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Réintroduction du permis à points - Alcool et drogue : les conducteurs paieront le prix fort

Dans les mois à venir, les conducteurs devront s’attendre à des sanctions plus strictes et à une responsabilisation accrue.

D’ici quelques semaines, selon le ministre Osman Mahomed, le permis à points devrait à nouveau être une réalité. Objectif : responsabiliser les conducteurs pour lutter contre les comportements dangereux.

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La réintroduction du permis à points, en cours de déploiement à Maurice, constitue une étape décisive dans la stratégie nationale visant à responsabiliser les conducteurs et à réduire significativement les comportements dangereux sur les routes. Cette réforme ambitieuse s’inscrit dans un cadre global associant mesures dissuasives, coordination institutionnelle renforcée et dispositif législatif rigoureux.

« Concernant la date exacte de la mise en œuvre du permis à points, celle-ci dépend principalement du système technologique que nous développons. Nous devons d’abord finaliser le document d’orientation politique qui sera présenté au Conseil des ministres. Une fois son approbation obtenue, le texte sera transmis au State Law Office pour la rédaction du projet de loi, avant sa présentation au Parlement. L’ensemble du processus devrait prendre quelques semaines », explique le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed.

Pour garantir l’efficacité du dispositif, trois comités techniques ont été constitués. Le ministère des Transports terrestres, épaulé par la Traffic Management and Road Safety Unit (TMRSU), travaille en étroite collaboration avec des représentants du Prime Minister’s Office (PMO), de la police et d’autres départements concernés. Leur mission commune : intégrer notamment les infractions liées à la conduite sous influence d’alcool et de drogues dans le nouveau système.

« La situation est alarmante au niveau local. Et sur le plan international, les vidéos circulant sur les réseaux sociaux ternissent considérablement notre image », déplore le ministre Osman Mahomed.

Sanctions progressives et champ élargi

Le dispositif repose sur une logique de sanctions graduelles mais fermes. Chaque conducteur débutera avec zéro point et se verra attribuer des points de pénalité selon la gravité de l’infraction commise. Le seuil critique est fixé à 15 points, entraînant une suspension automatique du permis de conduire.

Les autorités se montreront particulièrement intransigeantes envers les comportements les plus dangereux. Les conducteurs interpellés pour conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants seront lourdement sanctionnés, avec une possibilité de disqualification immédiate dès l’atteinte du seuil critique de 15 points. Leur permis pourra être suspendu sur-le-champ.

« La conduite en état d’ivresse figure parmi les principales causes d’accidents graves », rappelle-t-on au ministère. C’est pourquoi une politique de « zéro tolérance » s’appliquera non seulement à l’alcool, mais également aux drogues, qu’elles soient considérées comme douces ou dures.

Le nouveau système ne se limitera pas aux infractions classiques. Les modifications non homologuées de véhicules, source croissante de nuisances et de dangers, entreront également dans le champ d’application du permis à points. « Nous recevons un nombre considérable de plaintes concernant des véhicules modifiés illégalement. Ces pratiques perturbent la tranquillité publique et représentent un risque supplémentaire pour la sécurité routière », souligne le ministre Osman Mahomed. Ces altérations, souvent destinées à augmenter la puissance des moteurs, compromettent la stabilité des véhicules et génèrent pollution sonore et atmosphérique excessive.

Infrastructure technologique de pointe

La réussite du dispositif reposera en grande partie sur une infrastructure numérique performante. Un système informatique centralisé permettra aux forces de l’ordre d’accéder instantanément à l’historique des conducteurs et à leur solde de points. Cette plateforme électronique en cours de déploiement garantira une application rigoureuse et équitable des sanctions, en réduisant la part de subjectivité dans les décisions.

Les autorités peaufinent actuellement les modalités post-suspension, notamment les conditions de réintégration des conducteurs sanctionnés. Une coordination parfaite entre la police, la National Land Transport Authority (NLTA) et d’autres parties prenantes est essentielle pour assurer la cohérence du dispositif.

Avec près de 700 000 détenteurs de permis de conduire concernés à Maurice, l’enjeu est considérable. Les autorités entendent frapper fort pour endiguer la montée inquiétante des comportements irresponsables au volant. La réintroduction du permis à points s’affirme comme un tournant majeur dans la politique de sécurité routière mauricienne. Par cette initiative, les autorités démontrent leur détermination à faire de la sécurité sur les routes une priorité nationale incontournable.

Un projet abandonné par l’alliance MSM-PMSD-ML

Mis en œuvre dans plusieurs pays à travers le monde, le système de permis à points avait été introduit à Maurice le 10 mai 2013. Cependant, une fois au pouvoir à l’issue des élections législatives de 2014, l’Alliance Lepep (MSM-PMSD-ML), sous la direction de sir Anerood Jugnauth, avait abandonné cette initiative, bien qu’elle ait démontré une amélioration de la sécurité routière.

Barlen Munusami : « C’est une bonne chose »

Barlen Munusami, expert en sécurité routière et auteur de plusieurs éditions du Guide complet des conducteurs, devenu un best-seller, salue cette initiative prise par le gouvernement. « L’introduction du permis à points est une bonne chose », déclare-t-il. Le permis à points a déjà démontré son efficacité et n’aurait jamais dû être abandonné, selon lui.

Alain Jeannot : « Il faut une infrastructure adaptée pour soutenir le système »

« Nous accueillons favorablement le système du permis à points, un système qui produit des résultats dans de nombreux pays. Il contribuera à réduire les accidents de la route, mais à lui seul, il ne pourra pas éliminer tous les accidents », avance Alain Jeannot, de l’ONG Prévention Routière Avant Tout (PRAT). Le permis à points, précise-t-il, est un outil de pédagogie et d’application de la loi très efficace. « Mais ce n’est pas une panacée. Il faut des actions complémentaires, notamment de bonnes infrastructures et un renforcement de la sensibilisation. La maintenance des infrastructures laisse à désirer. Le permis à points est sévère, mais il faut une infrastructure adaptée pour soutenir le système et en favoriser le respect », insiste Alain Jeannot. Il souligne que certaines infrastructures, voire certains panneaux indicateurs, sont dans un état déplorable. « Nous ne pourrons pas remettre toute l’infrastructure à jour, mais il faut absolument faire le maximum pour aligner les piliers nécessaires à la réussite du projet », affirme-t-il. Selon Alain Jeannot, dans certains pays, comme la Malaisie, la Thaïlande ou l’Afrique du Sud, le permis à points ne produit pas toujours les résultats attendus. 

Réunion de haut niveau

Le ministre des Transports terrestres, Osman Mahomed, a présidé une réunion de haut niveau sur le système de permis à points mardi au siège de son ministère à Port-Louis. Des représentants du Prime Minister’s Office (PMO), du ministère des Transports terrestres, de la force policière, de la National Land Transport Authority, entre autres, ont pris part aux discussions. L’objectif principal était d’évaluer l’avancement des mises à jour proposées pour la réintroduction du système. Les sujets abordés incluaient l’extension de la liste des infractions au code de la route et l’attribution des points correspondants, les aspects techniques du projet, les amendements législatifs nécessaires, la numérisation des duplicatas des permis de conduire, ainsi que l’infrastructure informatique requise pour la mise en œuvre du système. 

 

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