtant, elle en a bavé de par sa vie chargée d’histoires et d’aventures. Sooriah a choisi de faire table rase du passé et quoique qu’elle ait eu une vie difficile, elle garde le souvenir d’une vie toujours soutenue par son entourage. Sa richesse, elle l’a toujours puisée dans le bonheur d’être entourée de sa famille.  

Durant toute son enfance, Sooriah dit avoir vécu la misère noire. Très tôt, la centenaire a été frappée par le deuil. Quoiqu’elle ait connu des hauts et des bas, elle ne s’est jamais apitoyée sur son sort. Outre de n’avoir pas fait des études, elle n’a pas non plus connu la joie de jouer comme une enfant de son âge, car de lourdes responsabilités reposaient sur ses jeunes épaules. « Après le décès de mon père, en tant que l’aînée d’une fratrie de trois, j’ai dû prendre le chemin du travail vers l'âge de 12 ans pour aider ma mère à faire bouillir la marmite. Comme plusieurs générations de ma famille, j’ai été femme de champs », raconte-t-elle avec nostalgie.

Des jours heureux

À 18 ans, Sooriah se marie. Elle a dû parcourir un long chemin, soit de Moka à Roches-Noires pour rejoindre son époux. « À cette époque, les transports en commun étaient plutôt inaccessibles. C'était un vrai casse-tête chinois de voyager à travers l’île. Le jour de mon mariage, il m’avait fallu marcher de Moka à Port-Louis pour prendre le train », se remémore-t-elle.   

Hélas, ce bonheur marital a été de courte durée. Deux ans après, elle se retrouve veuve, d’où l’obligation de retourner dans sa maison familiale à Moka. Quelques années plus tard, elle se remarie à un habitant de Chemin-Grenier et connaît la joie d’être maman de trois enfants, dont deux filles et un garçon. Mais malheureusement, le deuil frappe à nouveau à la porte de Sooriah. La vie la sépare de son deuxième époux. Elle se retrouve avec trois enfants sur les bras.

« C’était difficile, car j’avais la responsabilité de nourrir seule mes trois enfants. Mais, depuis ce jour, j’en ai fait ma priorité et je ne vivais que pour mes enfants. Je ne touchais qu’une pension de Rs 15. Il fallait que je me réveille à 6 heures du matin pour aller travailler dans les champs pendant que ma fille aînée surveillait les plus petits. À peine rentrer à la maison, je n’avais pas le temps de souffler que je courais à la rivière pour laver tous les vêtements. Ce n’est que tard le soir que je pouvais voir mes enfants et profiter d’eux », se remémore-t-elle.   

Aujourd’hui Mam se coule des jours heureux aux côtés d’Appama Mathura sa fille cadette. Elle s’épanouit aussi aux côtés de sa petite-fille et de son arrière-petit-fils. Malgré ses 105 ans, Sooriah reste active, d’ailleurs elle tient absolument à garder ses petites habitudes d’antan, comme se réveiller à 5 heures, manger ses spécialités de l’époque : brède, dholl, pomme de terre. « À l’époque, il fallait se contenter de manger des plats simples, faute de moyens financiers. C’est une habitude que je garde jusqu'à présent. Cependant, mon plat préféré est le curry de poisson. »

Sooriah est plutôt coquette, nous partage Appama sa fille. « Elle aime bien prendre soin d’elle. Après son bain, elle réclame toujours sa crème. La centenaire ne voudra jamais garder le même vêtement du matin au soir. Elle aime se changer au cours de la journée. Mais à 17 h 30 pile, elle est déjà en pyjama après avoir pris son bain. Sooriah aime aussi beaucoup se faire prendre en photos », sourit Appama.   

Mère et fille inséparables

Sooriah et Appama, Mère et fille sont inséparables comme les deux doigts de la main.
Sooriah et Appama, Mère et fille sont inséparables comme les deux doigts de la main.

Depuis 6 ans, Appama et Sooriah vivent sous le même toit. Mam a dû quitter sa maison, car elle ne pouvait plus vivre seule après le décès de sa fille aînée. C’est ainsi que sa fille cadette a pris la charge de sa mère, étant maintenant la seule enfant de Sooriah. Appama partage une relation fusionnelle avec sa mère. Les deux sont inséparables. Malgré son handicap, Appama est chaque jour aux petits soins de sa mère de 105 ans. En effet, Appama est amputée de ses deux pieds et elle est aveugle.

Appama avoue que grâce à sa bonne humeur contagieuse, sa mère lui apporte la joie de vivre au quotidien. « Depuis que Mam vit avec moi, il n’y a pas un jour où nous ne dormons pas ensemble. Même si je suis amputée de mes deux pieds et que je suis aveugle, je m’occupe de ma mère comme si c’était mon enfant. Elle en fait de même avec moi. Lorsque j’ai des douleurs, elle prend soin de moi et me fait des massages pour me soulager. À vrai dire, mon mari est d’un soutien inestimable lorsqu’il s’agit de prendre soin et d’assurer le confort de ma mère. Je remercie Dieu pour cela. » soutient-elle.

La fille cadette de Sooriah ne manque pas de rappeler qu’elle est fière d’avoir une famille très soudée. « Ma mère et moi, nous nous entraidons et nous nous soutenons mutuellement dans nos moments de difficultés. Mam nous apporte la joie de vivre au quotidien. Elle est celle qui me fait chanter des chansons en Bhojpuri avec elle en frappant les mains. Elle est le pilier qui tient notre famille debout. Je me souviens des sacrifices de ma mère qui préférait boire du thé pur avant d’aller travailler pour que ses enfants puissent boire un thé au lait. C’est un privilège de pouvoir m’occuper de ma mère à mon tour », conclut Appama avec joie. 

 

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