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Saint-Valentin : s’aimer contre vents et marées

Croyances, différences de culture, circonstances de la vie, distance, misère, regard des autres... Tout cela aurait pu se dresser sur leur route pour leur empêcher de vivre leur amour. Et pourtant, ces couples ont affronté, et pour certains continuent de braver un parcours parsemé d’embûches. En cette Saint-Valentin, Le Dimanche/L’Hebdo vous fait découvrir l’histoire d’amour de trois couples qui s’aiment envers et contre tout.   

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Le coup de foudre

Ridhi et Christi : « Ce qui me fait retomber amoureux d’elle chaque jour, c’est sa foi en nous »

Ridhi et Christi Quelques secondes et un regard échangé, tel un ouragan qui vous frappe et change votre vie, c’est ainsi qu’a débuté l’histoire d’amour de Ridhi et Christi, qui se sont dit oui pour le meilleur et pour le pire en novembre 2018. Depuis, ils se battent pour leur amour, malgré les océans qui les séparent.  

Leur rencontre

Lui, d’origine anglaise, et elle, Mauricienne, ces deux tourtereaux se sont rencontrés à New-Delhi, en Inde, le 28 janvier 2018. Tous deux, partis à la découverte de la grande péninsule, y ont rencontré leur âme sœur. Leur rencontre s’est déroulée lors de la dernière soirée de Ridhi avant son vol pour Maurice prévu pour 6 heures le lendemain. « J’étais dans un bar de New-Delhi, sirotant un vieux rhum en écoutant du techno minimal. Je ne cherchais rien de spécial, mais il s’avère que quelque chose de spécial m’était destiné... Après avoir esquivé un pas de danse, j’ai filé, heurté quelque chose et mon verre s’est envolé. J’ai regardé le liquide sombre flotter avant de heurter la plus belle chose que je n’ai jamais vue... Ma femme. Bien sûr, elle n’était pas ma femme à l’époque, elle était juste une étrangère dans un pays étranger, belle et brillante, et alors couverte de rhum. J’ai rapidement commencé à sécher la boisson et quand nos yeux se sont rencontrés, c’était le coup de foudre ! » se remémore Christi.

Le courant est passé tout de suite, ils ont parlé de tout et rien jusqu’aux petites heures du matin. Ridhi en avait presque oublié qu’elle avait un avion à prendre. « On a parlé jusqu’à 5 heures du matin. De ce fait, j’ai eu tout juste le temps de passer prendre mes valises pour aller directement à l’aéroport. Je suis rentrée le lendemain matin et on a continué à communiquer par WhatsApp. Ce qui s’est passé ensuite a été un voyage à travers les continents, sur les océans et les montagnes, forgeant pour toujours une route avec le seul but d’être ensemble », ajoute Ridhi.   

Traverser des océans pour être ensemble

Trois semaines plus tard, Christi était sur un vol de 39 heures de Hanoi à Maurice avec la boule au ventre, espérant que sa dulcinée partagerait ses sentiments. « Je me demandais à quel point j’étais fou, volant à travers la planète entière pour une fille avec qui j’avais passé moins de 24 heures. Heureusement, que c’étaient des sentiments réciproques, d’autant plus que quand nous nous sommes finalement rencontrés à l’aéroport, toutes ces peurs et ces inquiétudes se sont désintégrées en rien d’autre que de l’amour et de l’attraction primaire. Après avoir passé trois semaines à découvrir ensemble son île natale paradisiaque, nous savions que ce ne serait pas la fin de notre histoire. »   

Trois semaines plus tard, Christi reçoit un appel de Ridhi qui allait prendre une nouvelle tournure à leur relation. « Elle semblait encore plus excitée que d’habitude... ‘J’ai quitté mon travail ! Je déménage en Angleterre !’ criait-elle. C’était un choc extatique », exprime-t-il. Pour la jeune femme, cette décision était mûrement réfléchie. « Pour moi, c’était écrit dans le destin, car c’était improbable qu’on se rencontre en ce 28 janvier, alors que j’étais réticente pour aller dans ce pub indien, sans oublier que c’était mon dernier jour en Inde. Je ne voulais pas passer à côté de quelque chose d’exceptionnel. Le fait que Christi était assez courageux de venir à Maurice pour moi était suffisant pour me rassurer », relate-t-elle.

