Des questions autour de la participation des ministres et des hauts cadres du gouvernement à la Dubaï Expo 2020 sont revenues sur le tapis lors de l’émission Au Cœur de l’Info, animée par Nawaz Noorbux, le jeudi 16 juin. Son invité, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a parlé de l’importance de cet événement et de ses retombées. Les mesures budgétaires ont également été au centre des discussions.
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«Nous avons reçu une invitation à une exposition à Dubaï, un pays partenaire avec qui nous travaillons en étroite collaboration. Ainsi, c’était notre devoir d’y participer », affirme le ministre des Finances. Ce dernier précise que les frais des billets d’avion et d’hôtel ont été encourus par les organisateurs. Mais il concède que la délégation mauricienne a bénéficié du Per Diem de l’État mauricien.
Selon lui, si Maurice n’est pas représenté dans des événements internationaux, le pays tomberait dans l’oubli. « Un visage représentatif est important. Faire entendre notre voix est primordial. Si jamais nous avons un problème à l’avenir, nous pouvons solliciter d’autres pays pour de l’aide et cela, à travers le ‘networking’ », soutient le Grand argentier.
Par ailleurs, il souligne que la représentation de la délégation mauricienne dans cette exposition porte déjà ses fruits. « Des projets potentiels qui pourraient rapporter Rs 4 milliards au pays ont été identifiés par l’Economic Development Board (EDB) », dit-il. Et de préciser qu’une banque et un hôtel ont déjà exprimé leur intérêt pour s’installer à Maurice. « À ce stade, je ne peux pas donner plus de détails dessus », indique Renganaden Padayachy.
En outre, il avance que l’EDB a un bureau représentatif qui est offert gratuitement pour une période de deux ans. Le ministre des Finances fait référence à la politique de Gaëtan Duval à l’époque. Celui-ci accordait beaucoup d’importance au ‘networking’ au niveau mondial.
Carburant : La contribution de Rs 4 pour financer les subsides pas suffisante
Le ministre des Finances a fait comprendre encore une fois que la baisse sur les prix des carburants n’aurait pas été possible. « D’ailleurs, la contribution de Rs 4, qui est censée financer les subsides sur le gaz ménager, la farine, entre autres, n’est pas suffisante. Une bonbonne de gaz ménager aurait coûté Rs 700 sans le subside », affirme-t-il.
Selon lui, le gouvernement aurait pu baisser le prix de l’essence par Rs 2. « Mais qu’arrivera-t-il si le prix continue de monter au niveau mondial ? » demande-t-il. Par ailleurs, il soutient que même les Rs 2 de contribution pour les vaccins sont maintenant utilisées pour le subside sur le gaz ménager. « Nous avons fait un choix. Au lieu d’enlever les taxes, nous avons choisi d’aider la population directement », appuie-t-il.
Cependant, Renganaden Padayachy affirme qu’il n’est pas en mesure de se prononcer sur une éventuelle augmentation des prix des carburants dans un avenir proche. « C’est pourquoi nous avons proposé des mesures pour encourager les Mauriciens de bouger vers l’utilisation de voitures électriques », soutient-il.
Concernant la révision du tarif d’électricité, il avance qu’un travail se fait au ministère de l’Énergie. Cela, afin de venir de l’avant, au courant de l’année, avec des mesures qui n’affectent pas les plus vulnérables et la classe moyenne.
L’allocation de Rs 1 000 n’est pas taxable
Le ministre des Finances fait ressortir que l’allocation de Rs 1 000 touche 90% de la population. « Je suis conscient que cette somme ne sera jamais suffisante. Mais cela a été calculé en fonction du taux d’inflation à 9 % et du salaire minimum. Nous sommes venus de l’avant avec une aide directe. La population est libre de choisir comment cet argent sera dépensé », lance-t-il. Et de préciser que cette allocation n’est pas taxable.
Par ailleurs, il affirme que le gouvernement fera davantage d’efforts pour soutenir les Mauriciens. « D’ailleurs, d’ici six mois, il y aura la compensation salariale. Et je fais un appel au secteur privé pour faire le même effort. Je souhaite une compensation raisonnable et juste », accentue-t-il.
CSG : « Une contribution intergénérationnelle et solidaire »
Le ministre des Finances affirme que les fonds de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) permettront de financer les mesures sociales annoncées dans le Budget, notamment le paiement de la pension de vieillesse. « La CSG est une contribution intergénérationnelle et solidaire. C’est un système qui donne une pérennité au financement. Si aujourd’hui je contribue pour mes parents, dans les années à venir, mes enfants contribueront pour ma retraite », explique-t-il.
