Secteur touristique : une trentaine de petits hôtels proposés à la vente par des agences immobilières 

Actuellement, une trentaine d’établissements hôteliers, pour la plupart des petites structures sont  mis en vente. La crise de la Covid-19, le surendettement et le peu de perspectives dans le secteur touristique motivent les vendeurs. 

Si avant la pandémie, en 2019, une dizaine d’hôtels étaient en vente, le nombre a augmenté depuis. Il s’agit principalement de petits complexes, quelques hôtels de moyen, voire haut de gamme. 

Ainsi, sur propertycloud.mu, qui regroupe plusieurs agences, il y a, par exemple, un 4-étoiles de 21 chambres à Grand-Baie qui est en vente pour Rs 630 millions. Un 3-étoiles de 48 chambres sur la côte nord-est cherche preneur pour Rs 256 millions. À Trou-d’Eau-Douce, c’est un établissement de 52 chambres qui est proposé à Rs 384 millions, alors qu’un complexe de 23 chambres est en vente à Mont Choisy pour Rs 120 millions.

Chez jinvestyalilemaurice.com, parmi la gamme en vente figure un hôtel de luxe de 5-étoiles, pieds dans l’eau, proposé à 183 millions d’euros, soit environ Rs 9 milliards. 

Sendilen Chetty, un des associés,  précise que les établissements en vente sont plus vulnérables car ne faisant pas partie des groupes hôteliers. « Ces petites structures souffrent le plus en raison de leur fort taux d’endettement », dit-il. 

Endettement

Ashwin Chinnayya, partenaire chez Select Property Services (SPS), abonde dans le même sens. « La raison est l’endettement. Il y a une grosse crise et cela pousse certains à vendre », dit-il. Pourtant, la machinerie touristique semble reprendre avec l’ouverture des frontières. De mars 2020 au 1ᵉr octobre dernier, Maurice n’a pas accueilli des touristes. Même si les perspectives d’arrivées sont intéressantes, certains hôteliers préfèrent en arrêter les frais s’ils le peuvent.

Le fait que les grands hôtels et grands groupes essaient d’attirer la clientèle à coups de marketing et de tarifs alléchants, des petits opérateurs ne s’y retrouvent plus. « Nous sommes toujours en opération, mais j’ai mis mon établissement en vente. Je l’ai acheté, il y a cinq ans, croyant avoir saisi une bonne opportunité, mais je suis très déçu. Maurice n’y est pour rien. Personne ne pouvait prévoir que tout allait se retrouver à plat. Si je trouve un repreneur, c’est tant mieux », explique un de ces hôteliers.

Bissoon Mungroo, président de l’Association des hotels de charme, confirme que « beaucoup d’établissements sont très endettés. Depuis quelque temps, il est facile d’avoir des emprunts à des taux d’intérêt très avantageux, mais certains ne réalisent pas qu’ils devront rembourser. Maintenant, il n’y a pas de confinement et les banques exigent leur dû ». 

Il explique aussi que même si les frontières sont ouvertes, « il y a un problème de place dans les avions. Il n’y en a pas assez pour remplir les hôtels et ce sont les petits qui souffrent le plus. Je pense que ça va être la catastrophe à partir de février quand la haute saison sera passée. Plus d’hôtels seront alors mis en vente ».

Mais y a-t-il des acheteurs potentiels? « Il y a beaucoup de demandes de l’étranger. Par contre, si certains pensaient pouvoir acheter au rabais, ce n’est pas le cas. Ceci fait que, durant la pandémie, il n’y a pas eu beaucoup d’hôtels vendus. Maintenant que les choses reprennent, il y a davantage de visibilité. Nous allons passer à la vitesse supérieure. Ceux qui veulent investir maintenant sont majoritairement des gens qui sont déjà dans le domaine », avance Sendilen Chetty.

Ashwin Chinnayya confirme aussi que « des étrangers sont à la recherche d’hôtels. Le marché retrouve son attrait. Il y a un marché pour ce créneau. Je dois aussi dire que certains ont développé un Business Model. Ils construisent des hôtels, font monter les chiffres avec leurs opérations, puis revendent avec profit. ».