Six mois plus tard, quelques villes et quelques emplois plus tard, son visa britannique arrive à expiration. « Retournons tous les deux à Maurice », pensa-t-elle. « Assez vite, nous sommes assis dans un avion pour rentrer à Maurice. Nous avons eu 15 mois de folie, plein de hauts et de bas. Nous avons surmonté tous les obstacles sur notre chemin, mais notre avenir ne résidait pas sur cette petite île. Nous nous sommes mariés un an après notre rencontre. On n’a pas voulu se prendre la tête, on savait tout simplement qu’on était amoureux et qu’on voulait continuer notre vie ensemble ailleurs. C’était un mariage très simple devant les yeux de la loi », souligne Christi.   

Le couple a jeté son dévolu sur l’Australie pour entamer sa nouvelle vie de jeunes mariés. Christi est parti en premier pour tout préparer. Ridhi allait le rejoindre quelques mois plus tard. Tout allait bien jusqu’à ce que la Covid-19 frappe. Ainsi, le couple ne s’est pas vu pendant plus de 15 mois. « Au cours de cette période, nous sommes passés d’un coup de foudre à quelque chose d’autre. Curieusement, malgré la distance, nous sommes devenus mari et femme. Nous avons mûri en quelque chose qui transcende ce que nous étions avant. La bataille que nous avons menée pour rester ensemble a laissé des cicatrices, et chacune agit comme un avertissement, comme un marqueur, et comme un témoignage de notre amour. Je ne peux même pas commencer à expliquer la tension que cette longue distance nous a imposée, mais nous avons surmonté chacun des obstacles, et nous continuerons à le faire jusqu’à ce que nous soyons à nouveau réunis », tonnent-ils.   

Une Saint-Valentin difficile pour les tourtereaux

Cette Saint-Valentin sera la deuxième que manquera ce couple, et c’est sans doute le plus difficile pour eux. « Je sais que ce sera beaucoup plus difficile pour ma femme, qui a déjà enduré deux anniversaires de mariage manqués. Je sais que son cœur va crier en ce jour, mais je sais qu’il y a une lueur d’espoir. Quelque chose de spécial qui ne pourra jamais s’éteindre. De tout ce que j’aime chez elle, ce qui me fait retomber amoureux d’elle chaque jour, c’est sa foi. Sa foi inébranlable que nous allons être ensemble, que nous sommes faits l’un pour l’autre, et que le lien que nous partageons est spécial. Je t’aime, ma cacahuète, et bientôt toute notre persévérance et notre dévouement finiront par payer », transmet Christi à sa femme.   

Un amour d’adolescent pour toujours

Selven Govinda et Kystina Chung

Selven Govinda et Kystina Chung : « Il est important d’avoir l’envie mutuelle de se tirer vers le haut et de grandir ensemble »

Au début, ils vivaient l’amour un jour à la fois. Et puis, les jours sont devenus des années. Huit ans plus tard, après un parcours parsemé d’embûches dû à leurs différences de culture, ils se sont enfin... passés la bague au doigt. Promis l’un à l’autre, ils filent toujours le parfait amour comme au premier jour.

