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Roupie, inflation et reprise de l’économie : le Premier ministre défend son cap économique

Les résultats de la reprise économique sont visibles, indique le PM.

Dès l’entame de sa réponse, le chef du gouvernement a dénoncé un « héritage économique désastreux », marqué, selon lui, par un recours excessif à la planche à billets. « Le précédent gouvernement a imprimé Rs 180 milliards pour financer ses dépenses, injectant ainsi un excès de liquidités sans précédent dans le système bancaire, ce qui a contribué à une inflation élevée et à une forte dépréciation de la roupie », a-t-il déclaré. Il a indiqué qu’en août 2023, l’excédent de liquidités atteignait Rs 90 milliards, forçant la Banque de Maurice à engager des opérations coûteuses de stérilisation, estimées à Rs 4 milliards par an.

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Autre critique majeure : la décision de ramener le taux directeur à 4 % en septembre 2024, « contre l’avis des experts ». « Cela a accentué les écarts de taux d’intérêt entre les placements en roupies et ceux en devises étrangères », a soutenu Navin Ramgoolam. Conséquences : des sorties de capitaux, un affaiblissement du taux de change, et une inflation culminant à 11,3 % en février 2023. « Depuis décembre 2014, la roupie a perdu 46 % de sa valeur face au dollar américain », a-t-il ajouté.Le chef du gouvernement a également mis en avant les failles d’un modèle économique trop centré sur la consommation et les importations. En 2023, le déficit commercial atteignait Rs 180 milliards, soit 28,2 % du PIB. « En 2024, il s’est encore aggravé à Rs 207,8 milliards (29,9 % du PIB). Cette situation a été exacerbée par des illusions monétaires, alimentées par la prolifération d’allocations populistes et une politique de dépenses irresponsables », a-t-il affirmé.Sur le marché des changes, plusieurs directives ont été imposées aux institutions bancaires dès décembre 2024 : toutes les transactions en devises, y compris les swaps, doivent passer par des institutions agréées par la Banque de Maurice. « Des contrôles accrus s’appliquent aussi aux opérations interentreprises en devises. L’objectif est de supprimer les distorsions de prix et d’éviter l’émergence d’un marché parallèle », a déclaré le Premier ministre.

Il a ajouté qu’en février 2025, le taux directeur avait été relevé, passant de 4 % à 4,5 %. « De plus, la BoM a demandé que les transactions à terme soient alignées sur les fondamentaux du marché, limitant ainsi les marges excessives appliquées par certains vendeurs de devises », a-t-il poursuivi. Des échanges réguliers ont également lieu entre la Banque centrale et les trésoriers des banques via le Mauritius Financial Markets Committee.

Résultat, selon le chef du gouvernement : la roupie s’est stabilisée sur une base pondérée, et a même gagné 4,8 % face au dollar américain, bien qu’elle ait perdu du terrain face à l’euro et à la livre sterling. Le Premier ministre a réaffirmé sa volonté de réorienter l’économie mauricienne vers un modèle basé sur l’investissement, les exportations, l’innovation et la production locale. « Nous devons produire davantage localement, réduire notre facture d’importation, investir dans l’énergie propre et abaisser notre déficit commercial », a-t-il plaidé.  Ce dernier  a aussi souligné la nécessité de réduire le déficit budgétaire, les besoins d’emprunt et le ratio dette/PIB. Tout en reconnaissant que les résultats prendront du temps à se concrétiser, il affirme que la direction est la bonne : « Nous avons changé de cap, et les premiers résultats sont visibles », a-t-il dit.

Ramgoolam à Adrien Duval : «L’honorable membre veut le beurre, l’argent du beurre, la vache et la femme du fermier aussi»

Le Premier ministre, Dr Navin Ramgoolam, a lancé une boutade à Adrien Duval, membre du PMSD et de l’opposition, ce mardi 15 juillet. Cela s’est produit lors de la séance des questions supplémentaires pendant la « Private Notice Question » (PNQ). « Le désordre des dix dernières années que nous avons hérité… nous rectifions le tir. L’honorable membre veut le beurre, l’argent du beurre, la vache, et la femme du fermier aussi », a répondu le Premier ministre à Adrien Duval. Cette réplique a provoqué un éclat de rire parmi les membres du gouvernement, accompagnée de tapes sur la table.  Adrien Duval cherchait à en savoir davantage sur le manque de liquidités en dollars américains sur le marché, ainsi que sur la quantité disponible. Le député de l’opposition a interpellé le chef du gouvernement sur la pénurie de devises, notamment de dollars américains, et sur les montants actuellement disponibles sur le marché.

Devises : Rs 4 milliards injectées sur le marché des changes

Répondant à une question supplémentaire du leader de l’opposition, le Premier ministre a abordé la gestion des devises étrangères par la BoM. Joe Lesjongard a fait état des difficultés rencontrées par les PME et les importateurs pour accéder aux devises, évoquant des délais d’attente pouvant aller jusqu’à deux semaines, ce qui freine leur activité.

En réponse, Navin Ramgoolam a indiqué que la BoM est intervenue à hauteur de Rs 4 milliards sur le marché des devises. Bien qu’il n’ait pas précisé quelles banques ont acquis ces devises ni les montants exacts, il a assuré que « le marché dispose de plus de devises aujourd’hui qu’auparavant ».

Joe Lesjongard a également critiqué la pratique par certaines banques du forward pricing, appliquée selon lui à des taux supérieurs à ceux recommandés par la BoM.  En retour, le Premier ministre a signalé un arbitrage régulier entre la Financial Services Commission (FSC) et la BoM concernant les opérations de change.

Inflation

Un taux inférieur à 4 % prévu pour 2025

Selon le Premier ministre, plusieurs mesures ont été prises pour contenir la hausse des prix :

  • Réduction de Rs 5 par litre du prix du carburant en décembre 2024
  • Suppression de la TVA sur certains produits de première nécessité, notamment les légumes congelés ou en conserve, la nutrition infantile et les aliments pour bébés
  • Plafonnement des marges commerciales : entre 25–30 % à Maurice et 5–8 % à Rodrigues

Il a aussi évoqué le renforcement des contrôles par le ministère du Commerce et la création d’un Fonds de stabilisation des prix de Rs 10 milliards, avec une première dotation de Rs 2 milliards. Ce fonds est destiné à amortir les chocs liés à la volatilité des prix des produits essentiels. Grâce à ces dispositifs, le taux d’inflation est passé de 4,5 % en juin 2024 à 2,9 % en juin 2025, avec des prévisions inférieures à 4 % pour l’année en cours. Le Premier ministre a toutefois admis une hausse ponctuelle des prix liés à l’alcool et au tabac.

EN CHIFFRES - Inflation

  • Février 2023 - 11,3  % 
  • Juin  2024 - 4,5  % 
  • Juin 2025 - 2,9  % 
  • Juin 2025 - 2,9  % 
  • Prévision 2025 - < 4 % 
 

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