Ancien ministre et président de la Mauritius Ports Authority, Siddick Chady est l’un des rares politiciens mauriciens à avoir été condamnés à la prison. Sa libération, lundi matin, marque la fin d’un chapitre tumultueux de sa vie.
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La pièce est aérée et légèrement sombre. Confortablement assis sur un fauteuil en teck, jambes croisées, sourire en coin, tasse de thé noir à la main, Siddick Chady savoure sa liberté. L’ancien ministre, mais surtout ex-détenu de la prison de Richelieu, accepte volontiers de prendre la pose pour immortaliser cet instant. « La prison m’a appris à être patient. Sans cette vertu qu’est la patience, je n’aurais jamais pu traverser ce que je viens de vivre », confie-t-il. « L’univers carcéral est l’université de la patience », ajoute-t-il d’un ton calme.
Siddick Chady fait partie de ceux qui ont tout connu dans la vie. Ce père de famille de 72 ans, ancien ministre et président de la Mauritius Ports Authority, est passé de ses hautes fonctions à la cellule du condamné percevant la somme de Rs 20 par jour. Sa libération de prison, lundi matin, marque la fin d’un chapitre tumultueux de sa vie, après sa condamnation pour corruption dans l’affaire Boskalis.
En prison, avance un gardien de l’unité 24/7, un prisonnier ferait tout pour meubler son temps. C’est ce qu’a fait Siddick Chady. Du temps, il en avait. En sus de couper des légumes dans la cuisine, de repasser le linge, ou encore de travailler comme « tailleur », il s’adonnait à la lecture du Coran. « J’ai lu le Coran à trois reprises », dit-il.
Siddick Chady précise, une fois de plus, qu’il n’a jamais bénéficié de traitement de faveur durant son incarcération. Il affirme avoir été traité de la même façon et obtenu la même nourriture que tous les autres condamnés. « Mon seul souhait était de ne pas tomber malade durant mon incarcération et, heureusement, je suis resté en bonne santé jusqu’au bout », confie-t-il.
Siddick Chady dit avoir « côtoyé des prisonniers ». Il plaide d’ailleurs pour eux. Il y a d’abord la somme quotidienne de Rs 20 à laquelles ils sont éligibles en vertu du règlement carcéral. « Les prisonniers sont avant tout des humains. Ou trouv enn dimounn pou travay pou 20 roupi zordi ? » demande-t-il. Autre point soulevé : les traitements médicaux. « Il n’y a pas d’heure pour tomber malade. Pourquoi les prisonniers malades qui sont incarcérés à Melrose doivent-ils être transportés à l’hôpital Jawaharlal Nehru de Rose-Belle, lorsque l’hôpital Dr Bruno Cheong de Flacq se situe dans l’Est du pays ? » demande-t-il.
L’ancien ministre confie, par ailleurs, qu’il dépensait son argent en achetant une boîte de beurre, du fromage, des friandises, comme des paquets de chips et autres biscuits. « J’avais entre Rs 400 et Rs 500 par mois. Mo al lakantinn avek sa », confie-t-il.
Que compte-t-il faire maintenant qu’il a payé sa dette envers la société ? Quid de son avenir politique ? Siddick Chady laisse planer le doute. Mais il dira : « Les prochaines élections générales seront très serrées. »
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