À 18 ans, Selven Govinda et Kystina Chung se sont rencontrés au collège St Andrews. « Au début, nous nous sommes rencontrés grâce à des amis en commun. L’attirance était là, mais nous étions tous deux déjà pris. Au bout de quelques mois, notre relation a évolué de camarade de classe en un amour de jeunesse. »

Huit ans d’amour en montagnes russes

Le 19 août 2012, le couple a officialisé sa relation suite à la demande du jeune homme. C’était le début d’une montagne russe pour ce couple mixte, qui avait décidé de braver le jugement des autres pour vivre son amour. « Nos premiers rendez-vous en tant que couple se faisaient en cachette, car mon père était très sévère à l’époque. Comme il était un ancien lauréat, il avait les mêmes attentes à mon égard. Celles de réussir ma vie professionnelle avant de fonder une famille. Du côté de la famille de Selven, elle n’était pas très enchantée à l’idée qu’il sorte avec une fille chinoise de foi chrétienne, malgré que le fait que je suis aussi née d’une union mixte, car mon papa est chinois et ma mère tamoule. Mais aussi, ils pensaient qu’on n’avait pas la maturité pour entamer une relation sérieuse. Certes, le fait de tout le temps devoir se cacher pesait lourd sur nos épaules et cela a été au cœur de nombreuses disputes, et même de ruptures. Mais cela nous a aussi beaucoup rapprochés. Même après avoir rompu plusieurs fois, nous ne pouvions nous empêcher de nous remettre ensemble, car nous ne nous pouvions pas rester l’un sans l’autre », raconte Kystina.   

Jusqu’au jour où le couple décide de vivre leur amour au grand jour en prenant leur courage à deux mains pour demander la bénédiction de leur famille respective. « Arrivés à l’âge adulte, où nous avions tous deux commencé à être financièrement indépendants, nous avons décidé de nous lancer. Il fallait prendre une décision, on ne pouvait pas se cacher du monde indéfiniment. Chez moi, à un moment, j’avais clairement dit à mes parents que j’étais avec Selven et ils n’avaient pas de problème par rapport à la mixité, car ils étaient eux-mêmes un couple mixte. Mon père m’avait fait part qu’il était d’accord tant que l’homme avec qui je suis me rendait heureuse. Du côté de Selven, c’était un peu plus compliqué. C’est après six ans de relation qu’il m’a présentée à sa famille. Je me suis armée de beaucoup de patience et j’ai fait beaucoup de sacrifices. Petit à petit, mes beaux-parents ont appris à me connaître et aujourd’hui, on s’adore », se réjouit-elle.  

Tels le ying et le yang, ils se complémentent. Ces deux amoureux n’auraient pas pu imaginer passer le reste de leur vie l’un sans l’autre. « Moi, j’ai un caractère un peu tempéré, tandis que lui, il est calme, on se complète. Sans lui, je me sens perdue. Nous sommes tellement habitués à nous soutenir mutuellement que quand on se dispute, je ressens un manque en moi. Nous sommes de meilleurs amis, mais plus encore », dit-elle en rigolant.

Pour eux, le secret d’un couple durable, c’est la communication, des compromis et l’envie mutuelle de se tirer vers le haut. « Nous sommes deux individus, avec deux personnalités et deux façons de penser différentes. Si nous n’essayons pas de nous comprendre l’un l’autre, cela ne réussira jamais. En sus, il n’y a pas que l’amour qui compte. Sans le respect mutuel et l’envie de grandir ensemble, cela ne fonctionnera pas. Surtout quand on s’aime depuis l’adolescence, il est important de grandir ensemble. »   

Le couple s’est passé la bague au doigt officiellement le 30 octobre dernier. Fidèles à eux-mêmes, les tourtereaux souhaitaient que la demande en mariage soit faite dans un espace intime au lieu du cadre traditionnel de la cérémonie de fiançailles. Et Selven a répondu aux attentes de Kystina, qui a été surprise par une demande en mariage digne des plus beaux contes de fées dans un cadre idyllique lors d’une escapade en amoureux.

Demande surprise

« Dans la culture tamoule, traditionnellement, on fait les fiançailles lors d’une cérémonie avec toute la famille, mais personnellement, je souhaitais que ce moment nous appartienne. Éventuellement, je savais qu’on allait se fiancer, mais je ne m’attendais pas du tout à une telle demande. Selven a fait sa demande lors d’un week-end en amoureux à l’hôtel. J’aurais dû me douter qu’il y avait quelque chose de spécial de prévu, car c’était la première fois qu’on partait à l’hôtel ensemble après huit ans de relation. Lors de notre dîner en tête-à-tête, il s’est mis à genou avec la bague. C’était inattendu, mais tellement romantique et mignon. À ce moment-là, j’ai vu défiler toutes les épreuves que nous avons traversées. Enfin... Notre moment était arrivé. J’ai hâte d’entamer ce nouveau chapitre de notre vie et de faire ma vie avec Selven », confie-t-elle.   