Il soutient que le gouvernement a Rs 150 milliards pour le financement, mais compte des dépenses valant Rs 170 milliards. « Ainsi, il y a un besoin de puiser dans la CSG », dit-il. Ce dernier tient à préciser que Rs 100 milliards sur un Budget de Rs 150 milliards retournent à la population en termes d’aides sociales.
Une roupie mauricienne forte contre 100 000 chômeurs
Le Grand argentier concède que la roupie mauricienne a perdu de sa valeur de plus de 25% durant ces deux dernières années. Il indique que le pays apporte en moyenne Rs 200 milliards en termes de devises étrangères. « Pendant la pandémie, où le secteur du tourisme était à genoux, nous sommes descendus à Rs 130 milliards. Ce qui fait que nous avons perdu quelque Rs 70 milliards en termes de devises. Et c’est ce qui a provoqué la dévaluation de la roupie », explique-t-il.
Et d’ajouter que la dévaluation de la roupie n’est pas une politique délibérée. Pour ne pas se retrouver en faillite, il souligne que le gouvernement a fait un choix pour utiliser les réserves de la Banque centrale pour sauver les emplois. « On aurait pu utiliser les réserves pour garder la valeur de notre roupie forte. Mais de l’autre côté, il y aurait eu quelque 100 000 pertes d’emplois », fait-il valoir.
Avec la reprise dans le tourisme, le ministre est d’avis que la roupie va se stabiliser. « Le gros impact est déjà derrière nous », soutient-il. Ce dernier précise aussi que la Banque de Maurice compte actuellement des réserves valant quelque sept milliards de dollars.
Prévision : Confiant que la barre d’un million de touristes sera atteinte
Le Grand argentier explique que les prévisions économiques en général varient en fonction des facteurs qui sont hors de notre contrôle. « Par exemple, nous nous n’attendions pas que le variant Omicron ferait son apparition. En outre, nous n’avions pas prévu la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Tous ces facteurs ont affaibli notre croissance. Malgré tout, nous avons enregistré une croissance de 6,9%, avec 176 000 touristes en 2021 », rappelle-t-il.
Cette année, il est d’avis que la croissance sera presque la même, soit autour de 6,8 et 6,9 % d’ici la fin de l’année. « Les hôtels sont actuellement remplis et il y a des réservations pour les mois à venir. Ainsi, je suis confiant que nous allons atteindre la barre d’un million de touristes », soutient le ministre.
De plus, il avance que l’ouverture du ciel contribuera à atteindre cet objectif. « Il y a un bon mix dans notre politique aérienne avec la compagnie nationale et d’autres lignes aériennes », souligne Renganaden Padayachy.
MauBank et NIC : Rs 22 milliards attendues sur les ventes
Le Grand argentier affirme que la MauBank et la NIC font actuellement des profits et la vente des actifs de ces deux entités sera relancée. « Nos officiers ont déjà fait des estimations et notre but est d’atteindre Rs 22 milliards », indique-t-il.
Ce dernier affirme que le gouvernement souhaite adopter une stratégie de développement de certaines compagnies privées qui appartiennent à l’État. « Par exemple, nous cherchons des entreprises privées pour investir dans le Metro Express, mais la compagnie ne deviendra pas 100% privée », fait-il valoir.
Abolition de la taxe municipale : rétablir les injustices
Le ministre des Finances dit croire fermement dans les taxes. Pour lui, c’est à travers les taxes que des développements pourraient être apportés dans une économie. « Mais il faut que la taxe soit juste, ce qui n’était pas le cas pour la taxe municipale. Cette taxe créait une différence entre les habitants dans les endroits ruraux et ceux dans les régions urbaines. C’est pourquoi nous pensons qu’il était grand temps de rétablir les injustices », soutient-il. Ce dernier est d’avis qu’il faut plutôt taxer les plus riches pour qu’il y ait une redistribution de la richesse dans la population.
Digital Land Bank : toutes les terres disponibles ont trouvé preneurs
Sur la sécurité alimentaire, le ministre des Finances soutient que de nombreuses mesures ont été prises pour encourager les Mauriciens à investir dans l’agro-industrie. « Avec la Covid, nous avons constaté l’importance de notre production locale. Il faut trouver le juste équilibre entre développements fonciers et le développement agricole », appuie-t-il.
D’ailleurs, il soutient que l’année dernière, Landscope Mauritius Ltd a mis 450 arpents de terres à la disposition des planteurs et des sociétés coopératives, à travers le lancement d’une Centralised Digital Land Bank. « Je peux dire qu’à ce jour, toutes les terres ont déjà trouvé preneurs. Mais nous n’allons pas ‘tap tanbour’ pour faire connaître nos accomplissements », avance-t-il.
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