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Secteur énergétique - CEB : Rs 7 MD dépensées pour le charbon en 2022

Le CEB continue d’investir dans des sources d’énergies polluantes.

Les engagements du ministère des Services publics et de l’Énergie visant à éliminer le charbon d’ici 2030 sont à nouveau remis en question. C’est en raison des énormes dépenses pour le charbon qui a un impact significatif sur l’environnement.

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«En tant que petit État insulaire, Maurice est particulièrement vulnérable aux perturbations climatiques, même si l’île a une faible empreinte carbone. » C’est un discours récurrent du gouvernement à chaque fois que la question du changement climatique est abordée. Cependant, il faut le prendre avec des pincettes, compte tenu des dépenses massives du Central Electricity Board (CEB) pour le charbon.

Lors de l’exercice financier 2021/2022, le CEB a franchi un nouveau seuil en dépensant Rs 7 351 047 556 dans l’énergie à partir du charbon. Si on prend en compte les deux dernières années financières, pas moins de Rs 12 milliards ont été dépensées pour le charbon. 

La direction du CEB justifie ces dépenses colossales en invoquant la guerre en Ukraine et les répercussions de la pandémie de Covid-19. Selon le rapport annuel du CEB pour l’exercice financier 2021/2022, le prix du charbon est passé de USD 77,90/tonne à USD 241,83/tonne.

Cependant, en interne, les décisions de la direction du CEB et du ministère des Services publics suscitent la consternation. « Le fait que le CEB ait dépensé Rs 7 milliards pour le charbon est une nouvelle preuve du manque de cohérence dans la planification de l’organisme. Nous espérons éliminer le charbon d’ici 2030, et pourtant nous continuons de dépenser des sommes considérables dans cette source d’énergie », avance un technicien du CEB. 

Il reconnaît que le CEB a été affecté par des facteurs indépendants de sa volonté. La guerre en Ukraine et la Covid-19 ont eu un impact sur le prix du charbon. Cependant, le charbon et le pétrole lourd, utilisés par le CEB, sont sujets à des circonstances volatiles. « Il était donc impératif de comprendre depuis quelques années que nous ne pouvions pas continuer à nous appuyer sur le charbon », ajoute l’ingénieur.

Pour Vassen Kaupaymuthoo, océanographe et environnementaliste, Maurice est un très mauvais élève. « Nous prétendons être vulnérables au changement climatique et demandons aux pays riches de nous aider. Nous nous présentons comme des victimes, mais il y a un manque de cohérence. Nous savons que le charbon contribue massivement aux perturbations climatiques. Il est temps d’entamer une transition énergétique », affirme-t-il. 

Selon lui, les Rs 7 milliards dépensées par le CEB pour le charbon auraient pu être investies dans l’énergie éolienne, solaire et marine. Il fait observer que le gouvernement mauricien réclame régulièrement davantage de financement de la communauté internationale pour faire face au changement climatique. « Nous disons souvent que la Chine et l’Inde polluent beaucoup, mais il ne faut pas seulement regarder la quantité totale de pollution, il faut aussi prendre en compte la quantité de carbone émise par habitant. Je suis convaincu que la Chine peut être un meilleur élève, car elle a entrepris des réformes. L’Arabie saoudite le fait, l’Europe le fait, l’Allemagne a fermé ses centrales à charbon. Nous sommes donc tout autant sur le banc des accusés que les grands pays pollueurs. »

Sunil Dowarkasing, ancien député et stratège de Greenpeace, soutient qu’il est impératif de tirer la sonnette d’alarme, car le charbon, tout comme les autres énergies fossiles, ne peut plus être surexploité. « Au fil des années, les ressources fossiles diminuent et elles ne sont pas renouvelables. Nous ne pouvons pas continuer à dépendre éternellement d’elles. » Il partage l’avis de Vassen Kaupaymuthoo et affirme que les Rs 7 milliards auraient pu être utilisées de manière plus judicieuse. « Je ne dis pas qu’il fallait investir massivement dans de grands projets énergétiques. Mais il faut élaborer différents plans financiers pour encourager les Mauriciens à produire leur propre électricité et à vendre l’excédent au CEB. Ce qui aurait démocratisé le secteur énergétique. »

Il propose que le gouvernement présente des plans gérés par la Banque de développement de Maurice. Car il estime que les investissements du CEB vont à l’encontre des annonces gouvernementales. « Lorsque les responsables déclarent qu’ils vont progressivement éliminer le charbon, notre politique énergétique est remise en question. Les chiffres ne correspondent pas aux engagements du gouvernement », déplore-t-il.

 

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