Un mariage arrangé bercé d’amour

Indranee et Kadress Maroodamoothoo

Indranee et Kadress Maroodamoothoo : « Jusqu’à ce que la vie nous sépare »

Cela fait 60 ans qu’Indranee et Kadress Maroodamoothoo se sont dit oui au Draupadee Ammen Kovil de Rose-Hill. Même si leur mariage était initialement un mariage arrangé, ils n’ont rien à envier aux autres, car l’amour n’est pas ce qui manque dans ce couple. Ils ont d’ailleurs renouvelé leurs vœux, l’an dernier, soit le 23 août, à travers une cérémonie religieuse tamoule appelée Mani Vija pour célébrer leurs 60 ans de vie commune, où l’amour inconditionnel, le respect mutuel et la patience ont été omniprésents.

« Les préparatifs de notre mariage en eux-mêmes nous ont mis à rude épreuve. Lorsque nous nous sommes mariés en 1960, le cyclone Carol avait fait un ravage. Nous n’avions pas pu faire provision de légumes pour servir le traditionnel “dhal-bringel” à la veille du mariage. Nous avons dû faire des réserves d’eau pendant des jours afin de pouvoir servir un repas modeste à nos invités. Nous étions pauvres, mais malgré cela, nous avons vécu une vie heureuse ensemble en se soutenant mutuellement. Nous avons construit notre maison grâce à la sueur de notre front, nous avons élevé notre enfant. Maintenant, nous sommes vieux. À travers cette grande prière à l’occasion de nos 60 ans de mariage, Dieu nous ouvrira la porte du bonheur et nous bénira avec une longue et heureuse vie ensemble jusqu’à ce que la mort nous sépare », souhaitent-ils.   

Le secret de leur couple, c’est leur complémentarité. Lui calme et elle tenace, ces deux tourtereaux se chamaillent affectueusement à longueur de journée et pourtant... Il n’y a nul doute qu’ils s’aiment comme au premier jour. Kadress était tombé sous le charme de sa femme au premier regard, c’était le coup de foudre. Depuis, ils sont inséparables. Jardiner, prier, préparer du “masala” fait maison, voyager et découvrir de nouvelles cultures, ils s’adonnent à toutes sortes d’activités ensemble.  Kadress, gaga de sa femme, ne rate pas une occasion de la choyer, d’être serviable et de partager ses passions afin d’être près d’elle. Tandis qu’Indranee, plus autoritaire, applique l’adage « qui aime bien, châtie bien ». Mais Kadress ne se plaint pas, c’est avec le sourire qu’il accueille les petites complaintes de sa bien-aimée.

De leur union est née leur fille Indiana, leur unique enfant venue au monde après neuf ans de mariage. C’est avec admiration et fierté qu’elle conte l’histoire de ses parents, ses role models. Elle ne peut omettre les bonnes actions de ce couple généreux, qui durant ses 60 ans de mariage, a apporté sa pierre à l’édifice. « Malgré leurs petites disputes, ils ne peuvent rester l’un sans l’autre. Seule la mort pourra les séparer. Mes parents ont toujours été un exemple pour moi. Je suis enfant unique, mais j’ai toujours senti que j’étais bien entourée. Il y a 25 ans, ils ont contribué à marier un garçon venant de l’Inde. Aujourd’hui, Anandan fait partie de la famille, il est comme un fils pour mes parents. D’ailleurs, il ne manque jamais de célébrer la fête des mères avec nous. Pour moi, c’est comme si c’était mon frère de sang », conclut-elle.

 

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