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Relations industrielles - semaine de travail de quatre jours : vers des horaires flexibles

Pradeep Dursun, COO de Business Mauritius, Reaz Chuttoo, syndicaliste et Ravin Bara, directeur de la compagnie Expertability Co. Ltd.

Dans l’annexe du Budget 2023-2024, d’importants amendements sont proposés à la Workers’ Right Act. Parmi, il y a l’option pour les salariés de travailler à temps partiel. Et les employés à temps plein peuvent terminer leur semaine de travail en quatre jours. L’objectif de ces changements est de favoriser des horaires de travail flexibles. 

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Pour les acteurs du domaine, cette proposition témoigne d’une volonté de répondre aux besoins changeants des travailleurs. Elle offre des options de travail plus adaptées à la vie personnelle. L’autorisation de l’emploi à temps partiel permettra aux salariés de mieux gérer leur emploi du temps et de trouver un équilibre entre leur vie professionnelle et leurs responsabilités familiales. La possibilité pour les employés de travailler seulement quatre jours représente une avancée significative vers des horaires de travail flexibles. 

Cette mesure, avec le consentement des employés, leur donne l’opportunité de profiter de jours de repos supplémentaires. C’est en gardant un niveau de productivité élevé pendant les jours de travail. La Workers’ Right Act connaîtra des amendements en ce sens. 

Pradeep Dursun, Chief Operating Officer de Business Mauritius, explique qu’il y a eu une demande en ce sens de la communauté des affaires. C’était lors des consultations budgétaires et cet amendement témoigne des attentes de nombreuses entreprises et des employés. 

« Les employés réclament la possibilité de concilier responsabilités professionnelles et familiales. Il y a une demande pour une certaine flexibilité pour réorganiser la façon de travailler », indique Pradeep Dursun. Il poursuit que le cadre actuel date de plusieurs années. 

Pour lui, une réorganisation du travail s’impose. La Covid-19 et les autres mutations de la société incitent à une refonte. « Les employés ont des obligations, dont l’écolage, la maladie, et leur rôle de parents, entre autres. De plus en plus de salariés demandent des horaires de travail flexibles. » 

Pour lui, cette mesure va aider de nombreux employés, si elle est mise en place correctement. « Un horaire de travail flexible accorde plus d’autonomie aux employés. Il leur permet de mieux gérer leur temps. À ce jour, en l’absence d’un cadre de travail approprié, beaucoup d’employés préfèrent démissionner ou quitter le monde du travail pour assumer leurs autres responsabilités. » Business Mauritius est prêt à collaborer avec les autorités.

Le syndicaliste de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP), Reaz Chuttoo, parle d’un amendement intéressant. Il cite aussi un élément de sécurité. « L’employeur ne pourra pas imposer une semaine de quatre jours aux employés. Le consentement de ces derniers est nécessaire. Il faut mettre encore plus de garde-fous pour qu’il n’y ait pas d’abus », dit Reaz Chuttoo. Il indique que la CTSP va écrire au ministère du Travail dès cette semaine pour venir avec plus d’éléments de sécurité. 

Selon Ravin Bara, directeur de la compagnie Expertability Co. Ltd, cet amendement modifiera le paysage du travail. « Il nécessitera un changement dans la façon de travailler. Surtout si une compagnie n’a pas beaucoup d’employés. Le staff devra être multi skilled. Une planification est nécessaire pour compléter les tâches », soutient notre interlocuteur. 

« Cette mesure aura un impact sur la productivité. Car les employés devront travailler plus de 11 heures et devront se donner à fond pour terminer leurs tâches en quatre jours. Les employeurs aussi devront offrir des facilités de transport aux employés. Ce qui sera un coût additionnel », avance Ravin Bara. Il ajoute que rien n’est impossible et qu’il suffit d’avoir la volonté de se réadapter. 

Quelques autres amendements proposés :

  • Le hourly rate pour harmoniser le mode de calcul des salaires, notamment pour les heures supplémentaires.
  • L’allocation de 5 % payable à un travailleur à temps partiel sur le taux de 10 % tel que spécifié dans les réglementations sur le salaire minimum national, afin d’assurer une cohérence dans les législations.
  • La loi sur les droits des travailleurs tiendra en compte les conditions météorologiques.
  • Les employeurs souscriront des polices d’assurance, quand c’est nécessaire, en faveur des travailleurs qui doivent travailler dans des conditions météorologiques extrêmes. 
  • Un travailleur pourra constituer une banque de congés annuels. Les congés non pris seront accumulés pour lui permettre de bénéficier de plus de temps libre. Tout congé accumulé non utilisé sera remboursé à la fin de l’emploi.
  • Un travailleur aura droit à une audition équitable en cas d’accusations de faute professionnelle ou de mauvaise performance.
  • Le Redundancy Board peut également prendre une décision lorsque la résiliation est justifiée. 
  • La définition des salaires de base sera adaptée dans le cadre du remboursement du solde de l’allocation pour blessure (annexe II du Règlement sur la collecte des cotisations du NPF). 
  • L’allocation de chômage de transition ne sera pas payée, lorsque le travailleur a refusé à deux reprises une offre d’emploi qui correspond à ses qualifications ou à son profil. 
  • Un employeur qui a parrainé un travailleur dans un régime de retraite privé doit payer la contribution au Portable Retirement Gratuity Fund pour la période pendant laquelle le travailleur n’était pas couvert par le régime de retraite privé. 
  • Harmoniser les droits des travailleurs avec les règles de la FSC.  
  • Faciliter la conversion du taux de cotisation d’un régime de retraite privé au taux du PRGF en prévoyant que le montant de la contribution mensuelle de l’employeur dans le régime de retraite privé ne soit pas inférieur au montant de sa contribution mensuelle au PRGF.

Asrita Jankee : « Une avancée »

asrita jankee« Les amendements à la loi sur les droits des travailleurs, qui autorisent la semaine de travail comprimée, constituent une avancée. Ces changements placent Maurice dans le groupe de pays progressistes. Ceux-ci reconnaissent l’importance de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Des pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suède sont depuis longtemps des défenseurs d’arrangements de travail flexibles. Ils ont mis en place des politiques qui permettent aux travailleurs de concilier efficacement leur vie personnelle et professionnelle. Maurice peut se mettre en phase avec ces pays et en tirer les avantages associés. La capacité de concilier les obligations familiales et les activités personnelles avec le travail est devenue une nécessité pour avoir une main-d’oeuvre épanouie. »

 

Subron : « Il faut définir les heures de travail »

Le syndicaliste, Ashok Subron, avance qu’une telle mesure aurait bénéficié aux travailleurs si les horaires de travail étaient définis. « C’est l’employeur qui a la prérogative et qui décide. Contrairement à l’industrie sucrière, les lois ne définissent pas à quelle heure des salariés commencent à travailler et à quelle heure ils terminent », explique notre interlocuteur. Il explique que les horaires de travail étaient définis sous le Labour Act. En 2009, ils ont été enlevés. « À première vue, cet amendement semble intéressant. Toutefois, s’il est mis en application dans un système déréglé, il peut porter préjudice aux travailleurs.

L’amendement proposé est en faveur des employeurs. Les patrons peuvent mettre différents horaires de travail pour différents batchs d’employés. Cette absence d’horaires de travail peut engendrer des abus. »

 

 

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